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06/03/2016

 

Sept mythes sur l'investissement étranger, ou «l’étranger nous aidera»

 

V. Katasonov, docteur en économie

 

Le sujet d'investissement étranger est l'un des pivots dans nos médias. Lorsque ces investissements viennent en foule  en Russie (comme ce fut, par exemple, dans la période 2007-2008), nos journalistes (et avec eux, et de nombreux économistes «professionnels») sont heureux comme les enfants et attendent avec impatience la construction d'un «brillant avenir capitaliste» le plus tôt possible. Lorsque le flux des investissements étrangers se dessèche et / ou les investisseurs quittent la Russie, ils sont tristes et commencent à chanter le mantra à ce sujet: «il est nécessaire d'améliorer le climat d'investissement en Russie, créer des conditions favorables pour les investisseurs étrangers, attirer des capitaux étrangers». Bref, «l'étranger va nous aider», et sans lui nous avons à languir sur le bas-côté du progrès mondial. Il semble que depuis deux décennies du triomphe de la «liberté d'expression» dans les médias russes, ceux-ci ont fait leur coup:  même les plus «éclairés» de mes étudiants commencent à parler des investissements étrangers en utilisant des matrices connues de l'économiste «professionnel» Yasine. Je tente de leur révéler la signification de ces matrices et expliquer où en sont les choses avec les investissements étrangers en Russie.

 

Mythe un

 

Ce mythe peut être formulé ainsi: «Les investissements étrangers aident à résoudre les problèmes structurels de l'économie russe». On sous-entend que les investissements vont principalement dans le secteur réel de l'économie et de contribuent au développement de la base matérielle et technique de l'industrie manufacturière (reconstruction des entreprises existantes, l'expansion des capacités de production, l'introduction des nouvelles technologies pour améliorer l'efficacité de la production, la création des industries à forte intensité scientifique). Cela puisse permettre à la Russie de devenir à terme une puissance industrielle, exportant des machines et l'équipement, des produits de haute technologie.

Hélas, un vœu pieux. Selon Rosstat (Service fédéral de statistiques), les prêts de banques étrangères aux entités russes pour la mise en œuvre des différents investissements en 2008 ont vraiment fait un chiffre très impressionnant, 2.563,8 milliards de roubles. Cependant, près de 93% de ces prêts ont été accordés pour l'investissement dans les soi-disant «actifs financiers», à savoir en opérations sur titres. Et seulement 7% d'investissement fut mis en actifs fixes (actifs physiques). Presque tous les prêts (environ 98%) étaient conçus pour des «placements financiers à court terme», dans la langue officielle de Rosstat. Et dans  la langue courante c'est une spéculation financière banale, qui n'aide pas le secteur réel de l'économie, mais au contraire, entrave son développement, en provoquant des hauts et des bas périodiques en cotations de ces sociétés sur le marché, ce qui introduit le désordre dans la production, en poussant à la faillite même des entreprises rentables.

 

Mythe deux

 

«Les investisseurs étrangers peuvent investir dans le capital fixe et de ce fait, contribuer au développement de la production, au progrès technique, au rassortiment». Si nous nous renseignons auprès de même Rosstat ou de la Banque de Russie, ces organismes satisferont notre curiosité quant à l'ampleur réelle de l'investissement étranger dans le capital de base (bâtiments, structures, machines, équipements, véhicules et autres biens à longue durée d'utilisation). Il semble être également considérable (bien que d'un ordre de grandeur inférieure face aux investissements dans la spéculation financière). Mais le fait est que la grande majorité des soi-disant «investissements dans le capital fixe» ne crée pas ce capital (immobilisations), mais seulement conduit à une transition des entités déjà créées (à l'époque soviétique) d'une main à une autre. Les entreprises russes sont devenues l'objet de spéculation, leurs nouveaux propriétaires ne se soucient pas d'améliorer la production, mais de hausser, à l'aide de technologies financières, les cotations d'une entreprises acquise sur le marché, pour la revendre avec profit. Auparavant on jouait sur le blé, l'huile, l'or et d'autres produits, maintenant on joue sur les grandes entreprises. Aujourd'hui les entreprises russes ne sont pas gérées par des industriels, mais par des «génies financiers».

 

Il y a une consolation: il en est de même partout dans le monde. Selon les estimations des experts, dans la dernière décennie, seulement 1 à 5 dollars d'investissements directs (investissements en immobilisations, qui donnent aux investisseurs le contrôle sur l'entreprise) a été adressé à la création de nouveaux établissements, 4 dollars ayant été utilisés pour acheter ceux qui existent déjà. La situation pareille dans les investissements étrangers directs existe en Russie. Ainsi, les investissements étrangers dans des actifs fixes ne signifient pas le développement économique de la Russie, mais l'achat de ses entreprises, l'établissement du contrôle sur l'économie russe par les sociétés transnationales. Et les économistes «professionnels» comme M. Yasine créent une «voile de bruit» pour couvrir l'intervention du capital occidental en Russie.

 

Mythe trois 

 

«L'investissement étranger, c'est l'argent qui vient de l'étranger». Parfois les investissements étrangers sont vraiment un mouvement de l'argent d'un pays à l'autre dans le but d'investir dans des actifs financiers ou non financiers du pays. Mais pas toujours et pas dans tous les pays. Oui, à un moment l'argent vient dans le pays en franchissant la frontière (parfois virtuelle, puisque les paiements internationaux sont aujourd'hui la transmission de signaux électroniques). Et puis le bailleur de fonds étranger peut exister dans le pays d'accueil  de manière autonome, en étendant ses opérations en raison du profit obtenu dans le pays d'accueil. Il peut effectuer des nouveaux investissements en réinvestissant les bénéfices.

Passons maintenant aux données de Rosstat. Selon cet organisme, en 2000, les investissements en immobilisations des entités avec la participation des capitaux étrangers  constituaient à 60% des bénéfices obtenus en Russie, et seulement à 40% d'afflux de nouveaux capitaux dans notre pays de l'étranger. En 2005, ce ratio fut 80: 20, en 2008 - 75:25. En d'autres termes, les investisseurs étrangers se renforcent en Russie par l'exploitation des ressources naturelles et humaines de notre pays. On peut dire aussi que nous aidons les  étrangers, avec nos richesses naturelles et notre travail, de plonger leurs racines plus profondes dans l'économie russe. Et notre statistique escompte les sources de financement internes des entreprises à participation des capitaux étrangers comme «les investissements étrangers». Sur le papier, il semble que «l'étranger aide», mais en fait, le contraire est vrai: nous contribuons à enrichir les pays étrangers au détriment de notre peuple, pour le compte:

-          de nos ancêtres (le travail passé, incarnée dans les immobilisations créées dans les années                      de l'industrialisation),

-          de la génération actuelle (travail vivant),

-          de nos enfants et petits-enfants (les ressources naturelles et les dettes sur les prêts            d'aujourd'hui).

 

 

Mythe quatre

 

«La présence de capitaux étrangers dans notre pays est petit et ne menace donc pas l'économie russe et la sécurité de la Russie en général». Ce mythe est nécessaire afin de fournir une couverture idéologique de l'agression d'investissement continue de l'Occident, qui conduit à un renforcement rapide de la position de capitaux étrangers en Russie. Il y a quelques années Rosstat a commencé à publier des statistiques sur le capital autorisé des principaux secteurs de l'économie russe, y compris dans le contexte de formes de la propriété. Pour une raison quelconque, ces chiffres sont extrêmement rares dans les médias, je cite donc certains d'entre eux. En 2009, la part des entreprises à capitaux étrangers (ceux où les étrangers possèdent le contrôle) était égal à 25% de la valeur totale de l'agrégat du capital autorisé de toutes les branches de l'économie russe. Je ne sais pas pour vous, mais pour moi ce chiffre est impressionnant. Bien que ce soit la moyenne de secteurs industriels.

 

Regardons les secteurs. Cette proportion d'étrangers, ou «non-résidents», dans le secteur minier est de 59%! Nous disons que nous sommes un pays de matières premières. Peut-être, mais l'extraction des matières premières, des minéraux n'est plus dans nos mains. Poursuivons. Dans toutes les branches  industrie manufacturière, en 2009, l'indicateur en question fit  41% ! Mais qu'est-ce derrière ce chiffre moyen? Dans l'industrie alimentaire la part des étrangers dans le capital autorisé était de 60%, dans l'industrie textile et de l'habillement 54%, dans la fabrication de coke et de produits pétroliers 50%, dans le commerce en gros et de détail 67%. Donc, la situation est critique et même catastrophique.

 

Dans la pratique, dans de nombreux secteurs, peu appartiens à nous. Je pense que la situation réelle est bien pire que celle représentée par Rosstat. De nombreuses sociétés «russes» sont en fait contrôlées par des firmes offshore, derrière lesquelles peuvent être des sociétés et des banques transnationales. Pour une raison quelconque, on ne discute pas ces données de Rosstat dans le gouvernement, ni dans la Douma. En outre, ces organismes gouvernementaux continuent à assumer constamment toutes sortes d'initiatives visant à «attirer les investissements étrangers» dans le pays.

 

Aujourd'hui les prêts sont rangés, eux aussi, parmi les «investissements». Je ne vais pas parler trop de  la menace croissante de la dette extérieure, formée de crédits et de prêts occidentaux, car c'est bien clair.

 

Mythe cinq

 

«Il faut créer une variété de privilèges et avantages aux bailleurs de fonds étrangers, qu'ils aient des conditions égales avec les investisseurs russes». En fait, de nombreux pays dans le monde n'hésitent  pas à offrir des préférences à leurs  investisseurs nationaux. Eh bien, nos autorités «hautement morales» prétendent qu'ils se soucient de «l'égalité générale et complète» partout et en tout. Mais dans ce cas, ils doivent prendre soin de mettre sur un pied d'égalité  l'investisseur national, qui est en Russie en position de l'enfant mal-aimé. Les raisons de cette disparité (pas en faveur de l'investisseur national) sont nombreuses. Par exemple, l'investisseur russe ne peut pas utiliser les ressources financières à bas prix que l'investisseur occidental peut obtenir des sources différentes. Par exemple, dans les banques de développement. Une banque de ce type, mise en place sur la base de Vnesheconombank il y a quelques années, ne favorise pas les investisseurs russes.

 La Banque de Russie a effectivement organisé un «blocus de crédit» contre les entreprises russes (je ne développe pas ici ce vaste sujet). Mais l'avantage le plus important des investisseurs étrangers est le taux de change sous-évalué par rapport au dollar et autres monnaies de réserve. Le rouble est sous-évalué au moins deux fois par rapport au dollar  (sur la base de la parité du pouvoir d'achat). Cela signifie que le bailleurs de fonds étranger peut acquérir des actifs russes aux conditions très favorables (en fait, à moitié  prix, car il change la devise étrangère pour les roubles, nécessaires à l'achat, à un prix réduit, vu le taux de change sous-évalué). Je ne vais pas m'enfoncer dans les subtilités du taux de change. Le lecteur comprend déjà que les autorités russes ont adopté une attitude de la méchante marâtre par rapport aux investisseurs nationaux.

 

 

Mythe six

 

«Тous ont besoin d'investissements étrangers, parce que le pays manque de ses propres ressources». Ceux qui maîtrisent au moins les bases de l'économie, savent que le produit produit national brut du pays (PIB) est divisé en termes de son utilisation en deux parties: a) la consommation courante (ce qui est mangé, bu, porté, consommé au cours de l'année)  et  b) la partie restante, qui s'appelle l'épargne et qui est destinée à être utilisé à l'avenir. La deuxième partie du PIB est la source des investissements visant la création de nouveaux établissements industriels, l'expansion et l'amélioration des  établissement existants. Certains pays «mangent» presque complètement leur PIB généré et il leur reste peu pour investir (ou les investissements sont faits à l'aide des emprunts à l'étranger). Mais dans certains pays une partie très importante du PIB est épargnée, ce qui leur permet de réaliser des investissements à grande échelle. En Russie la partie épargnée du PIB est de 30-35%. Par rapport à la plupart des pays (en particulier dans le contexte des pays occidentaux), c'est une partie très solide. Mais si l'on regarde Rosstat, nous voyons que seulement  la moitié de cette partie épargnée est dépensée aux véritables investissements en capital fixe. Et la deuxième partie, où a-t-elle disparu?

 

Elle est allée à financer les économies des autres pays, presque exclusivement des pays économiquement développés. Comment est-il dans la vie réelle? La banque centrale de Russie, en gérant d'énormes réserves de change (provenant des exportations de pétrole et d'autres matières premières; environ 500 milliards de dollars pour aujourd'hui), les place à l'Occident, en prêtant à faibles taux d'intérêt (et souvent, compte tenu de l'inflation et de l'évolution des taux de change des devises - sous pourcentage négatif) aux économies des autres pays. Ainsi, la moitié du potentiel d'investissement de la Russie est utilisée pour «aider» l'Occident, qui ne rationne pas sa consommation. En fait, cette «aide» peut être considéré comme un tribut, que notre pays, après avoir perdu la «guerre froide», et forcé de payer aux gagnants, en particulier à l'Amérique. Par ailleurs, une partie de notre «aide» nous revient depuis l'étranger sous la forme de prêts pillards. Avec nos propres mains, nous nous enfonçons dans la servitude pour dettes!

On voit une fois de plus que la situation économique réelle est précisément opposée par rapport à ce que  les économistes «professionnels» et les médias «russes» nous disent.

 

 

Mythe sept

 

«L'investissement étranger est le flux de ressources financières provenant des autres pays en Russie». On crée souvent des mythes en prononçant la moitié de la vérité, l'autre moitié étant passée sous silence. Ceci est clairement illustré par l'exemple de ce mythe. Oui, les investissements étrangers représentent le mouvement des ressources financières «de là» à la direction «ici». Mais nous avons déjà mentionné (mythe trois) qu'une partie importante de l'investissement étranger est «alimentée» par des ressources internes, plutôt qu'extérieurs (réinvestissement de bénéfices). En outre, nos mythologues russes toujours contournent soigneusement telle question épineuse que le transfert à l'étranger des revenus reçus par les investisseurs étrangers en Russie. Ces revenus comprennent les intérêts sur les prêts, les dividendes, le taux de fermage, les redevances de franchisage, etc. Ainsi, selon la Banque de Russie, pour la période 1995-2010, les  revenus retirés par les étrangers ont totalisé 513 milliards de dollars (32 milliards de dollars en moyenne par an). C'est une somme énorme, supérieure à la valeur de tous les réserves de change de la Fédération de Russie d'aujourd'hui. À titre de comparaison, les investissements directs étrangers cumulés en Russie pour 01.01. 2010 (dernières données disponibles de la Banque de Russie) ont totalisé un montant de 382 milliards de dollars.

 

Ainsi, les investissements étrangers sont similaires à la pompe, lancée par les corporations occidentales dans l'économie russe. Dans les années 1990 les investisseurs occidentaux se sont affairés auprès de la privatisation russe (accaparement des actifs à vil prix) et ont lancé une «pompe financière», qui épuise constamment la Russie et prolonge la durée de vie de l'Occident. Par exemple, en 2008 les investissements aux fonds de base des entreprises à capitaux étrangers ont fait 1.176 milliards de roubles, la partie principale ayant été composée de réinvestissements, tandis que seulement 304 milliards de roubles des fonds étaient transférés de l'étranger. Au taux de change du rouble par rapport au dollar 30: 1, les investissements de l'étranger ont fait environ 10 milliards de dollars. Les revenus de non-résidents (étrangers), selon la Banque de Russie, en même année 2008 ont totalisé 88,7 milliards de dollars. Voici une illustration statistique spectaculaire des actes d'investissements étrangers en tant qu'une «pompe financière».

 

J'ai pris garde d'entrer dans les détails qui ne sont intéressants qu'aux économistes professionnels et aux financiers. Ces problèmes ont, bien sûr, d'autres aspects, politique, sociale, juridique, spirituelle et morale. Par exemple, il faut comprendre pourquoi aujourd'hui notre peuple paie volontairement la «corde» (l'achat des actifs russes aux dépens de nos propres fonds),  à laquelle les mêmes «investisseurs étrangers» vont le convaincre de se pendre (volontairement) demain. Ce n'est pas explicable à l'aide de statistiques et de catégories économiques. Les raisons se trouvent dans le domaine spirituel.

 

 

 Source ruskline.ru

 

Traduit par Olga (TdR)