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02/03/2018

 

Le Vatican et les racines historiques du capitalisme

La conversation enregistrée dans le studio de diffusion en arabe de la chaîne de télévision RT, dédiée à l'histoire et la politique du Vatican, et la vidéo en arabe qui montre des photographies et de rares images des chroniques

Présentateur : En 1610, le pape Paul V a fondé les Archives secrètes du Vatican. Secrètes, parce que c’était une archive privée du pape, et les visites étaient restreintes au public. Maintenant, la longueur totale du rayonnage avec les documents est de 85 km, dont 40 km, selon des informations non confirmées, représentent la plus grande collection de la littérature occulte du monde. En 1881, on a commencé à ouvrir progressivement les archives pour les historiens. Au XXIe siècle, environ 1500 scientifiques de partout dans le monde peuvent travailler dans les Archives secrètes du Vatican chaque année. Cependant, en dépit de cette apparente publicité, seulement les archives secrètes qui ont été recueillies avant février 1939 sont accessibles au public. Mais selon de nombreux chercheurs, les documents du début du vingtième siècle couvrent la période de l'histoire de l'Église catholique qui est devenue pour elle un point tournant et qui fit venir de nombreux changements dans l'activité de la Papauté avant la Seconde guerre mondiale.

 

De nombreux livres et études sur ce sujet furent écrits à l'Ouest. En Russie, un expert reconnu dans ce domaine est Olga Tchetverikova, candidat des sciences historiques, professeur associé, auteure des articles scientifiques sur les spécificités des mouvements politiques et religieux. Elle est auteure de plusieurs livres, parmi eux sont «Trahison au Vatican, ou La conspiration des papes contre le christianisme » et « Les loups-garous. Qui est derrière le Vatican ». En parlant du Vatican, O. N. Tchetverikova précise : « il s’agit d’une institution religieuse et une entité politico-étatique. La Papauté a la capacité unique d'influencer en même temps la politique mondiale et la conscience religieuse des peuples du monde. Un appareil administratif puissant, un vaste réseau d'organisations catholiques et l'utilisation des mécanismes de manipulation cachés permettent au Vatican de mener activement des opérations de renseignement, de gérer les flux financiers et les processus politiques en étroite collaboration avec les cercles dirigeants du monde ».

 

Présentateur : Merci d'avoir pris le temps de nous parler. J'ai été impressionné de votre ouvrage fondamental intitulé « Les loups-garous, ou Qui est derrière le Vatican ». Je ne songeais même pas que l'une des religions les plus importantes du monde, le catholicisme, est si ambiguë et comprend tant de strates, qu'il est même difficile de choisir d’où commencer la conversation. Bien sûr, il est impossible de couvrir l’ensemble du sujet sous le format de télévision. Commençons par le XXe siècle, lorsque le pouvoir en Italie est venu à Benito Mussolini et en Allemagne, Adolf Hitler est arrivé au pouvoir. Dites-moi quelle était l'attitude de l'Église catholique et du Vatican à leur régimes autoritaires, même ultranationalistes, absolument contraires à l'esprit du christianisme en Europe ?

 

O. N. : Le Vatican, tout au long de son histoire, s’adaptait, toujours de façon très efficace, à toute situation dans le monde, aux tendances du développement mondial. Par conséquent, au cours de cette période qui a été caractérisée par la mise en place de régimes autoritaires en Europe, ils étaient à la recherche de l’approche. Le renforcement de ces régimes politiques était dû au changement de cap dans la stratégie du grand business, qui a pu également s'adapter efficacement aux nouvelles conditions. Par conséquent, le Vatican a dû chercher une attitude envers ces régimes, fasciste en Italie et nazi en Allemagne. Et ils ont trouvé l’approche. Ils ont aligné avec ces régimes leurs actions et leur politique et puis allaient avec eux dans la même direction.

 

Présentateur : Si je comprends bien, cet accord a commencé quand Benito Mussolini a soudoyé le Vatican via un accord signé entre l'Italie et le Saint-Siège en février 1929. Dans une certaine mesure, ce document a marqué la renaissance de l'Église catholique. Le Saint-Siège fut reconnu souverain du Vatican, ils ont reçu les territoires, les propriétés dont ils ont été dépossédés auparavant, et ensuite, ils ont reçu leur Constitution. Est-ce qu’on peut appeler cela une alliance réussie entre l'Église et ce régime fasciste autoritaire ?

 

O. N. : Oui, ce fut un accord mutuellement bénéfique. Le fait est que « les États pontificaux » ont émergé bien avant, dès le VIIIe siècle. Ils ont étés formés sous le pape Étienne II avec l'aide du roi des Francs Pépin le Bref. Le roi a accordé cette aide en échange des services de l'Église catholique. Au milieu du VIIIe siècle, le pape fut exposé au danger de l'invasion des Lombards, ancienne tribu allemande, et ce fut Pépin le Bref, roi des Francs, qui l’a sauvé. Mais le roi Pépin est arrivé au pouvoir par le renversement de la première dynastie française - Mérovingiens. Après avoir fondé sa propre dynastie, Pépin avait besoin de la légitimité, à savoir de la sanctification par l’église. Par conséquent, il y eut un accord entre eux. Le pape Etienne III couronna le roi Pépin, qui prit en charge la protection et la défense du Saint-Siège et donna à l'Église catholique un territoire indépendant - les États pontificaux. C'est ainsi que l'histoire des États pontificaux prend sa source.

 

En 1870, l'Église catholique a perdu son état. Jusqu'aux années 20 du XXe siècle, le Saint-Siège a existé justement comme la direction de l'église et non pas comme une entité territoriale indépendante. Par conséquent, dans les conditions du régime fasciste, le pape Pie XI profita de la situation favorable à la renaissance de l'état est conclut cet accord. En plus, le Vatican avait besoin des fonds. C’était 1929, l'année de la crise économique mondiale. Et Mussolini leur a promis...

 

Présentateur : Un milliard sept cent mille lires, c'était une bonne somme...

 

O. N. :  ...ces montants, en échange de la loyauté, là encore. Pas seulement la loyauté - en échange de ce que le parti catholique ne serait pas actif dans l'arène politique et allait accepter tout ce qui faisait Mussolini dans le pays. En même temps, il y eut encore une concession de la part de Mussolini. La religion catholique fut déclarée étatique. Après cela, bien sûr, le pape devait bénir tout ce que Mussolini a initié. On considère que cette transaction, l'accord de 1929, a marqué le début d'une nouvelle ère dans l'histoire des finances du Vatican.

 

Avant, Vatican s'engageait très activement dans les activités financières, mais son chiffre d'affaires principal était réapprovisionné par le « denier de Saint-Pierre ». C’était le tribut annuel obligatoire au pape des diverses organisations catholiques. Cet argent était utilisé par l'Église afin d'investir dans l'immobilier et certaines entreprises. Mais pendant la crise, les fonds s’épuisaient. Par conséquent, après avoir reçu une telle grosse somme par un accord avec Mussolini, le Vatican est non seulement devenu « État de la Cité du Vatican » indépendant, il a créé une entité appelée Administration spéciale du Saint-Siège. C’était en fait une institution financière. Elle a donc été dirigée par le financier italien, Bernardino Nogara. L'argent de Mussolini a donné au Vatican une occasion d'investir dans les projets qui pourraient alors apporter un revenu...

 

Présentateur : Donc dans les banques, dans le sens moderne classique ?

 

O. N. : Oui, bien sûr. Les banques sont apparues dans les villes qui se trouvaient sur le chemin des croisés. C’étaient Gênes, Venise, Florence, la région de la Lombardie. C’était là où les banques et les grandes sociétés commerciales ont commencé à se former et qui ont fait ensuite ces villes illustres. En fin de compte, Gênes contrôlait le commerce en Méditerranée occidentale, et Venise contrôlait le commerce en Méditerranée orientale. Lorsque les banques apparaissaient, leurs créateurs dans ces villes utilisaient l'expérience accumulée qui existait déjà. Principalement, l’expérience bancaire a été accumulée dans l'Ordre des Templiers, qui à son tour utilisait les méthodes et les mécanismes des banques anciennes. Parce qu'on estime que l'Ordre des Templiers a commencé à utiliser...

 

Présentateur : Les méthodes des anciennes banques juives, vous voulez dire ? Le système a été repris de Babylone où les Juifs étaient captifs ?

 

O. N. : Oui, tout à fait. Il faut dire que cette période du Moyen Age a été très riche en événements associés à la construction du système financier. Pourquoi on évoque toujours le rôle des Juifs dans ce système ? Puisque déjà à l’époque de l'Empire romain, les Juifs ont commencé à jeter les bases de leur domination dans le commerce et de la finance en Europe. Ils ont d'abord commencé à pénétrer dans le sud de l'Europe, puis sont allés plus loin. Quand l'Empire romain s’est effondré, les états allemands ont commencé à se former. Ils n’avaient aucune expérience en construction de l'état, en organisation de la politique économique ; il s’est avéré que seuls les Juifs pourraient les aider à le faire. Ils dominaient alors et ils sont devenus les initiateurs de nouvel ordre commercial et financier. Et le même eut lieu lors de la formation du califat. Environ à la même époque, l'empire de Charlemagne prenait forme. Le Califat n’avait non plus aucune expérience en construction de l'état, donc les Juifs ont joué un rôle très important dans la formation du système financier et du système de gestion. Ils étaient conseillers auprès du Calife. Et il s’est avéré que, entre le monde chrétien et le monde arabe, qui étaient en désaccord entre eux, et de fait, étaient en état de guerre, les Juifs ont servi d'intermédiaire ! Les Juifs étaient autorisés à rester par ci et par là, en tant que commerçants et financiers.

 

Présentateur : Par ci et par là, le prélèvement d'intérêts était autorisé pour les Juifs ? 

 

O. N. : Tout à fait.

 

Présentateur : Et en quelque sorte, les Juifs étaient considérés comme un mal utile, à recourir en cas d'une période difficile ? 

 

O. N. :  Oui. Les Juifs étaient utiles pour le pouvoir, les princes et les rois. Ce fut une alliance où les Juifs, de fait, sont devenus banquiers courtisans, parce qu’il n’y avait pas d’autre moyen de se procurer de l’argent. Cela est arrivé du fait que l'église chrétienne interdisait aux chrétiens de prêter de l'argent à intérêts. De plus, le prélèvement d'intérêts était considéré comme le péché le plus terrible - encore plus effrayant que, par exemple, le péché d'adultère. Pourquoi ? Quand une personne donne de l'argent à intérêt, elle pèche continuellement. Elle peut dormir, mais les intérêts grandissent, elle peut voyager, et les intérêts grandissent.  

 

Et voici une autre dimension importante. Le prélèvement d’intérêts était considéré comme un empiétement sur la création de Dieu. Le prélèvement d’intérêts était fortement associé avec le temps, mais le temps est un établissement divin. Autrement dit, une personne entre dans la sphère qui n'est pas soumise à lui. Voilà pourquoi le christianisme gardait des limites très strictes à cet égard. Et puisque les chrétiens ne pouvaient se livrer à l'usure, tandis que les Juifs le pouvaient, les princes européens profitaient de cette occasion. Et c’était bien pour eux, mais au détriment de la population locale dont on soutirait de l'argent. On accordait des prêts à la population, et les gens se retrouvaient dans la servitude pour dettes.

 

Finalement, Louis le Pieux, fils de Charlemagne, a permis aux Juifs de mener la traite des esclaves, y compris des chrétiens, à condition qu'ils ne les vendent pas aux Juifs. Mais la chose la plus intéressante est que Louis est entré de part dans ce commerce, puisqu'il en recevait un certain montant. Et sous Louis le Pieux, le jour commercial dans le royaume a été déplacé du samedi au dimanche. Mais le dimanche dans le christianisme est un jour de repos, le commerce était interdit, c’était le jour du service de l'église. Cependant, pour complaire les Juifs qui avaient le samedi comme jour de repos, le jour du commerce a été déplacé. Donc, ces choses étaient une norme. Ce fut une norme déjà alors !

 

Et il se trouve que du 8e siècle au 11e siècle, peut-être même du 7e siècle, les Juifs dominent le commerce mondial et la finance mondiale. C’était une véritable force. Jusqu'à ce que même le droit commercial international était basé sur la langue hébraïque. Et quand les croisades ont commencé et la richesse puissante a inondé l'Europe, il est devenu clair que cette richesse peut passer rapidement, à nouveau, aux communautés juives.

 

Ce fut à ce moment que la direction de l'église a décidé de procéder à la modification de la loi canonique. Les catholiques riches, les familles catholiques, ont été autorisés à faire des affaires, pour non seulement faire concurrence aux Juifs, mais les évincer du système financier et commercial. Mais voici la chose intéressante : si l'on considère la généalogie de ces familles, nous verrons que la plupart des financiers catholiques de Venise, de Gênes, étaient des gens qui avaient les origines juives ! Ce fut la première vague de ressortissants en provenance d'Espagne qui l’ont quittée avant, rappelez-vous, avec le début d'expulsion des Juifs.

 

Présentateur : Sous la reine Isabelle et le roi Ferdinand II.

 

O. N. : Après leur « Édit d'expulsion ». Les Juifs se sont allé au nord de l'Europe, aux Pays-Bas, en Italie ... Mais en fait, l’exode des Juifs en Italie eut lieu même avant cette période. Ils adoptaient le catholicisme, et puisqu'ils avaient une richesse d'expérience dans les activités financières, ils ont pu très rapidement tourner l'affaire dans une bonne direction pour eux. En particulier, on croit que la famille Médicis était d'origine juive. Si vous examinez la question davantage, vous pouvez trouver beaucoup de choses intéressantes. Tel fut le début du système financier du catholicisme dont les principes de base furent jetés par l'Ordre des Templiers. Par exemple, le commerce des valeurs mobilières...

 

Présentateur :  Le négoce des billets à ordre.

 

O. N. : …justement des billets à ordre. Les pratiques financières imposées par les Templiers au Moyen Age, étaient reproduites dans d'autres pays, sous d'autres dirigeants. D'ailleurs, nous savons que l'Ordre des Templiers a été interdit, et on considère les banquiers de Venise étaient parmi les principaux partisans de l'interdiction - après que les Templiers furent supprimés, c’étaient les banquiers vénitiens qui occupèrent leur place des conseillers auprès des rois français.

 

Présentateur : Abordons maintenant le XXe siècle. Dans les années 30-40 du siècle dernier, un nouveau système financier a pris naissance au Vatican, avec l'aide des intermédiaires et des conseillers, qui s’inscrivait bien dans le nouvel ordre mondial du XXe siècle, l'ordre financier. Et, si je comprends bien, cela est arrivé malgré le fait que ces États corporatifs menaient ouvertement la politique génocidaire, qui était même raciste à bien des égards, non ? En effet, en 1935, le Vatican a fermé les yeux sur l'invasion italienne de l'Ethiopie. Il y avait d'autres faits. Est-ce que je comprends bien ? Il y avait un accord corporatif tacite de leur côté. Selon le principe : « Nous sommes dans notre entreprise, nous nous occupons de notre économie. Ne nous touchez pas, et nous n’allons pas vous condamner en aucun cas » - c’est ça ?

 

O. N. : Oui, effectivement, c’était une union. Une alliance entre les dirigeants du Vatican et les grandes familles financières, les grandes entreprises en Italie. Par conséquent, selon les chercheurs, il n'existait aucune entreprise ou industrie sans participation des finances du Vatican. Sous forme d'actions ou sous une autre forme. Alors, naturellement, ils pénétraient dans les entreprises militaires. On estime que l'une des raisons pour lesquelles le Vatican a de facto soutenu l'invasion par l'Italie, était leur intérêt aux entreprises militaires.

 

Présentateur :  Autrement dit, il y avait même leur propre lobby militaire ?

 

O. N. :  Oui, c'était le cas. Puisque les finances du Vatican jouaient un tel rôle. Mais je dois dire que Bernardino Nogara, qui était le financier en chef...

 

Présentateur :  Comment Nogara était lié au Vatican de jure ? 

 

O. N. :  Comme je l'ai dit, il dirigeait l’Administration spéciale du Saint-Siège qui précédait la Banque du Vatican. Il est à relever que Nogara consentit à gérer les finances du Vatican sous réserve de la liberté complète d'action, sans restrictions. Et le pontife accepta, justement afin de consolider fermement sa base financière. Bernardino Nogara menait l'affaire comme un financier laïque, ne se limitant nullement à des normes chrétiennes. Environ une fois tous les 10 jours, il avait une audience en privé avec le pape où ils discutaient les affaires financières. Par conséquent, face à une telle façon de faire des affaires, on peut dire que le Vatican agissait comme un État laïque, de fait, menait un double jeu.

 

Présentateur : Vous avez anticipé ma question. Je voulais demander si on peut supposer qu'à l'époque, le Vatican était un ordinaire état laïque qui avait uniquement l'étiquette et les attributs religieux ?

 

O. N. :  Vous voyez, c'est le secret principal, la contradiction principale, et ce qui est le plus important, la principale force du Vatican. Il est comme « Janus à deux visages ». Et donc quand on parle du Vatican comme Église catholique, on doit le traiter de façon appropriée. D'autre part, quand on parle du Vatican comme un état, on voit une image complètement différente qui est incompatible avec les principes de l'Église. Là, il y a une autre chose importante. En menant son activité comme un état laïque, le Saint-Siège utilise en même temps toute la capacité de l'Église catholique ! C’est-à-dire, les communautés catholiques, les ordres catholiques et de diverses organisations catholiques sont pour le Saint-Siège un puissant bouclier et en même temps, un instrument pour la mise en œuvre des intérêts purement laïques.

 

Présentateur :  Je vous remercie de cette conversation très intéressante.

 

Article original  vstanzaveru.ru

Traduit par Olga (TdR)

 

Ndt.  Je dois dire, l’auteure du livre est une personne publique très respectée, et fait regrettable, elle s'est laissée tenter par l'engagement politique, comme je viens d’apprendre.