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01/05/2020 (2028)

 

Sept Dormants d'Éphèse, histoire traduite par Grégoire de Tours

Le titre complet est « La souffrance des sept saints martyrs reposés à Éphèse, traduite en latin par Georgius Florentius (Grégoire, évêque de Tours)  ». Je ne l’ai pas trouvée sur l'internet francophone. Pourtant, le saint évêque Dimitry de Rostov dit, dans les commentaires qui suivent son propre récit :

« Cette histoire miraculeuse a des preuves très fortes et irréfutables de son authenticité, car un contemporain est le descripteur de cet événement : saint Jean Kolov (Jean le Petit, Ve siècle) parle de cet événement dans la vie de Paisius le Grand. L’écrivain syrien, l’évêque orthodoxe Jacob de Sarugene (en Mésopotamie) laissa sa description de l’histoire ; Grégoire de Tours la connaissait en traduction. Les maronites syriens, qui se sont séparés de l'Église orthodoxe au VIIe siècle, honorent les jeunes saints dans leur service ; on les trouve dans le calendrier éthiopien et dans les anciens martyrologes romains ; leur histoire était connue de Mahomet et de nombreux écrivains arabes. »

 ***

1. Lorsque la persécution des chrétiens s'est répandue dans le monde entier, et des victimes sanglantes étaient offertes à des fausses idoles,  sept hommes appartenant aux familles connues et nobles vivaient dans le palais royal ; ils s'appelaient Achillide, Diomède, Diogène, Probat, Stéphane, Sambatius et Quiriak. Ils ont souvent été témoins des crimes cruels de l'empereur qui ordonna d'honorer des idoles insensibles et muettes à la place du Dieu éternel, et sous son influence, ils se sont tournés vers la grâce du baptême et ont reçu dans la source qui ravive les noms de Maximien, Malch, Martinien, Constantin, Dionysius, Jean, Serapion.


L'empereur Decius, arrivé dans la ville d'Ephèse, ordonna avec toute la sévérité de rechercher les chrétiens, afin de détruire si possible le nom même de cette foi. En attendant, on prépare le sacrifice, il fait lui-même des sacrifices et convainc ses sujets de le faire, par cajolerie ou intimidation. Enfin, tout le monde fait des sacrifices et toute la ville est enveloppée par la fumée de ces terribles cérémonies. Voyant cela, les sept adeptes du Christ se sont étendus en prière, en gémissant et en saupoudrant leur tête de cendres, et demandaient au Seigneur la miséricorde, pour que, regardant de Ses cieux, Il ne permettrait pas que le peuple de Dieu fût détruit dans ces vicissitudes.

 

2. Ayant appris cela, les persécuteurs du nom chrétien vinrent à leur souverain et dirent : « Les consignes de ton autorité, ô roi, ont fait le tour de toutes les extrémités de la terre, et personne n'a osé s'opposer à ton commandement, et tous goûtent chaque jour les sacrifices aux dieux immortels, à l'exception des sept hommes, ceux qui tu as pris sous ton aile seulement par amour. » L'empereur demanda : « Qui sont-ils ? » Ils répondirent : « Maximien, fils du préfet, avec ses complices. » Immédiatement, sur les ordres de l’empereur en colère, ils furent amenés enchaînés de fer et présentés à l’empereur. Des larmes coulaient sur leurs visages et leurs têtes étaient couvertes de cendres parce qu'ils restaient dans l’état où ils priaient le Seigneur. L'empereur les regarda avec surprise et dit : « Vos âmes ne sont-elles pas prises de la perfidie, si vous vous opposez à notre volonté en la connaissant, et si vous ne voulez pas offrir les sacrifices en holocauste dus aux dieux immortels ? Je vous jure sur ma gloire que je vous ferai subir diverses formes de torture pour avoir méprisé nos dieux. » Les hommes lui répondirent : « Notre Dieu est le Créateur des cieux, de la terre et des eaux de mer, et nous Lui rendons tous les jours des offrandes en louanges, et à Son nom, nous sommes prêts à mourir. Mais à propos de ces dieux que nous n'adorons pas, comme tu le dis, nous ne savons absolument rien, car si les membres de leur corps sont décorés par l'art d'un artisan, ils sont incapables d'être vivifiés, c'est pourquoi la loi prophétique indestructible condamne ceux qui les adorent, de sorte que leurs créateurs et leurs admirateurs soient similaires. »

 

3. Alors, l'empereur en colère, après avoir regardé chacun d'eux, dit : « Enlevez-vous, scélérats, de notre présence, jusqu'à ce que vous vous repentiez pour les insultes causées par ce crime, puis restez dans notre palais et, réconciliés par la sympathie des dieux, profitez de la floraison de la jeunesse, car il ne convient pas de soumettre une telle beauté et une telle douceur  à des tourments corporels. » Et il ordonna d’ôter les chaînes de fer et de les libérer jusqu'à ce qu'il revienne à Éphèse. Ainsi, avec cette sentence gracieuse, les sept hommes sont partis, et l'empereur s'est dirigé vers une autre ville. Ils se retournèrent dans leurs maisons surveillées par la garde. Ils prirent alors tout l'or et l'argent, les vêtements et les ustensiles de ménage, et les distribuèrent aux pauvres, puis se retirèrent dans une petite caverne sur la montagne Celienne, emportant avec eux un peu d'argent pour se nourrir. Et ils choisirent Malch, afin qu'il se rende secrètement dans la ville pour obtenir de la nourriture et écouter ce que l'empereur ordonna au sujet des chrétiens.

 

4. Pendant ce temps, l'empereur hostile qui avait mis les saints sous la garde et les laissés pour des prières constantes, retourna à Éphèse et, comme d'habitude, posa des questions sur les chrétiens, en particulier sur Maximien et ses compagnons. Leurs parents ont répondu qu'ils gîtaient dans une certaine grotte de la montagne Celienne, d'où ils partiraient si un ordre royal était émis. Lorsque les hommes ont découvert cela à travers Malch, épouvantés, ils se sont prosternés sur le sol et ont commencé à prier avec des larmes pour que le Seigneur, les gardant dans la foi, les protège de l'œil de l'empereur méchant. Et pendant cette prière, Dieu, prévoyant ce qui serait nécessaire à l'avenir, a écouté leurs supplications et a reçu leurs âmes ; se précipitant au sol, ils plongèrent dans un sommeil agréable.

 

5. Cependant, l'empereur agacé s'est adressé à ses serviteurs. « Allez, dit-il, obstruez l'entrée de la grotte, afin que ces rebelles ne puissent pas sortir et se tourner vers les dieux. » Ceux qui ont été envoyés pour bloquer l'entrée de la grotte, étaient dirigés par deux hommes, Théodore et Ruben, les chrétiens qui adoraient le Christ en secret, en raison des menaces de l'empereur. Ils ont écrit toute l'histoire des saints sur des tablettes de plomb et les ont placées à l'intérieur de la grotte, à l'entrée, afin que personne ne le sache. En même temps, ils se sont dit : « Puisque Dieu voudra révéler aux gens les membres de Ses adeptes bienheureux, qu'on sache qu'ils avaient enduré en Son nom ! » Les envoyés, arrivés à la grotte, ont roulé de grosses pierres vers l'entrée et l'ont bouchée, puis sont partis, en disant : « Qu'ils meurent de faim, et se dévorent en mordant les uns les autres, s'ils refusaient d'apporter les libations dues à nos dieux. »

 

6. Après la mort de Decius, le temps a passé. Théodose, fils d'Arcadie, a rassemblé et réuni l'empire. Mais sous lui, la secte indécente des sadducéens leva la tête ; ils disaient, voulant rejeter l'espoir de la résurrection : « Les morts ne ressuscitent pas ». Deux évêques à la tête de ces hérétiques, Théodore et Guy, souhaitaient joindre à cette incrédulité l'empereur lui-même. Quand il fut évident que c'était extrêmement périlleux et destructeur, l'empereur a prié le Seigneur, Lui demandant de témoigner la faveur appropriée à ceux qui Le suivaient. Et il y avait à cette époque à Éphèse un certain Dali ; une fois, faisant le tour de la montagne Celienne, il dit à ses bergers : « Préparez ici un enclos pour nos brebis, car il est très pratique de paître le bétail à cet endroit. » Et il ignorait ce qui s'était passé dans cette grotte. Les garçons se sont mis au travail et, roulant un énorme rocher, sont entrés dans le vestibule de la grotte, où ils virent de grosses pierres. Les pierres enlevées, ils trouvèrent un mur qui ne leur permettait pas d'aller plus loin.

 

7. Le Seigneur ordonna aux âmes des saints de retourner dans leurs corps, et ils se levèrent et revinrent de la mort à la vie, pensant qu'ils n'avaient dormi qu'une nuit ; et ils étaient assis, vigoureux et forts. De plus, non seulement leur corps conservait leur douceur et leur beauté, mais leurs vêtements restaient intacts comme s'ils ne les avaient pas portés depuis de nombreuses années. Puis, se tournant vers Malch, ils l'ont demandé : « Frère, qu'a dit l'empereur hier soir ? Nous voulons savoir, peut-être sommes-nous déjà recherchés ? » Et il leur répondit : « On vous cherche pour vous sacrifier aux dieux. » Alors Maximien dit : « Nous sommes tous prêts à mourir pour Christ. Mais prends quelques pièces d'argent, va acheter de la nourriture, écoute bien et ce que tu entendras, dis-nous. » Et en prenant l'argent, Malch est parti. Il avait des deniers en argent avec le nom de Decius. S'approchant de la porte de la ville, il vit la Croix au-dessus d'elle, et stupéfait, se demandait : « Est-ce que depuis hier, quand j'ai quitté la ville avec le coucher du soleil, le cœur de Decius changa tellement qu'il ordonna d'ériger le signe de la Croix sur les portes de la ville ? » En entrant là-bas, il entendit les gens prêter serment au nom du Christ, il les vit s'émerveiller des églises, il vit des religieux marcher dans la ville ; les murs mêmes de la ville étaient rénovés. Encore plus étonné, il se demanda de nouveau : « Ne penses-tu pas que tu sois dans une autre ville? » Arrivé au marché, il a sorti ses deniers pour acheter de la nourriture.

 

8. Mais les gens, en regardant ces pièces d'argent, dirent : « Cet homme a dû trouver l'ancien trésor, parce que c'est l'argent de l'époque de Decius. » En entendant cela, Malch est tombé dans une profonde réflexion et dit : « Que veulent-ils? Est-ce que je rêve ? » Les gens l'ont saisi et conduit à l'évêque Marine et au préfet de la ville. Et le préfet s'adressa à lui : « D'où es-tu, de quelle région du pays es-tu venu ? » « Je suis d'Éphèse, – répondit-il, – si bien sûr c'est la ville d'Éphèse qu'elle était hier, si je me souviens bien. » « Où donc as-tu eu ces deniers ? », dit le préfet. Malch lui répondit : « Je les ai pris dans la maison de mon père. » Alors le préfet demanda, « Qui est ton père? » Et Malch nomma ses parents, mais personne ne les connaissait. Puis le préfet dit : « Dis-nous où as-tu obtenu ces pièces. Ce sont des pièces de monnaie de l'époque de Decius décédé il y a longtemps. Eh bien, comme il est clair que tu es venu pour rire des plus sages des habitants d'Éphèse, tu seras torturé jusqu'à ce que tu dises toute la vérité. » Malch, bouleversé, dit avec étonnement et pleurs : « Je vous demande seulement me dire une chose, si vous permettez. Où est l'empereur Decius qui persécutait les chrétiens de cette ville ? » Et l'évêque Marine lui répondit : « Il n'est pas dans cette ville, fils bien-aimé qui se souvint des temps de Decius ; il est enterré dans la tombe il y a de nombreuses années. »

 

9. En entendant cela, Malch se tourna vers l'évêque et dit : « J'ai pensé que moi et mes frères, nous n'avons dormi qu'une nuit ; mais comme je le comprends maintenant, de nombreuses années se sont écoulées pendant le temps où nous étions reposés. Et maintenant, le Seigneur m'a réveillé avec mes frères, afin que je connaisse l'âge dans lequel la résurrection des morts aura lieu. Suivez-moi et je vous montrerai mes frères qui se sont réveillés avec moi. » L'évêque étonné, le préfet et tout le peuple suivirent Malch, et ils sont tous venus à la grotte. Lorsque Malch raconta aux frères ce qui lui était arrivé dans la ville, l'évêque entra et retrouva un coffret scellé de deux sceaux d'argent. Sorti dehors, il appela toute la multitude des gens dirigée par le préfet, enleva les sceaux et trouva à l'intérieur deux tablettes de plomb sur lesquelles toutes leurs souffrances dont nous avons parlées ci-dessus étaient écrites ; ainsi tout le monde apprit que Malch leur avait dit la vérité.

 

10. Les gens entrés trouvèrent les bienheureux martyrs assis dans le coin de la grotte, leurs visages étaient comme des roses qui fleurissaient et, comme le soleil, rayonnaient de vertu. Et ni leurs habits ni leurs corps n'ont point subi de dommage. L'évêque Marine avec le préfet sont tombés à leurs pieds et inclinés devant eux, et tout le monde glorifiait Dieu pour avoir fait un si grand miracle à Ses serviteurs. Les saints racontèrent à l'évêque et à tout le peuple ce qui leur était arrivé à l'époque de Decius. L'évêque avec le préfet envoyèrent des messagers à l'empereur Théodose, lui demandant de dire ceci : « Dépêche-toi dès que possible, car tu pourras, si tu le veux, voir le grand miracle révélé par le don du Seigneur sous ton règne. Si tu viens, tu découvriras combien l'espérance de la résurrection est bénéfique, selon l'engagement des promesses évangéliques. »

 

11. En entendant cela, l'empereur Théodose se leva, se réjouit et, tendant ses mains vers Dieu, dit : « Je Te remercie, Seigneur Jésus-Christ, le soleil de la justice, d'avoir voulu bien dissiper les ténèbres mortelles par la lumière de Ta vérité ; je Te remercie de ne pas avoir permis de cacher dans une terrible obscurité la lampe de ma foi et de mes assertions. » Cela dit, il monta sur son cheval et arriva en toute hâte à Éphèse. L'évêque, avec le préfet et tous les citadins, sortit à la rencontre de l'empereur. Quand ils se sont tous rassemblés, les saints martyrs sont sortis voir l'auguste, leurs visages rayonnants de vertu comme le soleil. L'auguste descendit du cheval et s'inclina devant eux, glorifiant le Seigneur Dieu. Se levant, il les embrassa et pleurait sur chacun en disant : « Je vois vos faces comme si je voyais mon Seigneur Jésus-Christ, Qui avait appelé Lazare du tombeau, et je Le remercie infiniment de ne pas m'avoir privé d'espoir de résurrection. »

 

12. Maximien répondit : « Sache, empereur, que le Seigneur nous ordonna de nous réveiller pour fortifier ta foi. Et ceux qui croient en Lui, qu'ils apprennent immédiatement comment la résurrection d'entre les morts fut accomplie, car tu vois que nous parlons avec toi, ressuscités, et racontons des grands miracles de Dieu. » Et, après avoir parlé avec lui de beaucoup d'autres choses, ils se sont de nouveau étendus sur la terre et se sont endormis, livrant leurs âmes au Roi immortel et Dieu tout-puissant. Tout cela entendu, l'empereur est tombé sur leurs corps et en sanglotant, les embrassa, posa sur eux ses vêtements et ordonna de faire les tombes d'or dans lesquelles ces corps devaient être placés. Mais le soir même, les saints lui apparurent et lui dirent : « Ne fais pas cela, mais laisse-nous sur la terre : le Seigneur nous en élèvera de nouveau le grand jour de la résurrection de toute chair ». L'empereur fit alors construire une grande basilique au-dessus d'eux, y installa un refuge pour les pauvres et ordonna de les nourrir aux frais du public. Lorsque d'autres évêques se sont réunis à Éphèse, il a célébré la fête de ces saints. Et tout le monde louait Dieu, à Qui, dans la Trinité parfaite, l'honneur et la gloire pour toujours et à jamais. Amen.

 

Fin des passions des sept saints martyrs reposés à Éphèse, racontées par Jean le Syrien et traduites en latin par l’évêque Grégoire. Le jour du souvenir des saints martyrs est le 6e des calendes d'août.

 

Article original

Traduit par Olga (TdR)