08/12/2020 (2028)
Le paradis et l’arbre de vie. Saint Isaak le Syrien
Premièrement, voici quelques mots et une citation de saint Isaak, pris du livre « Enseignement historique sur les pères de l’Église » du saint évêque Philaret de Tchernigov (XIXe siècle).
Saint Isaac a consacré toute sa vie à l'étude de son âme dans la solitude, et aucune autre édification n'est remplie de renseignements psychologiques aussi profondes que celles de saint Isaac ; ayant passé les degrés de la vie spirituelle contemplative, saint Isaac présente des instructions sur la contemplation, sublimes et basées sur une solide expérience. La vie spirituelle est décrite dans ses enseignements, appliquée aux états les plus insaisissables de l'âme. Voici l'enseignement empirique de saint Isaac sur la raison naturelle et spirituelle !
«Il y a la raison antérieure à la foi ; il y a la raison née de la foi. La raison antérieure à la foi est la raison naturelle, et celle qui est née de la foi, est la raison spirituelle. La raison naturelle peut distinguer le bien du mal, on l'appelle la distinction naturelle, à travers laquelle nous distinguons le bien du mal naturellement, sans apprendre. Dieu mit cette raison dans la nature intelligente ; l'enseignement lui donne cependant de l'augmentation. Il n'y a personne qui ne l'ait pas... Le prophète réprimande ceux qui ont perdu ce discernement à distinguer le bien du mal, par ces mots : et l'homme, étant dans l'honneur, n'a pas compris, est devenu égal aux animaux insensés, devenu comme eux. (Psaume 48, 13) La vertu de la nature intelligente réside dans la discrimination entre le bien et le mal. Par conséquent, le prophète a comparé à juste titre ceux qui l'ont perdue au bétail insensé, dépourvu de raison et de réflexion... La puissance de la nature témoigne que l’homme doit croire en Dieu Qui a donné l'existence à tout, et croire aux paroles de Ses commandements et les exercer.
La crainte de Dieu naît de la foi. Quand elle accompagne les actes, et augmente peu à peu son action, alors elle donne naissance à la raison spirituelle, le fruit de la foi... La foi produit la crainte en nous, la crainte nous fait nous repentir et agir, et c’est ainsi que la raison spirituelle est donnée à l’homme, la sensation de secrets qui fait naître la foi avec une contemplation fidèle... Nous recevons la promesse de ce don dans le baptême. La raison spirituelle est la capacité de ressentir le caché. Quand quelqu'un ressent cet invisible et supérieur, ce sentiment est appelé la raison spirituelle ; de ce sentiment, une autre foi naît, non contraire à la première, mais confirmant la première. On l'appelle la foi de contemplation. Avant, il y avait la foi par l'écoute, mais maintenant c'est la contemplation. La contemplation est plus vraie que l'écoute. L'âme qui s'est livrée une fois à Dieu, et par la foi et par de nombreuses expériences acquit le sentiment de Son assistance, ne se soucie plus d'elle-même. Sinon, à cause de la contre-action de la raison, elle aurait perdu la Providence Divine qui la visite secrètement, s'en soucie constamment et l’accompagne sans relâche de toutes les manières. Ceux en qui s'élève la Lumière de la foi, voient à chaque heure, avec les yeux intelligents de la foi, la Providence paternelle dont le vrai Père les couvre. » [1, § 256]
Le paradis et l’arbre de vie
Le paradis est l'amour de Dieu, où l’on jouit de toutes les félicités – où le bienheureux Paul reçut une nourriture surnaturelle, et dès qu’il goûta de l'arbre de vie, il s'exclama en disant : « l'œil n'a point vu, l'oreille n'a point entendu, et le cœur de l'homme n’a point connu ce que Dieu a préparé pour ceux qui L'aiment. » (1Cor. 2:9) Adam a été éloigné de cet arbre par le dessein du diable. L'arbre de vie est l'amour de Dieu, duquel Adam a déchu, et depuis lors, il ne rencontrait plus la joie, mais travaillait et peinait sur la terre d’épines. Les privés de l'amour de Dieu, même s'ils marchent dans la justice, mangent dans leurs œuvres le pain de sueur commandé de manger au primitif après son écartement de l'amour de Dieu. Jusqu'à ce que nous trouvions l'amour, notre œuvre est sur la terre d'épines ; et bien que nos semailles soient les semailles de la justice, néanmoins nous semons et récoltons au milieu des épines, et chaque heure nous en sommes blessés, et, peu importe ce que nous faisons pour nous justifier (malgré le nombre d'actes de justice que nous avons faits), nous vivons à la sueur. Et quand nous gagnerons l'amour, alors nous commencerons à manger le pain du ciel et à nous fortifier sans travail ni labeur. Le pain céleste est le Christ, Qui est « descendu du ciel et donne la vie au monde » (Jn 6:33), et c'est la nourriture des anges.
Celui qui a trouvé l'amour, goûte le Christ chaque jour et chaque heure, et en est rendu immortel ; car il est dit: « Quiconque mange de ce pain que Je lui donnerai, vivra éternellement » (Jn 6:51,58). Bienheureux est qui goûte au pain d'amour, qui est Jésus. Qui goûte à l'amour, goûte au Christ, au Dieu Qui est par-dessus de tout ; Jean en témoigne en disant : « Dieu est amour » (1Jean 4:8,16). Ainsi, celui qui vit dans l'amour, récolte la vie de Dieu encore dans ce monde ; qui hume l’amour ici, respire l’autre air de résurrection. Les justes bénéficieront de cet air après la résurrection. L'amour est un royaume ; le Seigneur a mystérieusement promis aux apôtres qu'ils auraient goûté l’amour dans Son royaume. Car ce qui est dit : « afin que vous mangiez et buviez à Mon repas dans Mon royaume » (Lc 22:30), signifie quoi d'autre sinon l'amour ? L'amour suffit à nourrir l’homme sans manger et boire. Voici le vin qui réjouit le cœur de l'homme (Psaume 103, 15). Bienheureux est qui boit ce vin ! Les immodérés en burent et eurent honte ; les pécheurs burent et oublièrent les chemins d'achoppement ; les ivrognes burent et devinrent jeûneurs ; les riches burent et voulurent la pauvreté ; les pauvres burent et s'enrichirent d'espérance ; les malades burent et devinrent forts ; les ignorants burent et devinrent sages.
Tout comme il est impossible de traverser une grande mer sans bateau, personne ne peut atteindre l'amour sans la crainte de Dieu. La mer infecte qui nous sépare du paradis spirituel ne peut être traversée que sur le bateau de repentir avec les rameurs de crainte. Mais si ces rameurs de crainte ne guident pas le bateau de repentir qui nous amène à travers la mer de ce monde à Dieu, alors nous nous noyons dans cette mer infecte. Le repentir est le bateau, la crainte est le barreur, et l'amour est le port Divin. Donc, la crainte nous amène sur le bateau de repentir, nous transporte à travers la mer infecte de la vie et nous conduit au port Divin qui est l'amour. Tous ceux qui peinent et sont accablés de repentir, arrivent à ce havre. Et quand nous atteignons l'amour, alors nous avons atteint Dieu, notre chemin est accompli, nous sommes arrivés à l'île de l'autre monde, où sont le Père, le Fils et le Saint-Esprit.
(Parole 83)
Traduit par Olga (TdR)