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12/05/2020 (2028)

Parole sur la vanité du monde et la résurrection des morts

Saint Antoine le Grand

 

Mes bien-aimés, la vie actuelle nous est donnée afin que nous puissions nous préparer à la vie éternelle, à la gloire immuable. La vie actuelle se termine par la mort, et la gloire du monde est inconstante et passagère. De nombreux puissants de la terre sont inopinément ramenés en enfer ; de nombreux juges terrestres se retrouvent jugés par ceux qu'ils avaient jugés auparavant ; les riches sont appauvris ; ceux qui avaient été considérés comme sages sont reconnus comme insensés ; les forts sont affaiblis ; les sains sont tombés dans une maladie ; ceux qui avaient eu le pouvoir l'ont perdu. Il n'y a rien de durable et constant dans le monde, car il n'y a rien de bon. Les enfants méprisent et insultent leurs parents ; les parents ont peur de leurs enfants. Les femmes quittent leurs mari ; les maris ne maintiennent pas la fidélité conjugale à leurs épouses. Les jeunes hommes, ainsi que les vieux, perdent la raison ; les vieux, comme les jeunes hommes, s'adonnent à des plaisirs vicieux. Il n'y a pas de fidélité entre amis et d'amour entre frères. Les gens montrent l'amour en conversation ; mais dans le cœur, ils se détestent. On voit partout la perfidie et la méchanceté, partout la tromperie domine. Personne ne pense à Dieu, personne ne songe qu'après sa mort, il devra rendre compte de sa vie à Dieu. À cause de l'oubli de Dieu, le mal se multiplie entre nous. Dieu nous donna la raison pour que, en connaissant Sa volonté, nous fassions le bien ; mais nous connaissons Sa volonté et faisons le mal. Dieu nous a ordonné d'être vertueux pour que nous accomplissions ce qui est juste et ce qui Lui plaît ; mais nous aimons l’impiété. Il nous a donné la richesse, afin que nous apportions une assistance aux pauvres ; mais possédant la richesse, nous opprimons les pauvres. Il nous a donné le pouvoir et la force, afin que nous protégions des innocents qui sont persécutés ; mais nous ne les protégeons pas, mais les persécutons.

 

Nul ne marche dans la voie des commandements de Dieu. L'amour a tari et la haine a multiplié son fruit. La sincérité est considérée comme rien, l’hypocrisie est présente partout. L’humilité est devenue honteuse, l’orgueil vénérable. La vérité est bannie, et les mensonges règnent sur la terre. Ô la profondeur de la richesse, de la bonté et de la longanimité de Dieu ! Il tolère longtemps nos iniquités et ne nous punit pas. Il tempère Son courroux, et ce n’est pas parce qu’il ne puisse nous punir aussitôt ; mais parce que, comme un Père miséricordieux, Il attend que nous nous repentions et nous tournons vers Sa charité. Car Dieu ne veut pas la mort, mais le repentir du pécheur. Et notre pouvoir est-il grand que nous résistons à la puissance de Dieu ? Le vent nous a soufflés, et nous sommes desséchés ; une tempête s'est levée et nous a dispersés comme de petites tiges. De quoi la terre et la poussière peuvent-elles être fières ? Il est écrit : « J'ai vu l'impie extrêmement élevé : il égaloit en hauteur les cèdres du Liban ; Et j'ai passé, et déjà il n'étoit plus ; et je l'ai cherché, et l'on n'a pu trouver le lieu où il étoit. » (Ps. XXXVI ou 36)

 

Ne penserons pas qu'avec la mort nous serons réduits au néant, et qu'il n'y aura aucun jugement après la vie terrestre. Non, après la mort, il y aura la résurrection des morts, et nous serons jugés par Dieu, Qui rendra justice à chacun selon ses œuvres. Ne nous tromperons pas donc, ne vivrons pas comme des animaux sans paroles. S'il n'y a pas de résurrection, il n'y a pas de mort. S'il y a la résurrection, il y aura le jugement. Car Celui qui imposa la mort à l’homme, lui promit aussi de rendre un jugement. Si Dieu est juste dans le premier cas, Il ne peut pas non plus tromper dans ce dernier. Qu’est-ce plus pratique pour l'homme : de détruire la vielle maison et la reconstruire à partir de la même substance, ou de préparer une nouvelle substance et construire une nouvelle maison ? Si Dieu a produit du néant la terre, à partir de laquelle l'homme fut créé, ne peut-Il plus commodément recréer en première image le même homme, mort et transformé en terre ? Dieu ne ressent aucune difficulté dans Ses œuvres. Son œuvre est Sa parole ; et Sa parole est Sa pensée. « Il a parlé, et toutes choses ont été faîtes », dit l’Écriture sur Dieu (Ps. XXXII ou 32). « Il évoque l’inexistant comme existant » (Rom.  4:17). De même que la force et la puissance de Dieu sont impénétrables, Ses œuvres le sont aussi. Et comme Sa sagesse est incommensurable, ainsi « Ses voies sont inexplorées » (Rom. 11:33). Laissons donc l'incrédulité. Ayons plus peur d’être condamnés pour l'incrédulité que pour les mauvais actes. Les mauvais actes proviennent parfois de notre faiblesse ; par contre, l'incrédulité émane de la déraison et de l'arrogance. Donc, tant que nous avons le temps, prenons soin de nous-mêmes et essayons de trouver la miséricorde auprès de Dieu pour nos péchés, afin qu'Il n’ordonne pas de lier nos mains et nos pieds et nous jeter dans les ténèbres profondes, où il y aura « des pleurs et des grincements de dents » (Mt. 13:42). Que signifient les pleurs, sinon la violence des tourments terribles ? Quoi d'autre montrent les grincements de dents, sinon la repentance tardive des péchés commis ? Car c’est alors que nous commencerons à nous en vouloir et à reprocher nous-mêmes avec des grincements de dents, lorsqu’il n'y aura plus de temps pour le repentir et l'espoir de la libération.

 

Donc, si dans le court laps de temps de cette vie nous pouvons servir Dieu et nous protéger de l'enfer et des tourments éternels, alors pourquoi sommes-nous négligents et méprisons les commandements de Dieu, pourquoi suivons-nous nos mauvais désirs et devenons dignes du châtiment éternel ? Notre grand Dieu, aimant l'homme, « riche en miséricorde » (Éphés. 2:4) et fort dans Ses œuvres, renforcera Lui-même notre faiblesse et « écrasera bientôt le satan sous nos pieds » (Rom. 16:20), et nous donnera force et raison spirituelle, afin que, dans le temps qui nous reste, nous Le servions vraiment et fidèlement, et obtenions Sa miséricorde le jour redoutable de Son jugement. Amen.

 

 

Article original

Traduit par Olga (TdR)