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Conte du tsar Saltan

- 2 -

 

Le Prince marche au bord de la mer bleue

Et ne quitte pas la mer des yeux.

Soudain, il voit sur les eaux fluentes

La cygnette blanche nager.

« Bonjour, mon beau Prince ! Pourquoi tu es sombre,

Comme un jour nuageux ?

De quoi es-tu attristé ? » – lui dit-elle.

Le Prince lui répond :

« Un souci me ronge ;

Je voudrais transférer une belle merveille

Dans ma contrée. »

– « Et quelle est cette merveille ? »

– « Quelque part, la mer houleuse bouillonne,

Boursouflée, se met à rugir,

Se déferle sur la grève vide,

Se répand à flots effervescents,

Et trente-trois bogatyrs apparaissent,

Leur cuirasse écaillée

Brûle comme de feu.

Tous beaux et braves,

Tous jeunes géants,

Tous égaux, comme choisis,

Avec eux Euxin, le précepteur. »

Le cygne lui répond :

« C’est ce que te gêne ?

Ne t’afflige pas, mon cœur, 

Je connais cette merveille.

Ces bogatyrs mariniers,

Ils sont tous mes propres frères.

Ne t'attriste pas, va chez toi,

Attends mes frères te rendre visite. »

 

Le Prince s’en alla, oubliant le chagrin,

Et monta sur le haut de la tour

Pour contempler la mer ; et soudain,

La mer s’ébranla, s’émut,

Se répandit bruyamment

Et laissa sur la plage

Trente-trois bogatyrs ;

Leur cuirasse écaillée

Brûle comme de feu,

Ils marchent par paire,

Le précepteur en avant

À cheveux blancs luisants

Les mène vers la ville.

Le Prince Guidon descend de la tour

Pour rencontrer les honorables invités ;

Les gens accourent à la hâte ;

Le précepteur dit au Prince :

« La cygnette nous envoya chez toi

Et ordonna de garder ta glorieuse ville

Et faire des rondes.

Nous allons désormais

Tous les jours sans faille

Émerger tous des eaux marines,

Donc on se revoit bientôt,

Et maintenant, il est temps

Que nous retournions en mer ;

L’air de la terre est pesant pour nous. »

Puis ils sont partis chez eux.

 

 

Le vent parcourt la mer,

Et pousse le vaisseau, 

Il file dans les vagues,

Toutes voiles dehors.

À côté de l’île escarpée,

À côté de la grande ville.

Les canons tonnent du rivage,

Ordonnent au vaisseau d’accoster.

Les marchands abordent la jetée ;

Le Prince Guidon les invite au palais.

Il leur donne un bon repas,

Les régale et interroge :

« Quel est votre commerce,  marchands,

Et où vous rendez-vous maintenant ? »

« Nous fîmes le tour du monde,

Nous vendîmes de l’acier dur,

De l’argent pur et de l’or.

L’heure est venue, maintenant

Nous allons loin à l'est,

En contournant l’île Folle,

Dans le royaume du glorieux Saltan... »

Le Prince dit alors :

« Bon voyage, messieurs,

À travers la mer-océan

Chez le tsar glorieux Saltan ;

Et dites-lui : le Prince Guidon

Lui envoie ses salutations. »

 

 

Les négociants le remercièrent

Et sortirent pour reprendre le voyage.

Le Prince s’élance vers la mer et voit le cygne

Qui nage déjà parmi les vagues.

Le Prince implore : mon âme aspire,

M’entraîne, m’emporte...

À nouveau, elle l’arrosa

Tout entier en un instant :

Le Prince se changea en bourdon,

S’envola en bourdonnant,

Rattrapa le vaisseau,

Se posa doucement à la poupe

Et se tapit dans une fente.

 

Le vent souffle vivifiant,

Le vaisseau file vite,

Passant l’île Folle,

Au royaume du glorieux Saltan,

Et on voit déjà au loin

Le pays désiré.

Les marchands descendent à terre,

Le tsar Saltan les invite ;

Notre brave vole après,

Au palais de tsar.

Il voit le tsar Saltan,

Sur le trône, coiffé de couronne,

Tout luisant d’or,

Son visage est triste, songeur ;

Et la tisseuse et la cuisinière

Avec Babarikha la commère,

Sont assises près du tsar –

Regardent toutes les trois avec quatre yeux.

Le tsar Saltan met les invités

À table et leur pose les questions :

« Vous messieurs les invités,

Où étiez-vous, et combien de temps ?

Est-ce que tout va bien outre-mer ?

Et quel miracle y a-t-il au monde ?

Les négociants lui répondent :

Nous fîmes le tour du monde,

Outre-mer, la vie va bien,

Quant au miracle, le voici :

Au milieu de la mer, il y a une île,

Et une ville sur l’île.

Tous les jours, on y voit une merveille :

La mer houleuse bouillonne,

Boursouflée, se met à rugir,

Se déferle sur la grève vide,

Se répand à flots effervescents,

Et trente-trois bogatyrs apparaissent,

Brûlant de cuirasse d’or écaillée.

Tous beaux et braves,

Tous jeunes géants,

Tous égaux, comme choisis,

Le vieux précepteur Euxin

Sort avec eux de la mer

Et les mène par paires

Pour garder cette île

Et faire des rondes –

On ne trouve pas la garde plus sûre,

Plus vaillante et vigilante.

Le Prince Guidon est son seigneur,

Il t’envoie ses salutations. »

Le tsar Saltan s’étonne du miracle ;

Il dit : « Si seulement je suis en vie,

Je me rendrai à l’île merveilleuse,

Je visiterai Guidon ».

La cuisinière et la tisseuse,

Elles se taisent – mais Babarikha

Dit, avec un sourire moqueur :

« Qui va nous surprendre avec ça ?

Les gens sortent de la mer

Et rôdent, en rondes !

Qu'on dit la vérité ou ment,

Je n’y vois pas de merveille.

Le monde ne connaît-il pas de merveille ?

Voici l'ouï-dire véridique :

Une princesse vit outre-mer,

On ne peut la quitter des yeux ;

De jour, elle éclipse la lumière,

De nuit, elle éclaire la terre,

Le croissant resplendit sous la tresse,

Et l’étoile brille sur le front.

Allure majestueuse,

Celle de la paonne ;

Et ses paroles coulent

Comme si le ruisseau murmurait.

On peut dire avec raison,

C’est là une vraie merveille. »

Les invités gardent sagement le silence,

Ne voulant pas contredire la vieille femme.

Le tsar Saltan s’étonne du miracle –

Et Guidon, quoique irrité,

Épargne les yeux

De sa vieille mamie ;

Bourdonnant, tourbillant au-dessus d’elle,

Il se pose sur son nez

Et enfonce son dard ;

Une grosse cloque y apparaît.

Il y eut encore une grande agitation,

« Au secours ! À l'aide !

Attrape, attrape-le,

Vite, écrase-le ...

Allons ! Attends, attends ! »

Et le bourdon vole à la fenêtre,

Et traversant la mer,

Regagne sa contrée.

 

Le Prince marche au bord de la mer bleue

Et ne quitte pas la mer des yeux.

Soudain, il voit sur les eaux fluentes

La cygnette blanche nager.

« Bonjour, mon beau Prince ! Pourquoi tu es sombre,

Comme un jour nuageux ?

De quoi es-tu attristé ? » – lui dit-elle.

Le Prince lui répond :

« Un souci me ronge :

Les gens se marient ; je vois,

Je suis le seul à n’être pas marié. »

– « Et qui as-tu donc à l'esprit ? »

– « On raconte, une princesse

Vit dans le monde,

On n’arrive pas à la quitter des yeux ;

De jour, elle éclipse la lumière,

De nuit, elle éclaire la terre,

Le croissant resplendit sous la tresse,

Et l’étoile brille sur le front ;

Allure majestueuse,

Celle de la paonne ;

Et sa parole douce coule

Comme le ruisseau qui murmure.

Mais seulement, est-il vrai ? » 

Le Prince attend avec peur une réponse.

La cygnette blanche garde le silence

Et réflexion faite, elle dit :

« Oui ! Il y a une telle fille.

Mais une épouse n’est pas une mitaine

Que l’on peut retirer de sa main

Et fourrer dans sa poche.

Je te donne un conseil –

Réfléchis bien là-dessus,

Pour ne pas le regretter plus tard. »

Le Prince se mit à jurer

Qu’il était temps pour lui de se marier,

Qu’il avait bien réfléchi

Sur tout cela, comme il faut ;

Qu’il était prêt, avec l’âme passionnée,

Aller à pied n’importe où,

Soit au bout du monde.

Alors, la cygnette, poussant un soupir,

Lui dit : « Pourquoi aller loin ?

Ton destin est tout près,

Cette princesse, c’est moi. »

Et battant des ailes,

Elle s’envola au-dessus des vagues

Et descendit du haut

Dans les buissons sur la plage,

Secoua ses ailes,

Et se changea en princesse :

Le croissant resplendit sous la tresse,

Et l’étoile brille sur le front ;

Allure majestueuse,

Celle de la paonne ;

Et lorsqu’elle parle,

On dirait le ruisseau murmure.

 

 

Le Prince embrasse la princesse,

La serre contre sa poitrine

Et la mène aussitôt chez sa chère mère.

Le Prince se jette à ses pieds et implore :

« Souveraine, ma très chère !

J’ai trouvé pour moi une femme,

Pour toi, une fille obéissante.

Tous les deux, nous demandons

Ton consentement et ta bénédiction :

Bénis les enfants pour vivre

En bon accord et en amour. »

Au-dessus de leur humble tête

La mère avec l’icône miraculeuse

Verse les larmes et dit :

« Dieu vous rétribuera, les enfants. »

Le Prince ne tarda pas à se marier

Et mena la princesse à l'autel.

Ils se mirent à vivre en paix

En attendant la descendance.

 

Le vent parcourt la mer,

Et pousse le vaisseau, 

Il file parmi les vagues,

Les voiles gonflées.

Près de l’île escarpée,

Près de la grande ville.

Les canons tonnent du rivage,

Ordonnent au vaisseau d’accoster.

Les marchands abordent la jetée ;

Le Prince Guidon les invite au palais.

Il leur donne un bon repas,

Les régale et interroge :

« Quel est votre commerce,  marchands,

Et où vous rendez-vous maintenant ? »

« Nous fîmes le tour du monde,

Nous vendîmes, pas pour rien,

Des marchandises bannies.

Nous allons maintenant

Chez nous, loin à l'est,

En contournant l’île Folle,

Dans le royaume du glorieux Saltan... »

 

 

Le Prince prononce alors :

« Bon voyage, messieurs,

À travers la mer-océan

Chez le tsar glorieux Saltan ;

Et rappelez-lui,

À votre souverain :

Il avait promis de nous visiter,

Mais n’est toujours pas venu –

Je lui envoie mes salutations. »

Les visiteurs partirent, et le Prince

Reste cette fois chez lui,

Ne se sépare pas de sa femme.

 

Le vent souffle vivifiant,

Le vaisseau file vite,

Passant l’île Folle,

Au royaume du glorieux Saltan,

Et on voit déjà au loin

Le pays désiré.

Les marchands descendent à terre,

Le tsar Saltan les invite ;

Ils voient le tsar Saltan,

Coiffé de couronne,

Et la tisseuse et la cuisinière

Avec Babarikha la commère,

Sont assises près du tsar,

Regardent toutes les trois avec quatre yeux.

Le tsar Saltan met les invités

À table et leur pose les questions :

« Vous messieurs les invités,

Où étiez-vous, et combien de temps ?

Est-ce que tout va bien outre-mer ?

Et quel miracle y a-t-il au monde ?

Les négociants lui répondent :

Nous fîmes le tour du monde,

Outre-mer, la vie va bien,

Quant au miracle, le voici :

Au milieu de la mer, il y a une île,

Et une ville sur l’île.

Avec des églises à coupoles dorées,

Avec des manoirs et des jardins ;

Devant le palais pousse un sapin,

En dessous, une maison de cristal ;

Un écureuil savant l'habite

Et il fait des prodiges !

L’écureuil chante des chansonnettes

Et sans cesse, casse des noisettes,

Pas de simples noisettes,

Les coques sont d'or,

Les noyaux sont de pure émeraude ;

L’écureuil est soigné et gardé.

Il y est un autre miracle :

La mer houleuse bouillonne,

Boursouflée, se met à rugir,

Se déferle sur la grève vide,

Se répand à flots effervescents,

Et trente-trois bogatyrs apparaissent,

Leur cuirasse écaillée

Brûle comme de feu.

Tous beaux et braves,

Tous jeunes géants,

Tous égaux, comme choisis –

Avec eux Euxin, le précepteur.

On ne trouve pas la garde plus sûre,

Plus vaillante et vigilante.

Le Prince a une femme de qui

On ne peut pas décrocher ses yeux :

De jour, elle éclipse la lumière,

De nuit, elle éclaire la terre,

Le croissant resplendit sous la tresse,

Et l’étoile brille sur le front.

Le Prince Guidon dirige la ville,

Tout un chacun le loue sincèrement ;

Il t’envoie ses salutations,

Mais aussi un reproche :

Tu avais promis de s’y rendre

Mais tu manques jusqu'ici à ta parole.

 

Et le tsar ne voulut plus attendre,

Il ordonna d’équiper la flottille.

Et la tisseuse et la cuisinière

Avec Babarikha la commère,

Ne veulent pas laisser le tsar

Visiter l’île merveilleuse.

Mais Saltan ne les écoute pas

Et de plus, il les repousse :

« Suis-je un tsar ou un enfant ?  –

Dit-il fermement : – Je part ce soir ! »

Il piétina, sortit et claqua la porte.

 

 

Le Prince Guidon, près de la fenêtre,

Silencieux, regarde la mer :

Elle n’est pas agitée ni bruyante,

Seulement tremble très légèrement,

Et voici dans le lointain d’azur

Les navires émergèrent :

La flottille du tsar Saltan

Traverse les plaines de l’océan.

Le Prince Guidon alors bondit

Et s’écria à haute voix :

« Ma très chère mère !

Et toi, jeune Princesse !

Venez voir, regardez :

C’est mon père qui vient ici. »

La flottille s'approche de l'île,

Le Prince Guidon pointe sa longue-vue :

Le tsar se tient sur le pont

Et les regarde à sa longue-vue;

Avec lui, la tisseuse et la cuisinière,

Et Babarikha la commère ;

Elles sont étonnées

De la contrée inconnue.

Un coup des canons tonna ;

Les cloches de sonner à l’unisson ;

Guidon lui-même va vers la mer ;

Il rencontre le tsar,

Avec la tisseuse et la cuisinière,

Avec Babarikha la commère ;

Il conduit le tsar à la ville

Sans lui parler.

 

 

Tous le monde va au palais ;

Au portail, les cuirasses brillent,

Devant le tsar sont trente-trois bogatyrs,

Tous beaux et braves,

Tous jeunes géants,

Tous égaux, comme choisis,

Avec eux Euxin, le précepteur.

 

 

Le tsar entre dans la grande cour :

Sous un haut sapin

L’écureuil chante une chanson,

Casse une noisette d’or,

Sort une petite émeraude

Et la met dans un pochon ;

Et la cour spacieuse

Est ensemencée de coques d’or.

Tous vont plus loin, impatients de voir –

Et voici la Princesse-merveille :

Le croissant resplendit sous la tresse,

Et l’étoile brille sur le front.

Allure majestueuse,

Telle une paonne,

Elle mène par la main sa belle-mère.

Le tsar regarde - et reconnaît...

Son cœur bondit et il s’exlame :

« Que vois-je ? Qui est-ce ?

Comment ! » – il a le souffle coupé...

Le tsar fondit en larmes,

Il embrasse la tsarine,

Le cher fils et la jeune épouse,

Et tout le monde se met à table ;

Un joyeux festin commence.

Et la tisseuse et la cuisinière,

Avec Babarikha la commère,

Se cachent dans les coins ;

À grand-peine on les y trouva.

Et alors elles ont tout avoué,

Reconnu leur faute en sanglotant ;

Le tsar, à cause de la grande joie,

Renvoya chez eux toutes les trois.

Le jour fini – le tsar Saltan

Fut mit au lit, à moitié ivre.

J'étais là, je buvais l’hydromel –

Et ne fit que mouiller ma moustache.

1831

 

 
Traduit par Olga (TdR)

En russe Conte du tsar Saltan

 

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