Ваш браузер устарел. Рекомендуем обновить его до последней версии.

16/05/2019

 

La Providence et le tournesol

 Tournesol

 

En 1627 à Munich, Jérémie Drexel, écrivain et prédicateur allemand, publia son ouvrage réfléchi et systématisé en cinq volumes intitulé Heliotropium, seu conformatio humanae voluntatis cum divina (Hélianthe, ou la conformité de la volonté humaine à la volonté Divine). En 1714 à Tchernigov, l’ouvrage parut traduit en dialecte slave-russe : l’archevêque de Tchernigov Jean Maximovitch qui devait devenir plus tard métropolite de Tobolsk après être envoyé en Sibérie par le tsar Pierre Ier, a traduit le livre en l’adaptant pour le lecteur orthodoxe, russe en particulier. Le livre est l'une des très rares œuvres d’origine occidentale du deuxième millénaire à prendre racine parmi la lecture orthodoxe russe. Voici un extrait de la partie 5, chapitre VI « On a du mal à se fier à Dieu sans connaître la Providence de Dieu ».

 

1

C’est quoi, la Providence ? C’est l’une des propriétés fondamentales de Dieu : de voir tout ce qui agit, a agi et agira, comme le présent, et d'avoir un souci omnipotent pour préserver les créatures et gérer de façon raisonnable les phénomènes qu’elles produisent selon la loi immuable des causes et des conséquences. Saint Jean de Damas dit : « La Providence est la volonté Divine par laquelle tout est entretenu et tout est raisonnablement géré ». Élucidons plus en détail l'essence de cette thèse, pour mieux comprendre.

 

Dieu prévoit initialement la façon dont chaque objet créé (personne ou chose) est créé et à quoi il est destiné ; cela étant, Il prévoit des éventuels obstacles ou nuisances. Afin de lever ces obstacles, Dieu plein de Bonté a bien voulu choisir et indiquer les moyens pour aider l’homme à réaliser son destin. Dieu a préétabli tout cela depuis le tout début de la création du monde et mit en application avec son pouvoir incommensurable.

 

Ainsi, selon saint Dorotheus, la Providence Divine est la source et le début de tout bien. Cela est ouvert et connu de toute personne rationnelle, d'où vient le proverbe : « Suis Dieu ; ne t’oppose pas à Dieu ». Laisse au Très-Haut le souci et le soin de toi ; rappelle-toi que Dieu aménagera : les Saintes Écritures contiennent tout, alors que les gens anciens l’exprimaient dans les coutumes, dictons et légendes ubiquitaires.

 

Dieu nous a révélé Sa Providence dès le tout début du monde dans l’événement du déluge, dans l'extermination de Sodome par le feu, dans les miracles égyptiens, dans la manne tombée du ciel pour nourrir tant de milliers de Juifs, à qui Il avait donné la loi et découvert Sa propre présence (dans la proclamation des dix commandements du mont Sinaï) devant toute la congrégation du peuple. Dieu lui-même les a sortis d'Égypte ; Le Seigneur allait devant eux, le jour dans une colonne de nuée pour les guider dans leur chemin, et la nuit dans une colonne de feu pour les éclairer, afin qu'ils marchassent jour et nuit (Ex. 13:21). Il leur envoya d'innombrables cailles pour les nourrir, Il leur octroya de célèbres victoires sur leurs ennemis. La Sagesse même dit : Le Seigneur est le Seigneur de tous, sans distinction des visages des forts et des grandeurs, car Il a créé les petits comme les grands et pourvoit au sort de tous de façon égale (Sagesse de Salomon 6:7).

 

Afin d'implanter sincèrement dans nos cœurs la connaissance sur la Providence et sur les soins de nous, proposons les vérités fondamentales : « Rien dans le monde ne se produit par hasard ou par une occasion aveugle ». Si nous considérons des événements et des phénomènes sans examiner leurs causes et conséquences, ils nous semblent souvent accidentels, dus à notre bonheur ou notre malheur. Si nous les regardons du vrai point de vue, c'est-à-dire, si nous jugeons les phénomènes se produisant dans le monde selon le jugement de Dieu, nous verrons qu'il n'y a rien d'accidentel ou de ce qui se produirait sans volonté, prévoyance et sans Providence de Dieu.

 

La raison de Dieu (la Providence, le soin de Dieu) est illimitée et comprend tout ce qui fait l'objet de notre compréhension. En un instant, Dieu Tout-puissant pénètre dans tout et voit tout avec un seul coup d'œil immuable : la hauteur du ciel et la largeur de la terre, la profondeur de la mer et l'inconnu des enfers. Rien ne se passe sans raison. Job a dit justement : Pour moi, j'aurais recours à Dieu, et c'est à Dieu que j'exposerais ma cause. Il fait des choses grandes et insondables, des merveilles sans nombre; (Job 5,8–9). Il a tout prévu et a tout disposé par mesure, nombre et poids. (Sagesse 11, 21).

 

Ainsi, la merveilleuse Providence et le soin luisent dans toutes les affaires de la gouvernance Divine, le soin qui non seulement domine dans toutes les créatures (gère par son pouvoir), mais qui leur est inhérent et demeure en eux ; et nous pensons déraisonnablement que beaucoup d’événements dans le monde ne sont qu’une aveugle occasion, alors que tout sans exception se passe selon le dessein originel de Dieu, par Sa bienveillance et Providence.

 2 

Selon la juste affirmation du bienheureux Augustin, tout ce que nous considérons comme se produisant par hasard, sans raison et sans aucune disposition de Dieu, est fait selon la gérance de Dieu. Expliquons-le avec un exemple : un seigneur envoie deux serviteurs au même endroit, mais par des chemins différents, sans l'avoir dit à l'un ni à l'autre ; leur rencontre à cet endroit est fortuite pour les serviteurs : ils ne pensaient pas se rencontrer, mais elle n’est pas fortuite pour le maître. De même, un mendiant trouve un trésor par hasard : mais pour Dieu qui daigna que le trésor eût été enfoui là, que cet ouvrier l’ait trouvé et soit devenu riche, ce n'est plus un hasard, mais la Providence Paternelle de Dieu qui enrichit le pauvre ; chez Dieu, il n'y a pas de hasard, sans exception. Par conséquent, il ne faut pas penser que tout ce qui est relatif aux humains, s'accomplit de manière irraisonnable, par hasard ; tout se passe selon la loi éternelle établie par le Créateur omniscient ! Nous nous faisons souvent illusion sur ce que nous appelons un hasard là où la Providence et la plus grande Sagesse Divine se révèlent. Ceux qui attribuent quelque chose à la chance (fortune), nient la Providence de Dieu.


Ce n’est pas un hasard que les voleurs effrayés ont jeté le cadavre de la personne qu’ils avaient tuée, dans le cercueil d’Élisée, où la personne est immédiatement devenue vivante après avoir touché les os d’Élisée ; ce n'est pas un hasard que Moïse fut mis à l'eau dans un panier de roseaux goudronné et la fille du pharaon l’a trouvé et adopté. Ce n’est pas un hasard si Achab, roi d’Israël, fut frappé de la flèche lancée insciemment par un soldat et qui vola à travers les jonctions de l'armure (2Chroniques 18:33) ; en réalité, cette flèche a été dirigée par la main de Dieu, tout comme celle qui frappa Julien l'Apostat ; c’était un hasard seulement pour celui qui l’a lancée. Ce n’est pas un hasard si les hirondelles ont volé dans la maison de Tobit et privé de la vue l’homme vertueux (Tob. 2, 10). Cela survint par l'ordre de Dieu afin de donner l'exemple de sa patience aux générations suivantes, comme le montrent les paroles de l'Ange, le compagnon de Tobit, qui lui dit : « Dieu voulut tester ta patience ». Rien n'arrive par hasard. Ce n’est pas un hasard si le césar Auguste ordonna de recenser toute la terre au moment de la Nativité du Christ (Luc 2, 1). Ce n'est pas un hasard que le Christ rencontra la Samaritaine à la source de Sikhar (Jean 4, 5-7). Tout cela était prévu et enregistré dans les livres de la Providence Divine avant même tous les âges.

 

Lorsque les saints martyrs Cyprian et Justine furent condamnés à la décapitation pour la foi en Christ et étaient conduits sur le lieu de l'exécution, un Feoktist, monté à cheval, déclara : « Ces personnes sont condamnées injustement ». Le juge Felix a immédiatement ordonné qu'il soit démonté de son cheval et emmené à l'exécution avec les martyrs. Tes jugements sont insondables, oh Dieu ; Tes destinées comme un grand abîme (Ps. 35:7). La rencontre semblait être accidentelle ; mais c'est la Providence de Dieu.

 

Les moines ont posé une question à Paphnutius : « Quelle est la raison pour laquelle, parmi les disciples d'un enseignant unique, les uns ne réussissent pas ni dans la vertu ni dans l'enseignement, alors que les autres en réussissent ? » Paphnutius répondit : « Tout ce qui se passe dans le monde, se produit soit au gré de Dieu, soit avec la permission de Dieu ; mais les deux cas ont une relation étroite avec la justice et la Providence  de Dieu : les œuvres de la piété et de la vertu sont accomplies par ceux qui plaisent à Dieu par leur soumission (se reconnaissent comme la poussière et la cendre devant Dieu), par l’humilité ultime et l’amour fervent pour Lui ; tandis que les affaires de l’iniquité, perpétrées par ces gens orgueilleux qui ne se fient pas à Dieu et ne croient même pas en Sa Providence, s'appuyant sur leur raison et les forces humaines, ce sont eux qui produisent des désastres, outrages et divers troubles et contrevérités dans le monde, avec le consentement de Dieu ».

 

Pourquoi Dieu permet trop souvent de tels crimes ? Platon conseille de se taire, ne pas répondre à cette question : les définitions de Dieu sont un abîme ! Celui qui comprit que sans le dessein de Dieu et de Sa Providence et sans raison, rien n’a lieu dans le monde, exprima la vérité : « Je dirai au Seigneur Dieu : je suis la poussière et la cendre ! Et si je pense plus à moi-même, résiste à l’impie. Mais si je m'humilie et que je m'incline vers la terre qui constitue mon corps mortel, que Ta grâce se penche vers moi, Ta lumière éclaire mon cœur, et les restes de mon orgueil ancien disparaissent dans mon insignifiance. Au-delà, montre-moi ce que je suis, ce que j'étais et ce que je serai - je suis rien, mais sans Toi je ne saurais même cela. Laissé à moi-même, je souffre de mes infirmités ; mais un seul Ton regard me fortifiera et remplira de joie ».

 

Augustin dit : « La mer du monde est agitée ; Toi, Seigneur, vois les méchants qui prospèrent (satisfaits de tout), tandis que les bons sont opprimés : voici la tentation, voici la tempête ; oh Seigneur Dieu ! Ta vérité, est-elle en ce que les méchants prospèrent et les bons souffrent ? Et Dieu te répond : Est-ce ta foi ? C’est cela que Je t'ai promis ? Es-tu appelé chrétien pour profiter des succès de ce monde ? »

 

Humilions-nous devant Dieu et calmons nos cœurs en croyant en la Providence de Dieu si nous voyons des méchants qui dominent, des pieux qui sont persécutés et opprimés ; la piété éradiquée, la vérité ravagée : rien de tout cela ne serait arrivé si Dieu ne l'avait pas permis ; et Il n'aurait vraiment pas permis s'Il n'avait pas de raisons suffisantes pour lesquelles Il jugea bon de permettre plutôt que d'interdire. Vous dites : « De cette permission, de diverses catastrophes découlent et les plus grands troubles ». On peut le regretter, mais de manière raisonnable : car, pour des raisons très justes, Dieu l’a bien voulu, Qui peut produire un bien merveilleux à partir du plus grand mal, aussi facilement qu'il est facile de retirer l'épée de son fourreau.

 

Ne soyez pas surpris que les jugements de Dieu soient mystérieux et insondables : à la seconde venue du Christ, le jour du Jugement dernier, la vie de chaque personne sera représentée comme dans un miroir ; et chaque raison pour laquelle la Providence de Dieu a arrangé tel ou tel événement et pourquoi elle l'a arrangé, partout : dans tous les royaumes, villes, familles, et pourquoi une chose ou une autre s'est produite à chaque personne. Tout sera révélé : combien le Seigneur était miséricordieux envers ceux qui ont péché, et chacun d'eux sera, plus ou moins, sans réponse ; on découvrira également à quel point le procédé de la gestion du monde de Dieu était conforme à Sa gloire et Sa justice et comme il est approprié et bienfaisant envers toutes les choses de la nature.

 

N'oublions pas qu’à partir de tout mal, Dieu fait un bien. Quoi de plus triste que la chute d'Adam et Ève, avec toute la race humaine ? Cependant, Dieu les a rétablis de telle façon que la position actuelle du chrétien est supérieure à celle d'Adam au paradis ; la mort du Christ sur la croix est un scandale pour les Juifs et folie pour les païens (1Cor. 1:23) ;  pourtant, elle est devenue le salut du monde entier, à tous les invités1, l’honneur, la gloire et l’acquisition de la vie bienheureuse éternelle.

 

1 Je vous dis qu'aucun de ces invités ne goûtera mon souper, car beaucoup avaient été invités, mais peu sont choisis. (Luc 14:24, Matthieu 22:14).

 

Traduit par Olga (TdR)