Ваш браузер устарел. Рекомендуем обновить его до последней версии.

30/01/2020

 

La tour au lieu du temple

Partie I. Le récit de la guerre

 

Le chapitre V du livre I nous fait savoir que les pharisiens « gèrent toutes les affaires du royaume ». (I, V, 2)

Les chapitres IX et X du deuxième livre disent comment les Juifs, par la grâce de Dieu, ont pu renoncer aux images et statues des empereurs que les procurateurs voulaient installer dans Jérusalem.

Ce livre II relate les préparations et le début de la guerre. Les troubles commencent : arrivent les sicaires, de faux prophètes et un prophète égyptien. (Livre II, XIII).

 

A peine ce mouvement réprimé, l'inflammation, comme dans un corps malade, reparut sur un autre point. Les imposteurs et les brigands se réunirent pour entraîner à le défection et appeler à la liberté un grand nombre de Juifs, menaçant de mort ceux qui se soumettaient à la domination romaine et déclarant qu'ils supprimeraient de force ceux qui acceptaient volontairement la servitude. Répartis par bandes dans le pays, ils pillaient les maisons des principaux citoyens, tuaient les propriétaires et incendiaient les bourgades. Toute la Judée fut remplie de leur frénésie, et de jour en jour cette guerre sévissait plus violente. (II, XIII, 6)

 

Un représentant des zélotes (ou zélateurs) nommé Judas, apparaît pour la première fois dans le même livre II, VIII, 1 : « un Galiléen, du nom de Judas, excita à la défection les indigènes, leur faisant honte de consentir à payer tribut aux Romains et de supporter, outre Dieu, des maîtres mortels. Ce sophiste fonda une secte particulière, qui n'avait rien de commun avec les autres ».

Les chapitres XIV et XV relatent l’apparition des procurateurs-oppresseurs : Albinus et surtout Florus qui lui succéda. Et voilà ce que dit le chapitre XIV du livre II :

 

Alors aussi s'affermit à Jérusalem l'audace de ceux qui aspiraient à une révolution : les plus puissants, à prix d'argent, se concilièrent Albinus et s'assurèrent la liberté de la sédition ; dans le peuple, quiconque était dégoûté de la paix penchait vers les complices d'Albinus. Chaque malfaiteur, groupant autour de lui une troupe particulière, prenait sur cette cohorte l'autorité d'un chef de brigands ou d'un tyran, et employait ses satellites au pillage des gens ou bien. On voyait les victimes de ces excès se taire au lieu de s'en indigner, et les citoyens encore indemnes, par peur des mêmes maux, flatter des misérables dignes du supplice. En résumé, plus de franc parler nulle part, partout des tyranneaux, et déjà les germes de la catastrophe future répandus dans la cité.

Tel était Albinus, et cependant son successeur, Gessius Florus, le fit paraître, par comparaison, fort homme de bien : le premier avait accompli la plupart de ses méfaits en secret, avec dissimulation ; Gessius, au contraire, se glorifia des injustices dont il accabla la nation, et, comme s'il eût été un bourreau envoyé pour châtier des condamnés, ne s'abstint d'aucune forme de brigandage ou de violence. ...

... Mais Florus, comme s'il avait pris à tâche d'attiser l'incendie, envoya prendre dans le trésor sacré dix-sept talents, prétextant le service de l'empereur. Là-dessus le peuple s'ameute, court au Temple et, avec des cris perçants, invoque le nom de César, le supplie de les délivrer de la tyrannie de Florus. Quelques-uns des factieux lançaient contre ce dernier les invectives les plus grossières et, faisant circuler une corbeille, demandaient l'aumône pour lui comme pour un pauvre malheureux. Florus ne démordit pas pour cela de son avarice, mais ne trouva là, dans sa colère, qu'un prétexte de plus à battre monnaie. (II, XIV, 1)

 

Le roi Agrippa prononce un discours dans lequel il déconseille de déclencher la guerre contre les Romains. Ensuite, les Juifs commencent la guerre. Pour considérer le début de la guerre, il faut lire attentivement le chapitre XVII du livre II, la partie la plus importante du commencement du désastre.

 

A ce moment, quelques-uns des plus ardents promoteurs de la guerre entreprirent une expédition contre une forteresse du nom de Masada ; ils l'occupèrent par surprise, égorgèrent  la garnison romaine et établirent une garnison juive à la place. En même temps, dans le Temple, Eléazar, fils du grand prêtre Ananias, jeune homme plein d'audace et qui y remplissait alors les fonctions de capitaine, détermina les prêtres officiants à n'accepter désormais ni offrandes ni sacrifices offerts par un étranger. C'était là déclarer véritablement la guerre aux Romains : car on rejetait tout ensemble les sacrifices offerts au nom des Romains et de César. En vain les grands prêtres et les notables les exhortèrent à ne pas négliger le sacrifice traditionnel célébré en l'honneur des empereurs ; ils refusèrent de les entendre, confiant dans leur grand nombre, – d'autant que le concours des révolutionnaires les plus vigoureux leur était assuré, – et surtout dans l'autorité d'Eléazar, capitaine du Temple. (II, XVII, 2)

 

Les Juifs se sont divisés en deux parties : épris de paix et rebelles. Les premiers – les grands prêtres, les plus notables pharisiens et la partie pacifique de la population – occupaient la ville haute, et la ville basse et le temple étaient aux mains des rebelles. Agrippa envoya trois mille soldats à chevaux pour soutenir les habitants de Jérusalem épris de paix.

Les rebelles dirigés par Eléazar ont attaqué la ville haute et incendié la maison du grand prêtre et le palais royal, puis le bâtiment des archives afin de détruire les documents de dette et d'attirer une masse de débiteurs à leurs côtés et de soulever les pauvres contre les riches.

 

7. Ce jour-là, les séditieux s'arrêtèrent, se contentant de leur victoire et de leurs incendies. Le lendemain, qui était le quinzième jour du mois de Loos, ils attaquèrent la citadelle Antonia ; après avoir tenu la garnison assiégée pendant deux jours, ils la firent prisonnière, l’égorgèrent et mirent le feu au fort. Ensuite, ils se retournèrent vers le palais, où les gens du roi s'étaient réfugiés : divisés en quatre corps ils firent plusieurs tentatives contre les murailles. Aucun des assiégés n’osa risquer une sortie, à cause du grand nombre des assaillants : répartis sur les mantelets des murs et sur les tours, ils se contentaient de tirer sur les agresseurs, et force brigands tombèrent au pied des murailles. Le combat ne cessait ni jour ni nuit, car les factieux espéraient épuiser les assiégés par la disette et les défenseurs, les assiégeants par la fatigue.

 

8. Cependant, un certain Manahem, fils de Juda le Galiléen – ce docteur redoutable qui jadis, au temps de Quirinius, avait fait un crime aux Juifs de reconnaître les Romains pour maîtres alors qu'ils avaient déjà Dieu - emmena ses familiers à Masada, où il força le magasin d'armes du roi Hérode, et équipa les gens de son bourg avec quelques autres brigands ; s’étant ainsi constitué une garde du corps, il rentra comme un roi à Jérusalem, et, devenu le chef de la révolution, dirigea le siège du palais. ...

 

9. Le lendemain, le grand prêtre Ananias fut pris dans la douve du palais royal, où il se cachait, et tué par les brigands avec son frère Ezéchias. Les factieux investirent les tours et les soumirent à une étroite surveillance pour qu’aucun soldat ne pût s’en échapper. La prise des fortifications et le meurtre du grand prêtre Ananias grisèrent à tel point la férocité de Manahem qu'il crut n'avoir plus de rival pour la conduite des affaires et devint un tyran insupportable. Les partisans d'Eléazar se dressèrent alors contre lui ; ils se  répétaient qu'après avoir, pour l'amour de la liberté, levé l’étendard de la rébellion contre les Romains, ils ne devaient pas sacrifier cette même liberté à un bourreau juif et supporter un maître qui, ne fît-il même aucune violence, était pourtant fort au-dessous d'eux : s’il fallait à toute force un chef, mieux valait n'importe lequel que celui-là. ...

 

10. Le peuple, je l'ai dit, s'associa à cette exécution, dans l'espoir de voir ainsi s'apaiser l'insurrection tout entière, mais les conjurés, en tuant Manahem, loin de désirer mettre fin à la guerre, n'avaient voulu que la poursuivie avec plus de liberté. En fait, tandis que le peuple invitait les soldats avec insistance à se relâcher des opérations du siège, ils le pressaient au contraire plus vigoureusement. Enfin, à bout de résistance, les soldats de Metilius - c'était le nom du préfet romain - députèrent auprès d'Eléazar, lui demandant seulement d'obtenir par capitulation, la vie sauve, et offrant de livrer leurs armes et tout leur matériel. Les révoltés, saisissant au vol cette requête, envoyèrent aux Romains Gorion, fils de Nicomède, Ananias, fils de Sadoc, et Judas, fils de Jonathas, pour conclure la convention et échanger les serments. Cela fait, Metilius fit descendre ses soldats. Tant que ceux-ci gardèrent leurs armes, aucun des révoltés ne les attaqua ni ne laissa flairer la trahison. Mais quand les Romains eurent tous déposé, suivant la convention, leurs boucliers et leurs épées, et, désormais sans soupçon, se furent mis en route, les gens d'Eléazar se jetèrent sur eux, les entourèrent et les massacrèrent ; les Romains n’opposèrent ni résistance ni supplication, se bornant à rappeler à grands cris la convention et les serments. Tous périrent ainsi, cruellement égorgés. Le seul Metilius obtint grâce, à force de prières, et parce qu’il promis de se faire Juif, voire se laisser circoncire. C'était là un léger dommage pour les Romains, qui de leur immense armée ne perdirent qu’une poignée d'hommes, mais on y reconnut le prélude de la ruine des Juifs. …

 

Le chapitre XVIII du livre II décrit comment « dans de nombreux endroits, une persécution sanglante contre les Juifs commence ». Alors le procurateur romain Cestius assiégea Jérusalem (chapitre XIX), mais, ayant la ville presque entre ses mains, il se retira soudain.

 

6. Une frayeur terrible saisit alors les séditieux ; déjà beaucoup s'enfuyaient de la ville, dont ils croyaient la prise imminente. Le peuple, de son côté, sentit renaître sa confiance, et, à mesure que les scélérats faiblissaient, il s'avançait vers les portes pour les ouvrir et accueillir Cestius comme son bienfaiteur. Si ce dernier eût persévéré un peu plus dans le siège, il n'eût pas tardé à prendre la ville ; mais Dieu, je pense, s'était, à cause des méchants, déjà détourné même de son sanctuaire et empêcha la guerre de se terminer ce jour-là.

7. Cestius donc, ne pénétrant ni le désespoir des assiégés ni les vrais sentiments du peuple, rappela soudainement ses troupes, renonça à ses espérances, sans avoir souffert aucun échec, et, contre toute attente, s'éloigna de la ville. Sa retraite inattendue rendit courage aux brigands, qui assaillirent son arrière-garde et tuèrent un grand nombre de cavaliers et de fantassins.

Il y eut des prodiges de funeste augure pour ceux qui aimaient la paix ; ceux, il est vrai, qui avaient allumé la guerre les tournaient à leur gré. Bref, l'aspect de la ville, avant même l'attaque des Romains, était celui de l'agonie. (II, XXII, 1)

 

L’auteur parle plus loin de ses propres actions et d'émeutes en Galilée. Un autre endroit qui exprime bien le caractère de la révolte, c’est le chapitre III du livre IV

 

6. Enfin, le peuple se trouva réduit à un tel degré d'impuissance et de terreur, et les factieux s'emportèrent à un tel degré de folie qu'ils prirent en mains l'élection des grands prêtres. Sans tenir aucun compte des familles parmi lesquelles les grands prêtres étaient choisis alternativement, ils élevèrent à cette charge des hommes inconnus et de basse origine, pour trouver en eux des complices de leurs impiétés ; car ceux qui obtenaient, sans en être dignes, les plus grands honneurs, devaient être nécessairement soumis à ceux qui les leur avaient procurés. Quant aux prêtres qui étaient en charge, les factieux les mettaient aux prises par des machinations et des mensonges, cherchant leur propre avantage dans les querelles de ceux qui pouvaient leur faire obstacle : jusqu'au moment où, rassasiés de crimes commis envers les hommes, ils élevèrent leur insolence contre Dieu et portèrent leurs pieds souillés dans le sanctuaire.

 

7. La multitude commençait d'ailleurs à se soulever contre eux, à la voix du plus âgé des grands prêtres, Ananos, homme d'une parfaite modération et qui peut-être eût sauvé la ville, s'il avait échappé aux mains des conjurés. Mais ceux-ci firent du Temple de Dieu leur citadelle et leur refuge contre les troubles civils ; le Saint des Saints devint l'asile de leur tyrannie. A tout cela s'ajouta de la bouffonnerie, plus pénible encore que les forfaits ; car pour éprouver l'abattement du peuple et mesurer leur propre puissance, ils entreprirent de tirer au sort les grands prêtres, alors qu'ils se succédaient, comme nous l'avons dit, au sein des mêmes familles. Ils donnaient pour prétexte de cette innovation un ancien usage, prétendant que le tirage au sort avait aussi, dans l'antiquité la fonction sacerdotale : mais en fait, il y avait là une violation d'une loi solidement établie, et un moyen pour eux d'acquérir de l'autorité en s'attribuant à eux-mêmes le droit de conférer de hautes fonctions.

 

Le grand prêtre Ananos prononça un discours à ses concitoyens, leur reprochant leur inaction face aux zélotes-brigands, où il dit : « Après cela, craindra-t-on encore la guerre étrangère et des gens qui, comparés à nos concitoyens, sont beaucoup moins cruels ? »

Un autre grand prêtre, Josué, s’adressa aux Iduméens, attirés par les zélotes, par tromperie et calomnie, comme le renfort, pour les aider à combattre leur propre peuple :

 

Ils [les zélotes] ont enlevé du milieu de la place publique des hommes considérables, qu'on ne pouvait mettre en accusation : ils les ont chargés outrageusement de chaînes et sans leur permettre ni paroles ni prières, les ont massacrés. Vous pourrez, en entrant dans nos murs par un autre droit que celui de la force, voir les preuves de mes allégations : maisons que leurs pillages ont rendues désertes, femmes et enfants des morts vêtus de deuil. Vous pourrez entendre dans la ville entière des gémissements et des lamentations, car il n'y a personne qui n'ait eu à pâtir de ces scélérats. Dans l'excès de leur fureur, ils ne se sont pas contentés de transporter leurs brigandages de la campagne et des villes du dehors jusqu'à cette cité, image et tête même de toute notre nation, mais, après la ville, ils s'en sont pris au Temple même. Ce Temple est devenu pour eux une forteresse, un asile, l'arsenal où ils fourbissent leurs armes contre nous.

 

La réponse du chef des Iduméens, bien que courte, contenait le mot « liberté » répété maintes fois.

Les zélotes ont tué les grands prêtres Ananos et Josué.

 

Je ne crois pas me tromper en disant que la mort d'Ananos fut le commencement de la prise de Jérusalem, que les murs furent renversés et l'État juif ruiné dès le jour où l'on vit, au milieu de la ville, le grand prêtre égorgé, lui qui avait travaillé si activement au salut commun. ... Ainsi les hommes qui, peu de temps auparavant, avaient porté le vêtement sacré, qui présidaient au culte du Dieu cosmique, révéré des étrangers venus dans cette ville de toutes les parties de l'univers étaient exposés nus aux regards, servant de proie aux chiens et aux bêtes sauvages. Je crois que la Vertu même gémit sur ces hommes, et qu'elle pleura d'être ainsi vaincue par le Crime.

 

Après eux, les zélateurs et la foule des Iduméens poursuivirent le peuple, qu'ils égorgèrent comme un troupeau de bêtes impures. ... Ceux que l'on prenait pendant le jour étaient exécutés la nuit : on emportait les cadavres, on les jetait au dehors, pour faire de la place à d'autres prisonniers. Si grand était l'effroi du peuple que nul n'osait ni pleurer ouvertement un parent mort, ni l'ensevelir. ... La nuit venue seulement, on prenait des deux mains un peu de poussière que l'on jetait sur les corps : les plus hardis agissaient de même pendant le jour. C est ainsi que périrent douze mille jeunes nobles.   » (livre IV, V, 2-3)

 

Ils poursuivaient surtout, dans leurs meurtres, le courage et la noblesse, détruisant celle-ci par jalousie, celui-là par crainte : leur seul moyen de salut, croyaient-ils, était de ne laisser aucun citoyen notable en vie. ... Ceux qui les avaient anciennement offensés étaient déjà parmi leurs victimes ; il restait à inventer, à l'occasion, des accusations contre ceux qui, en temps de paix, ne leur avaient pas donné sujet de plainte. Un tel était soupçonné d'insolence parce qu’il n'allait jamais les visiter : un autre de mépris, parce qu'il s'approchait d'eux librement : un troisième, de complot, à cause de son empressement. Il n'y av'ait qu'un châtiment, la mort, pour les accusations les plus graves comme pour les plus frivoles. Nul n'échappait, sinon par hasard, s’il n'était de très humble condition. (IV, VI, 1)

 

Vespasien : « Mais, étreints par la guerre civile et les dissensions, ils souffrent chaque jour des maux plus cruels que s'ils tombaient vaincus entre nos mains. Si donc on tient compte de la sécurité, il faut laisser ces hommes se détruire les uns les autres ; si l'on considère la gloire du succès, il ne faut pas s'attaquer à une cité qui est en proie à un mal intérieur ; car on dirait avec raison que la victoire n'est pas de leur fait, mais celui de la sédition. »

 

3. Les officiers approuvèrent ces paroles, et l'on vit bientôt l'habileté stratégique de cette décision; car, tous les jours, de nombreux Juifs faisaient défection, fuyant le parti des zélateurs. ... Au reste, on était relâché si l'on donnait de l'argent; celui-là seul était traître qui n'en donnait pas; de cette manière, les riches achetaient le droit de fuir, et il n'y avait que les pauvres qui fussent égorgés. D'énormes tas de cadavres s'amoncelaient dans les rues ... Toute loi humaine était foulée aux pieds par ces scélérats; ils tournaient en dérision les choses divines et raillaient les oracles des prophètes comme autant de propos de charlatans. (IV, VI, 2-3)

 

Trois groupes de brigands-zélateurs à Jérusalem, dont les dirigeants étaient Eléazar, Jean et Simon, ne cessaient d’échafauder les atrocités contre la population et les sanctuaires.

 

Ainsi tous les environs du Temple furent incendiés, et cette dévastation fit de la ville comme un champ de bataille pour la guerre civile. Presque tout le blé fut la proie des flammes ; il eût suffit à un siège de plusieurs années. Ce fut donc la famine qui perdit les Juifs : il n'aurait pu en être ainsi s'ils n'avaient préparé eux-mêmes ce malheur. Tandis que les factieux et la populace à leur suite attaquaient de tous cotés la ville, les citoyens, entre ces partis, étaient déchirés comme un grand corps. Les vieillards et les femmes, poussés au désespoir, faisaient des vœux pour les Romains et attendaient avec impatience la guerre étrangère qui les délivrerait de leurs maux domestiques. (livre V, I, 4-5)

 

Les deux adversaires avaient brûlé tout l'espace intermédiaire comme pour donner libre cours à la guerre qu'ils se livraient. Car même le campement de l'armée romaine sous les remparts n'apaisa pas la querelle ; si la première attaque ramena un instant les Juifs à la raison, ils furent bientôt repris de leur folie et, redevenus ennemis, se remirent à combattre entre eux, répondant par leur conduite aux vœux des assiégeants. Assurément, les Romains ne leur firent pas subir de maux plus cruels que ceux qu'ils s'infligèrent à eux-mêmes : après eux, la ville n'éprouva pas de nouvelles souffrances ; si, avant de tomber, elle subit des malheurs plus affreux, ceux qui s'en emparèrent lui rendirent par là quelque service. Oui, je le déclare, la sédition prit la ville et les Romains prirent la sédition, beaucoup plus forte que les murs. C'est avec raison qu'on attribuera à la population elle-même ce que les événements offrirent de calamiteux, aux Romains ce qu'il y eut en eux d'équitable. A chacun de juger d'après les faits. (V, VI, I)

 

Le discours de l’auteur lui-même, dans lequel il appela ses compatriotes à la paix, se trouve dans V, IX, 3. Et puis le chapitre X décrit comment beaucoup de gens essayaient de s'enfuir chez les Romains, et les souffrances et les calamités liés à la famine.

 

Il est impossible de raconter en détail les forfaits de ces gens, mais, pour le dire brièvement, il n'y a pas de ville qui ait enduré tant de misères, ni de génération qui, dans la suite des temps, ait produit tant de scélératesse. (V, X, 5)

 

Le chapitre XIII parle de l'intensification des meurtres et des vols sacrilèges à Jérusalem. À la fin du chapitre, le nombre de tués dans la ville est estimé. (V, XIII, 5)

Et voilà, la fin est proche, livre VI, chapitre II.

 

4. Titus, profondément affligé, invectiva à son tour les compagnons de Jean : « N'est-ce pas vous, ô les plus scélérats des hommes, qui avez établi cette balustrade devant les saints lieux ? N'est-ce pas vous qui avez dressé là des stèles, portant des inscriptions gravées en lettres grecques et dans notre langue, qui défendent à tout homme de franchir cette barrière ? Ne vous avons-nous pas nous-même autorisés à punir de mort ceux qui la franchiraient, fussent-ils Romains ? Pourquoi donc, sacrilèges, est-ce dans cette enceinte que vous foulez aux pieds des cadavres ? Pourquoi souillez-vous le Temple du sang d’étrangers et de vos concitoyens ? J'atteste les dieux de mes père et le Dieu qui jadis a pu protéger cette contrée, car maintenant je ne pense pas qu'il en soit ainsi : je prends aussi à témoin mon armée et les Juifs qui se trouvent auprès de moi et vous-même, que ce n'est pas moi qui vous contrains à commettre de telles profanations. Si vous choisissez un autre champ de bataille, nul Romain n'envahira ni n'outragera les saints lieux, et je vous conserverai votre Temple même malgré vous ».

 

9. Cependant les Juifs, continuellement éprouvés par les combats et voyant la guerre avancer peu à peu vers la décision en montant vers le Temple, tranchèrent, comme dans un corps corrompu, les parties envahies par le mal, pour en prévenir les progrès ultérieurs. Ils incendièrent donc le portique du côté nord-ouest, là où il se rattachait à la tour Antonia, puis en abattirent environ vingt coudées, commençant ainsi de leurs propres mains l'incendie des saints lieux. Deux jours après, le 24 du mois indiqué plus haut, les Romains mirent le feu au portique voisin ; quand la flamme eut gagné une étendue de quinze coudées, les Juifs en abattirent aussi le toit, et, sans interrompre un seul instant cette oeuvre de destruction, coupèrent ainsi leurs communications avec la forteresse Antonia. Donc, alors qu'ils eussent pu s'opposer aux incendies, ils ne firent rien devant l'envahissement de la flamme et se contentèrent d'en mesurer les progrès et l'utilité qu'ils en pouvaient retirer. D'ailleurs, les combats ne cessaient point autour du Temple, et l'on voyait sans cesse aux prises de petits groupes qui s'entrechoquaient.

 

Titus, dès qu'il vit que son désir d'épargner le monument d'un culte étranger aboutissait à des échecs et causait la mort de ses soldats, donna l'ordre de mettre le feu aux portes. (VI, IV, 1)

Titus retourna à la tour Antonia ; il avait résolu de donner l'assaut avec toutes ses troupes le lendemain vers l'aurore et de cerner le Temple que Dieu, depuis longtemps, avait condamné au feu. La succession des temps amenait le jour fatal, qui fut le dixième du mois de Loos. A cette même date le Temple avait autrefois été brûlé par le roi de Babylone. Mais l'origine et la cause de l'incendie doivent être attribuées aux Juifs eux-mêmes. ... (VI, IV, 5)

 

Du reste, il y avait alors des prophètes subornés par les tyrans, qui les envoyaient vers le peuple pour lui mander d'attendre le secours de Dieu : le but était de diminuer les défections et de nourrir l'espoir de ceux qui étaient peu accessibles à la peur. L'homme se laisse aisément persuader dans l'infortune : lorsque l'imposteur promet à un malheureux la fin de ses maux, celui-ci s’abandonne tout entier à l'espoir.

 

Ces trompeurs, ces gens qui se prétendaient envoyés de Dieu abusaient ainsi le misérable peuple, qui n'accordait ni attention ni créance aux clairs présages annonçant la désolation déjà menaçante : comme si la foudre fût tombée sur eux, comme s'ils n'avaient ni des yeux ni une âme, ces gens ne surent pas entendre les avertissements de Dieu.

 

Ensuite, l’auteur décrit ces clairs présages : VI, V, 3.

Le discours de Titus adressé aux chefs des rebelles lors de la prise de Jérusalem : VI, VI, 2.

Dans le dernier, septième livre, l’auteur porta un jugement sur l’époque (VII, VIII, 1) :

 

Car ce temps fut bien fertile parmi les Juifs en cruautés variées ; on ne laissait sans la perpétrer aucune œuvre scélérate ; même l'imagination, appliquée à cette recherche, n'aurait pu découvrir de forfait nouveau. C'était. comme une maladie contagieuse, sévissant dans le particulier et en public ; il y avait émulation à qui surpasserait les autres en impiétés envers Dieu, en injustices contre le prochain. Les puissants opprimaient la foule, la multitude cherchait à perdre les puissants ; car les uns avaient la passion de la tyrannie, les autres celle d'exercer des violences et de piller les biens des riches.


Les sicaires furent les premiers à donner le signal des crimes et des cruautés contre leurs compatriotes ; ils ne laissèrent aucun mot outrageant sans le prononcer, aucun dessein destiné à perdre leurs victimes sans le faire suivre d'effet. Mais Jean les fit passer pour modérés, en comparaison de lui. Car non seulement il tua tous ceux qui conseillaient des mesures justes et utiles, traitant les citoyens comme ses plus grands ennemis, mais il déchaîna sur sa patrie une infinité de malheurs publics, tels qu'on pouvait les attendre d'un homme assez perdu d'audace pour se montrer impie envers Dieu. Il mettait sur sa table des mets défendus, négligeant les règles de pureté consacrées par l'usage et par l'exemple de ses pères ; on ne s'étonnait plus dès lors qu'un homme coupable de si folles impiétés envers Dieu manquât, à l'égard de ses concitoyens, de toute humanité, de tout sentiment du devoir. Et quel crime n'a pas commis Simon fils de Gioras ? Quel outrage a-t-il épargné aux hommes libres qui avaient fait de lui leur tyran ? Quels liens d'amitié ou de parenté n'ont pas redoublé l’audace de ces hommes dans leurs meurtres quotidiens ? C'était, à leurs yeux, une sordide méchanceté de maltraiter des étrangers, mais un noble étalage de courage de sévir sur ceux qui les touchaient de plus près. Mais la rage des Iduméens se montra plus féroce encore. Ces abominables scélérats égorgèrent les grands-prêtres, pour ne garder aucune parcelle du respect dû à Dieu, supprimèrent tout ce qui restait encore des formes de gouvernement, introduisirent partout l'anarchie la plus complète. En cela excella la tourbe des hommes, appelés zélateurs, dont les actes confirmèrent le nom, car ils cherchèrent à imiter toute œuvre scélérate et à répéter tous les forfaits dont l'histoire avait gardé le souvenir. Cependant ils s'attribuèrent ce nom du mot qui désigne le zèle tourné vers le bien, soit par une raillerie brutale de ceux qu'ils persécutaient, soit qu'ils considérassent les plus grands crimes comme des vertus.

 

 

Source Guerre des juifs

Rédigé par Olga (TdR)

 

Partie II. Discussion