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9/07/2016

 

Eugène Spitsyne: On nous propose d'interdire par le Code criminel l'étude de notre propre histoire sur la base des documents et des faits, de porter un jugement?

 

Le parlement de Karatchaïevo-Tcherkessie a proposé d'introduire une sanction pénale pour la  négation ou le suffrage des déportations staliniennes. En même temps, certains députés et «juristes» dans la Douma d'État, en commentant l'initiative, ont déjà déclaré qu'il fût inadmissible de  nier les «crimes de Staline».

 

Commençons par le fait que tout crime est une chose qui doit être prouvée en cour. Pour autant que je sache, il n'y eut aucune procédure judiciaire sur cette question, il n'existe que la volonté de certains pseudo-historiens modernes, des personnalités publiques  qui aggravent de nouveau le problème. Si vous appelez la déportation des peuples pendant le temps de Staline un crime, alors lancez une procédure judiciaire, et là, tous les documents et sources fiables doivent être présents, y compris ceux sur la base desquels la direction politique soviétique avait pris la décision de déporter des peuples entières.

 

On présente l'affaire de telle façon que des gens totalement innocentes ont été déportés, qui dans les années de la Grande guerre patriotique ne fussent pas collaborateurs. Ainsi, on nous propose d'introduire dans le Code pénal une norme qui interdit l'étude de ces événements sur la base de documents étudiés, pour faire des estimations sur la base de preuves solides, même si quelques-uns n'aiment pas ces estimations. Mais avec cela, toute personne qui exprime un avis opposé sur la base d'une étude objective des documents, sera inculpée d'une infraction pénale. Quel est le corps du délit? Un délit peut être intentionnel ou non intentionnel - à quel titre cette norme serait-elle fixée dans le Code pénal? Quel soit le motif de ce genre de «crime»? Va-t-on punir et mettre en prison pour cela? C'est quoi cet outrage?

 

Par exemple, moi, je nie l'Holocauste. Les dirigeants politiques soviétiques niaient l'Holocauste - je pense à Staline, Molotov et autres dirigeants qui étaient participants et témoins vivants de la Grande guerre patriotique. Sur la base de quoi je nie l'Holocauste? Sur la base du fait que l'idéologie nazie, en particulier le plan Ost, prévoyait l'extermination non seulement des Juifs ou des Tsiganes, mais aussi les nations slaves, dont les Russes. Alors, pourquoi nous concentrons notre attention sur les victimes précisément du peuple juif? Est-ce qu'il n'y avait pas de Juif parmi les nazis? Bien sûr, il y avait. Par exemple, un historien américain Bryan Rigg a publié, au début des années 2000, une étude scientifique spéciale «Les soldats juifs de Hitler: l'histoire non racontée des lois raciales nazies et des personnes de l'origine juive dans l'armée allemande». Il a prouvé que sur les fronts de la Seconde guerre mondiale, environ 150 mille Juifs ethniques ont combattu dans le cadre de la Wehrmacht allemande. Et si on prend le total, le peuple russe, et les Slaves en général, ont apporté les plus grands sacrifices sur l'autel de la victoire dans la Grande guerre patriotique et la Seconde guerre mondiale. Et je ne parle pas de Chinois - 35 millions de personnes ont péri là-bas. Mais personne ne crie la mort de 35 millions de Chinois! Très peu de gens en savent.

 

Lors du procès de Nuremberg, les criminels nazis furent condamnés. Mais un certain nombre de crimes nazis, dont ils étaient accusés, n'ont pas été prouvés en cour. Et sur ces charges-là, le tribunal n'a pas rendu la sentence. Relativement parlant, ils ont été en réhabilités - ils n'étaient jugés que pour les crimes reconnus à la justice.

 

Et la plaque à Mannerheim?1 Nous avons une loi interdisant la propagande nazie, elle devrait être en vigueur, non? Je pense que M. Medinsky [ministre de culture] et Cie soient devenus otages de certains milieux politiques. Je les appelle conditionnellement les «à la monarchistes» - les clowns costumés, qui, en fait, sont montés un coup au chef de la Société militaire-historique russe. Ils commencent à raconter des histoires de Mannerheim blanc comme neige, mais il faut carrément comprendre que l'armée finlandaise fut l'un des participants à la guerre contre l'Union Soviétique.

 

La Finlande était un satellite militaire de l'Allemagne, les Finlandais combattaient sur le territoire soviétique, et ils combattaient dans le groupe uni de l'armée, qui comprenait l'armée allemande de la Norvège et deux armées finlandaises, l'armée de Finlande et l'armée de Carélie. Elles bataillaient dans la région de Mourmansk, dans la République soviétique de Carélie - elle était alors une république de l'Union, et dans la région de Léningrad. C'étaient les Finlandais qui se sont emparés de Petrozavodsk, capitale de la Carélie, se sont emparés de Medvejiegorsk, et ont bloqué Léningrad du côté nord. Sur le territoire de la Carélie il y avait sept camps de concentration où furent torturés à mort des milliers de citoyens soviétiques, y compris les femmes et les enfants. C'était l'artillerie et les avions finlandais qui  mitraillaient et bombardaient la Route de la vie sur le lac Ladoga. Enfin, déjà Viatcheslav Molotov dans son discours du 22 juin 1941 a spécifié explicitement que la force aérienne allemande a  bombardé les villes soviétiques, y compris depuis les territoires de la Roumanie et de la Finlande. Ce fut très clairement dit dans le discours de Molotov  - non seulement de l'Allemagne, mais aussi de la Finlande!

 

Et on veut nous raconter des histoires que nous soyons méchants, nous avons attaqué la Finlande le 25 juin et elle fut forcée d'aller à la guerre. Mais le point est que les Luftwaffe allemands ont frappé notre territoire depuis les aéroports finlandais, et bien sûr, nous avons porté une frappe aérienne en réponse. Ce ne fut que plus tard, à la fin de 1944, les Finlandais ont signé une paix séparée sur le principe de «rats fuyant un navire en perdition», lorsque le sort de l'Allemagne nazie était scellé.

 

Je crains qu'une nouvelle boîte de Pandore s'ouvre. Si maintenant on produit au grand jour tous les documents relatifs à la déportation des peuples - ce serait certainement «une bombe nucléaire». Tous les rapports de NKVD, MGB, SMERCH, les rapports, par exemple, des conseils militaires, des départements spéciaux des fronts, des armées, des corps, et ainsi de suite, ce qui peut être une énorme quantité de faits sur la collaboration des peuples du Caucase du Nord et des Tatars de Crimée. Et nous allons obtenir quoi alors?

 

Je pense que toutes les choses de ce genre - d'enterrer Lénine, d'ériger un monument à Koltchak à Omsk, d'apposer la plaque à Mannerheim précisément à Léningrad [Saint- Pétersbourg], ce projet de loi et d'autres initiatives - tout cela est coordonné d'un seul centre, probablement localisé à l'étranger. On frappe sur tous les vecteurs possibles en vue de diviser notre société. Au lieu d'axer l'action de notre peuple sur la création, réunir les gens pour réaliser des tâches grandes et réelles dans le domaine de l'économie, du social, pour comprendre enfin et prendre la bonne direction, en se débarrassant du capitalisme zooïde qu'on nous avait imposé en 1991 et qui s'est manifesté dans toute sa gloire en Russie aujourd'hui - nous recevons ce genre de choses.

 

Evgueny Spitsyne 

Article original nakanune.ru

Traduit par Olga (TdR)

 

1 Au mois de juin, la plaque commémorative de Mannerheim, maréchal finlandais, allié de Hitler, fut inauguré solennellement à Saint-Pétersbourg, en présence du chef de l'administration présidentielle Sergueï Ivanov et du ministre de culture Vladimir Medinsky. L'explication fut l’ancien service de Mannerheim dans l'armée de tsar avant les révolutions de 1917. (En 1918, après le retour de Mannerheim en Finlande, ses troupes furent connues par les massacres des Russes de toute sorte.) Ensuite, les patriotes inconnus ont arrosé la plaque de peinture. Puis l'administration de Saint-Pétersbourg a dit que la plaque avait été établie par dérogation à la loi de la ville et l'a couverte de pellicule en polyéthylène. (Ndt)