09/09/2020 (2028)
Parole sur la foi
Siméon le Nouveau Théologien
1. La foi, c’est croire en Dieu impénétrable, Qui fit sortir de l’inexistence à l'être le ciel, la terre, la mer et toute la création visible et invisible. Tous les anciens prophètes et justes avaient cette foi, depuis Adam jusqu'au dessein réalisé, notre Seigneur Christ. Après l'incarnation du Christ, la foi, c'est croire au Père et au Fils et au Saint-Esprit, en un seul Être et trois Faces, et au grand mystère de l'incarnation du Christ, c'est-à-dire en ce que le Fils et la Parole de Dieu et Père, sans se séparer du Père, est descendu du ciel et S’est incarné du Saint-Esprit et de Marie la Vierge, devenu un homme parfait, ayant un corps et une âme intelligente unis à la Divinité ; qu'Il était Dieu et homme en une seule et même personne, avec deux natures parfaites – Divine et humaine, unies inséparablement et sans fusion ; qu'Il a souffert par volonté et S’est fait crucifier, et S’est fait enterrer aussi par volonté, et que lorsque Son âme se sépara du corps au moment de la mort, la Divinité ne se sépara pas de Son âme ni du corps ; qu'Il est ressuscité le troisième jour et après quarante jours, est monté au ciel comme un homme, et est assis sur le trône de Sa Divinité avec Sa chair, chanté avec le Père et le Saint-Esprit par toutes les armées célestes ; que tous ces mystères du dessein incarné du Christ ont été accomplis afin que ceux qui croient en Lui revêtent à nouveau le Saint-Esprit, perdu par Adam originel quand il est devenu un transgresseur du commandement de Dieu, et cela pour que, fortifiés par la grâce du Saint-Esprit, ils accompliraient les commandements de Dieu et vaincraient le diable et tous les démons invisibles, car sans l’Esprit Saint personne ne peut échapper au péché, ni accomplir les commandements de Dieu, ni s’opposer à l’autorité et l'emprise que les démons eurent sur nous.
La foi est encore de croire aux promesses de bienfaits prononcées dans les Écritures Divines à ceux qui accomplissent les commandements de Dieu, et aux menaces de tourment éternel pour ceux qui les violent. La foi est aussi d’être fidèle à tout ce qui est de Dieu, qu'il s'agisse de dogmes ou de commandements, ou, pour mieux dire, être fidèle à la grâce du Saint-Esprit, c'est pourquoi tout chrétien est appelé fidèle. La foi est encore de confier à Dieu soi-même et de toute son âme remettre tout son salut à Lui seul. La foi est encore d’être sûr que Dieu fait tout ce qui plaît à Sa bonté, et d’être certain qu'Il le fait de la meilleure façon. La foi, c'est aussi s’en remettre à la grande et invincible puissance du Dieu Tout-puissant et d'avoir l'audace de la foi à point de pouvoir commander, et les montagnes se déplaceraient ; très peu parviennent à une telle foi, car il est écrit que tous n'ont pas la foi (2Thess. 3:2). Il est impossible d'être sauvé à quiconque n'a pas une foi ferme et fidèle au Christ le Seigneur, qui ne croit pas, sans hésiter, aux paroles de Dieu, qui n'a pas l'amour pour Dieu et les hommes, l'amour qui est issu de la bonne conscience avec l'humilité et la charité.
2. De par la foi, la grâce de Dieu vient, avant toute autre vertu, comme un fondement de toute vertu, et déjà avec l'aide de la grâce de Dieu, toute vertu est établie dans le cœur et est efficiente ; de sorte que toute vertu qui ne vient pas de la grâce de Dieu, n'est pas imputée par Dieu comme une vertu véritable, parce qu'une telle vertu n'est pas de Dieu. Il arrive que les démons entraînent également quelques vertus apparentes, enseignant aux gens à paraître chastes, miséricordieux, doux et les retenant ainsi dans l'arrogance et l'orgueil. Mais la grâce de Dieu vient à l’homme, quoiqu'impur, mais qui a un cœur vraiment bienveillant et reconnaissant, et la vraie reconnaissance est de reconnaître avec son cœur que la grâce est la grâce. Et il est impossible à celui qui a reçu la grâce l’apprécier comme il se doit s'il ne reconnaît pas d'abord la grandeur de la grâce qu'il a reçue. Ceux qui ne sont pas conscients de la grandeur de la grâce reçue, ne la chérissent pas.
Donc, nous devons savoir que non pas pour de bonnes actions, faites auparavant, la grâce de l’Esprit Saint vient à quiconque croit en Christ (si elle était pour les bonnes actions, alors il n'y aurait pas de grâce, mais un paiement pour les actions), mais elle vient de Dieu pour la foi, vient avant toutes les bonnes actions, et déjà sur elle, comme sur une base solide, les bonnes actions se construisent, qui ne sont accomplies qu'avec l'aide de la grâce ; si bien que Dieu désavoue les œuvres qui se produisent sans la grâce de l’Esprit Tout-saint comme si elles n'étaient pas faites du tout. Le bien n'est plus le bien s’il n’est pas fait de la bonne manière, mais il est impossible que le bien se fasse ainsi sans la grâce du Christ. Si cela était possible, Dieu ne serait pas venu sur terre pour devenir un homme, afin d'accorder aux hommes la grâce qui aide seule à faire tout bien de la bonne manière. Et béni est l'homme qui sait qu'avec l'aide de la grâce du Christ, tout bien peut être fait bien ; misérable est celui qui n'a pas connu cela, il détient en vain la foi du Christ.
C’est pourquoi la plupart des gens, quand ils chantent les psaumes et font les prières, ne les prononcent pas qu’avec leur bouche, pendant que leur esprit parle aux démons, parce que les démons s'emparent de l’esprit et l'encerclent avec les pensées vides, mondaines, charnelles, rancunières, pour que le bien, la prière et les psaumes ne soient pas faits de façon convenable qui plaît à Dieu. Il est donc évident que le bien ne peut pas être fait de façon convenable sans la grâce du Christ. S’il est impossible sans la grâce de Dieu de faire le bien de bonne manière, alors de quel vrai bien l’homme peut-il se vanter comme si c’était sa propre affaire ? C'est pour cela que l’humilité et la contrition sont un signe des vrais chrétiens qui sont conscients qu’ils n’ont rien de bon en eux-mêmes, mais ont tout bien de la grâce de Dieu. Et la superbe, l’arrogance, la vanité, l’impudence, l’orgueil, l’ambition et l’humilité ostentatoire pour la renommée parmi les gens, ce sont les signes des chrétiens pas vrais.
3. La foi et les bonnes œuvres sont donc deux choses inextricablement liées. La foi sert les bonnes œuvres, mais les bonnes œuvres ne s’accomplissent pas pour la foi, mais par la foi. Sans la foi, personne ne peut faire de véritables bonnes œuvres et plaire à Dieu, parce que la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ vient par la foi à celui qui crut en Lui. La grâce est donnée dans la mesure de la foi que la personne manifeste. Qui a une grande foi, une grande grâce lui est donnée ; qui a peu de foi, une grâce faible lui est accordée. Mais il faut aussi se rappeler que la foi seule, ne fût-ce que la vraie et orthodoxe, n’apportera aucun avantage à celui qui ainsi croit sans bonnes actions. La manifestation de la foi est la puissance issue de la foi ; la manifestation de la puissance est l’exécution zélée des commandements de Dieu et des œuvres agréables à Dieu. Car l’action vivifiante, ou l’énergie, vient de la puissance dont la possession permet de faire quoi que ce soit. Ainsi, puisqu’il est impossible de plaire à Dieu (avec de bonnes œuvres) sans foi, il est clair que la foi donne le pouvoir de faire des bonnes œuvres selon la volonté de Dieu. La foi, par rapport à ce que je dis, n’est pas seulement celle qui consiste à croire en Christ et en toutes Ses paroles, mais plutôt celle qui consiste à oser en Christ et à porter dans le cœur la certitude que par la puissance du Christ, on peut se libérer du mal et accomplir toute vertu, comme l'a confessé le saint apôtre Paul, en disant : j'ai travaillé plus qu'eux tous, non pas moi toutefois, mais la grâce de Dieu qui est avec moi. (1Cor.15:10).
Ainsi, quiconque ne fut pas honoré de recevoir la grâce du Christ et de la connaître, intelligemment inhérente à son âme, porte en vain le nom du chrétien ; il est similaire aux infidèles. Il peut penser qu'il évite tout mal et exerce toute vertu, mais en vérité, c’est un menteur est aussi un imposteur. Même s’il travaille, son travail est en vain. Même s’il donna tous ses biens aux pauvres, et jeûne, veille, dorme par terre, prie en criant : Seigneur, aie pitié ! Mais s'il ne porte pas dans son cœur la certitude que la grâce de Dieu, donnée pour la foi, est la miséricorde de Dieu, et ne cherche pas cette seule grâce avant tout autre ; s'il n’a même pas songé qu'il a donné ses biens et s’est exposé à toutes les épreuves et souffrances seulement pour cette grâce ; s'il ne s'efforce pas dans ce but, pour recevoir la grâce pour la première fois par le Baptême, ou bien, s'il l'eut, mais elle s’est éloignée à cause de son péché, la restituer par la repentance, la confession et la vie d'abnégation ; et si ses aumônes, jeûne, veillées, prières et ainsi de suite ne sont pas à cette seule fin, mais il s’imagine faire des vertus glorieuses et des bonnes actions appréciées de Dieu comme telles – alors il travaille dur et s'épuise en vain.
Ce but que j'ai rappelé, est depuis le commencement du monde le mystère caché du christianisme, révélé dans les derniers temps (Col.1:26). Paul l'avait à l’esprit quand il dit que Dieu veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité (1Tim. 2:4) Car la connaissance de la vérité n'est rien d'autre que cette même grâce. Elle est la vérité qui est venue par Jésus Christ, selon le Saint Evangile (Jn 1:17). Et il est impossible pour un chrétien de trouver la faveur de Dieu, s'il ne connaît pas cette grâce. Car de même que Christ ne pouvait pas faire des signes et des prodiges pour les incroyants, Il ne peut gracier aucun de ceux qui, même s’ils croient en Lui, n'ont pas d'abord su que c'est la grâce du Christ, donnée par Lui et à travers Lui, qui est la miséricorde et le salut. Personne ne peut être sauvé d'une autre manière, s'il ne reçoit pas la grâce Divine qui vient le diviniser, ou faire de lui un dieu par grâce. Frères, disposons-nous à faire toutes nos œuvres à cette seule fin, c'est-à-dire pour recevoir et connaître la grâce et la miséricorde de Dieu en Jésus-Christ notre Seigneur, à Qui gloire et puissance, avec son Père sans commencement et Son Esprit Tout-saint pour toujours et à jamais.
Traduit par Olga (TdR)