25/10/2019
Saint Irénée de Lyon, la vraie Église et la destination de l’homme
Partie I
Avant-propos. À la fin de l’article écrit par st. Dimitry de Rostov, j’ai décalé vers la droite et commenté quelques paragraphes. On peut bien voir le contraste éclatant entre l’Église apostolique primitive et ce qui apparut à sa place. L'église est envahie par ses ennemis et transformée en son contraire.
D'ailleurs, le st. évêque Ignace Briantchaninov a écrit : « Le saint évêque Dimitry de Rostov vivait et s'instruisait en Russie occidentale où les jésuites et le latinisme en général avaient alors du poids. C’est pourquoi les écrits de st. Dimitry ne sont pas vraiment purs, ne sont pas tout à fait dans l’esprit oriental. » [1]
Dix-huit siècles après, il est temps d’admettre, mieux vaut tard que jamais, que les hérésies n’émergeaient pas spontanément. Les hérésies, dont l’hérésie papiste qui a dérobé, avec prévoyance, le mot grec « catholique », et la plupart de fausses croyances en général, furent organisées par ces mêmes qui avaient crucifié le Christ. Sans être appelés par leur vrai nom, ils se sont emparés de l’Église sans gêne, partout, comme leur plan le prévoyait, et se font maintenant passer pour les militants contre les hérésies, en utilisant le nom de saint Irénée de Lyon.
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Saint Irénée, évêque de Lyon, est l'un des pères et des docteurs les plus remarquables de l'Église. Il a vécu et travaillé au deuxième siècle, consacrant toute sa vie à la lutte contre le gnosticisme. Son importance pour l'Église chrétienne du IIe siècle peut être comparée à celle de saint Athanase le Grand pour l’Église chrétienne du IVe siècle. Les deux défendaient l’enseignement d’Église contre les faux enseignements hérétiques de leur temps : saint Irénée contre le gnosticisme, saint Athanase contre l'arianisme.
Saint Irénée était originaire de l'Asie Mineure ; Smyrne était sa ville natale ; dès son plus jeune âge, Irénée étudia à fond toute la sagesse hellénique ; il connaissait bien la poésie grecque, la philosophie et d'autres sciences helléniques.
Saint Irénée ne fut cependant pas emporté par la fausse science séculière. Quand il découvrit la sagesse spirituelle - la sagesse chrétienne, Irénée voulut la percevoir de tout son cœur ; maintenant, il souhaitait déjà apprendre seulement cette vraie sagesse qui sauve l'âme, et méprisait la sagesse du monde.
Au départ, saint Irénée avait été guidé dans les vérités de la foi chrétienne par saint Polycarpe, évêque de Smyrne. Saint Polycarpe était un disciple du saint apôtre et évangéliste Jean le Théologien qui l’a placé lui-même sur le trône épiscopal de la ville de Smyrne. Saint Polycarpe a beaucoup œuvré en faveur de l'Église du Christ, car il se souciait non seulement de son troupeau de Smyrne, mais écrivait aussi des épitres aux églises voisines. Selon le bienheureux Jérôme, Polycarpe était « le chef de toute l'Asie dans le christianisme ».
Donc, saint Irénée était un disciple de ce glorieux Polycarpe ; en entendant de la bouche de saint Polycarpe l’enseignement salvateur chrétien, Irénée l'aimait plus que toute science laïque ; en tant que disciple de Polycarpe, saint Irénée devint comme un disciple du Christ Lui-même, car avec tout son zèle, il percevait par l'esprit les vérités de la foi chrétienne et se consacrait entièrement au service de Dieu. Puisque Polycarpe était un disciple du saint apôtre et évangéliste Jean le Théologien, il communiquait à saint Irénée tout ce qu'il avait entendu de la part des saints apôtres qui étaient témoins et serviteurs du Christ.
Irénée se gravait toutes ces choses dans son esprit et enregistrait dans son cœur comme sur un parchemin.
Saint Polycarpe ordonna saint Irénée presbytre et l’envoya en Gaule pour y prêcher la Parole de Dieu.
Saint Pothin était alors l’évêque de Lyon, celui qui perpétua par la suite sa prédication par le martyre pour le nom du Christ. En arrivant dans la ville gauloise de Lyon, saint Irénée commença à travailler dur pour aider saint Pothin dans ses œuvres d’archipasteur.
À cette époque à Lyon, la persécution cruelle des chrétiens par les païens fut soulevée et saint Irénée se révéla être un courageux défenseur des chrétiens et un pilier ferme de l'Église. L’évêque Pothin envoya saint Irénée à Rome afin de transmettre le message des confesseurs à l’évêque Éleuthère.
De retour de Rome, saint Irénée, après le martyre de saint Pothin, prit le trône épiscopal.
Saint Irénée était un bon pasteur pour les citoyens de Lyon dans les moments les plus difficiles, car l'Église du Christ était submergée par de nombreux troubles : les idolâtres persécutaient cruellement les chrétiens et en outre, les hérétiques impies commençaient à semer la discorde et le désaccord dans l'Église de Dieu.
Saint Irénée endurait patiemment au nom du Christ toutes les oppressions et les ennuis que lui infligeaient les idolâtres, mais il s'armait durement de sa parole et de ses écrits contre les hérétiques. L'activité épiscopale de saint Irénée ne se limitait pas à seule la ville de Lyon, dont tous les citoyens devinrent chrétiens grâce à lui, mais portait sur toute la Gaule. Saint Irénée a maintenu les plus vives relations avec l'église romaine, ainsi qu'avec les églises d'Asie Mineure, comme en témoignent ses lettres aux presbytres romains Florin et Blaste, ainsi que des lettres aux évêques romain et d’Asie Mineure lors des différends autour de la célébration de Pâques sous le pape Victor Ier. Saint Irénée a toujours essayé Saint Irénée a toujours essayé de réconcilier ceux qui disputaient et étaient en désaccord. Par exemple, lorsque le pape Victor Ier susmentionné, avec sa persévérance déraisonnable, menaçait de séparer les chrétiens d'Orient et d'Occident en raison d'un désaccord sur la célébration de Pâques, Saint Irénée a réussi à empêcher la division et réconcilia les opposants. 1
Saint Irénée fit preuve de grande ferveur en exposant les faux enseignements hérétiques de son époque. Il a écrit de nombreux ouvrages dans lesquels il a hardiment exposé les erreurs des hérétiques et révélé les vérités de la doctrine chrétienne. Parmi toutes son œuvre, l'ouvrage intitulé Traité contre les hérétiques, ou Dévoilement et réfutation de la fausse science, est le plus remarquable. Saint Irénée a commencé à écrire cet ouvrage à la demande d'un de ses amis dans le but de réfuter l'hérésie des valentiniens, qui à l’époque, diffusaient fortement leur fausse doctrine non seulement à Rome, mais également en Gaule. Puis, voulant montrer la fausseté et l’essence de l’hérésie des valentiniens, qui ne faisait que répéter les erreurs précédentes des hérétiques, saint Irénée a décrit les anciennes hérésies apparues auparavant et entrées dans la lutte contre le christianisme ; et avec une vraie sagesse chrétienne, Irénée réfutait toutes les erreurs des hérétiques et révélait le seul enseignement salvateur - le chrétien.
Les quatre Évangiles du Nouveau Testament, écrits par les disciples et les témoins du Seigneur, sont le pilier de l’Église, dit saint Irénée, le fondement de toute la doctrine chrétienne. Ce sont l'Évangile de Matthieu, écrit en hébreu, l'Évangile de Marc, disciple de l'apôtre Pierre, l'Évangile de Luc, compagnon du saint apôtre Paul, et l'Évangile de Jean, disciple bien-aimé du Seigneur, rédigé par lui pendant son séjour en Asie Mineure, à Ephèse. Ainsi, il n'y a que quatre authentiques Évangiles apostoliques, fiables et infaillibles ; « il est impossible, dit saint Irénée, qu’ils soient en nombre supérieur ou inférieur de leur nombre existant en Église. Or, les adeptes de Valentin offrent sans crainte leurs écrits et se vantent d'avoir plus d'évangiles. Ils en vinrent jusqu’à l’impertinence d’intituler leur ouvrage récent « l'évangile de vérité », bien qu'il ne soit compatible en rien avec les Évangiles des apôtres. Car si l’évangile qu’ils offrent est vrai, quoique sans ressemblance à ceux que les apôtres nous ont remis, alors ceux qui le souhaitent, peuvent découvrir des Écritures qu’il n’est pas l’Évangile de vérité communiqué par les Apôtres.
Le fait que ces Évangiles sont vrais et fiables, saint Irénée le prouve comme suit. Les Évangiles devraient être quatre déjà parce qu'il n'y a que quatre points cardinaux du monde ; alors, selon saint Irénée, l’ Évangile quadruple devrait correspondre aux quatre alliances que Dieu a données à l'humanité - l'alliance donnée sous Adam avant le déluge, l'alliance donnée sous Noé après le déluge, la loi sous Moïse et enfin, la quatrième et dernière alliance, chrétienne, qui comprend toutes les autres alliances. Enfin, saint Irénée voit l'évidence la plus importante du nombre quaternaire des Évangiles, ni plus ni moins, dans la conformité des Évangiles aux quatre animaux apocalyptiques – les chérubins, sur lesquels repose, de toute éternité, « le Logos qui tout arrange et tout contient ». 2
La force de cette preuve réside dans le fait que l’Évangile doit servir à exprimer les quatre types ou formes d’activité du Fils de Dieu, qui sont indiqués dans l’Apocalypse symboliquement comme les quatre animaux, les chérubins. Comme le rapporte l'Apocalypse, le premier animal ressemble à un lion et indique le règne éternel et l'autorité royale de Dieu Logos ; l'Évangile de Jean exprime le même, décrivant la naissance éternelle et glorieuse du Fils du Père, comme Dieu de Dieu : « Au commencement était le Logos, et le Logos était de Dieu, et le Logos était Dieu. Il était chez Dieu initialement. Tout a commencé à être par Lui, et de tout ce qui a commencé à être, rien n'a commencé à être sans Lui. » (Jean 1: 1–2).
Le deuxième animal est semblable à un veau et signifie le ministère de grand prêtre de notre Seigneur Jésus-Christ ; selon le raisonnement de saint Irénée, l'évangile de Luc indique le même ministère ; il commence par l'histoire du prêtre Zacharie qui sacrifie à Dieu ; cela signifie que l'Agneau, prédestiné depuis l'éternité à l’immolation pour les péchés du monde, est apparu dans le monde afin d'offrir à Dieu un sacrifice expiatoire pour les péchés des hommes. Le troisième animal, sur lequel reposait le Verbe, avait le visage de l’homme et indiquait l'apparition du Fils de Dieu à l'image et sous la forme de l'homme ; et l'évangile de Matthieu annonce aussi principalement l'humanité de Jésus-Christ, en Le présentant comme le Fils de Joseph et de Marie.
Enfin, le quatrième animal est comme un aigle en vol et indique la présence dans l’Église de l’Esprit Saint envoyé par Dieu le Père pour les mérites du Fils de Dieu ; selon saint Irénée, la présence du Saint-Esprit est exprimée par l'Évangile de Marc, écrit sous la forme d'une histoire abrégée, car tel est l'esprit prophétique. « Ainsi, quelle est l'activité du Fils de Dieu, tel est le genre d'animaux, et quel est le genre d'animaux, telle est la nature de l'Évangile. Les animaux sont quatre, les Évangiles sont quatre, l'œuvre du Seigneur est quaternaire », conclut saint Irénée. La correspondance complète des Évangiles avec les quatre modes d’activité ou du ministère de notre Seigneur Jésus-Christ constitue donc une preuve incontestable de leur origine véritablement apostolique, de leur véracité et de leur fiabilité ; tous les autres évangiles ne sont pas authentiques et sont faux, car les Évangiles vrais doivent être quatre, ni plus, ni moins.
Saint Irénée a particulièrement décrié les hérétiques qui niaient l'unité de l'être de Dieu. L'hérétique Marcion déclarait à tort deux actions opposées en Dieu, exprimées dans deux Alliances, l'Ancienne et la Nouvelle ; il affirmait qu'il y a deux dieux, l'un punissant, et l'autre pardonnant.
Réfutant cette fausse doctrine, saint Irénée disait qu'un tel concept n'était pas compatible avec la notion même de Dieu. Saint Irénée affirme que le vrai Dieu ne peut être exclusivement punissant sans amour et sans bonté, ni exclusivement bon et miséricordieux, sans équité et sans jugement, parce que l'amour et la justice appartiennent à Dieu essentiellement et nécessairement. Un des attributs les plus essentiels de Dieu, dit saint Irénée, est la sagesse. Si Dieu est sage, alors Il a la capacité de déterminer et de décider, et par conséquent, à juger ; et donc, Il rétribue chacun selon ses actes, c’est-à-dire qu’Il punit ou récompense.
Marcion prétendait que les actes de Dieu dans l'Ancien Testament contraires à Ses actes dans le Nouveau Testament : dans l'Ancien Testament Dieu se montre comme un Dieu de la justice, – raisonnait Marcion, – et dans le Nouveau Testament, Il se montre exclusivement comme un Dieu de l'amour et de la bonté.
Saint Irénée expliquait que l'Ancien et le Nouveau Testament forment un tout indissoluble. Attribuer à Dieu seulement le jugement dans l'Ancien Testament, et dans le Nouveau Testament, seulement l'amour global, signifie ne pas connaître et ne pas comprendre l'esprit et le sens des deux Testaments. Dieu punit strictement dans l'Ancien Testament, mais il punira encore plus sévèrement dans le Nouveau Testament. Le christianisme est plus accompli que le judaïsme, le Nouveau Testament est plus large et plus complet que l'Ancien Testament ; les exigences du christianisme doivent à ce titre être beaucoup plus strictes que les exigences du judaïsme. Dans le judaïsme, moins de moyens ont été donnés pour l'accomplissement de la loi divine, le christianisme en donne beaucoup plus : tous les dons bénis et les pouvoirs pour l'accomplissement de la loi divine y ont été communiqués ; en conséquence, toute violation et non-respect de cette loi dans le christianisme devraient être punis beaucoup plus sévèrement que dans le judaïsme.
« Dans le Nouveau Testament, – dit saint Irénée, – comme notre foi en Dieu s'épanouit, ou se réalisa plus largement, autant les exigences à l’égard du mode de vie s'accentuèrent – il nous est commandé de s'abstenir non seulement de mauvaises actions, mais de mauvaises pensées mêmes, de conversations vaines, paroles frivoles et discours vides ; le châtiment de ceux qui ne croient pas en Verbe et méprisent Sa venue, augmenta dans la même mesure. » Dans le judaïsme, du fait même qu'il n'est pas plus accompli que le christianisme, les punitions de Dieu, selon l'argument de saint Irénée, étaient « modérées » et, pour ainsi dire, des punitions temporaires ; mais dans le christianisme, comme il est plus élevé et accompli que le judaïsme, ces peines sont beaucoup plus sévères et ne sont plus temporaires, mais éternelles.
Ainsi, tant dans l'Ancien Testament que dans le Nouveau, Dieu se manifeste également en tant qu'Être punissant et plein d’amour ; ici et là, Il récompense et punit, pardonne et châtie. Et c'est le même vrai Dieu, tout-puissant et tout-parfait.
Pour dénoncer Marcion et d'autres hérétiques comme lui, saint Irénée révèle en détail dans ses écrits le sens et la signification de l'Ancien Testament.
La loi de l'Ancien Testament, selon l'argument de saint Irénée, comporte deux faces : externe, rituelle, et interne, morale et spirituelle. Le côté extérieur de la loi n'avait qu'une signification relative et temporaire : ces prescriptions et règlements rituels qui entouraient toute la vie de l'homme de l'Ancien Testament et qui le maintenaient sous le joug de l'esclavage, ne concernaient que les Juifs et étaient un moyen nécessaire entre les mains de la Providence Divine pour l'éducation morale et religieuse du peuple juif ; il fallait maintenir les Juifs sous le joug de l'esclavage – soutenait saint Irénée, – « à cause de la rudesse et de la désobéissance de leur cœur, et à cause de leur penchant à revenir aux idoles et à se faire fondre des veaux d'or ».
Avec l’avènement du Nouveau Testament, les prescriptions rituelles de la loi mosaïque se sont révélées totalement inutiles et redondantes, car la relation de l’homme avec Dieu est maintenant devenue différente, une relation rapprochée et filiale, et donc, l’homme est devenu capable d’accomplir les commandements de Dieu librement et sans contrainte, sans trop de prescriptions externes détailées. L'esprit d'esclavage dans les relations humaines avec Dieu dans l'Ancien Testament et l'esprit de filiation dans le Nouveau Testament, selon l'argument de saint Irénée, ne sont pas du tout contradictoires. Le changement d’esprit d’esclavage en esprit de liberté et de filiation n’indique que la gradualité et la cohérence strictes ainsi que la sage opportunité dans l’histoire de la gérance divine, dans l’éducation morale et religieuse des gens. Un seul et même Dieu instruisait l'humanité ancienne de manière connue, et Il instruit la nouvelle humanité d'une manière tout différente. « Dieu fait tout par mesure et en ordre, dit saint Irénée, et chez Lui, rien n’est sans mesure, car il n’y a rien de désordonné ».
Le côté extérieur de la loi de Moïse, comme l’instrument éducateur nécessaire entre les mains de l’Alliance Divine, est devenu superflue et redondante et a été annulée. Elle était en même temps, selon l’argument de saint Irénée, une prophétie sur les temps futurs du Messie, une préfiguration. Et de ce côté, l'abolition de la loi rituelle de Moïse est naturelle et nécessaire, là encore, et ne prouve en rien l'antinomie entre l'Ancien et le Nouveau Testament. Mais ce qui contrevient particulièrement à la théorie de Marcion, c'est l'attitude du Sauveur à l'égard du côté moral interne de la loi de l'Ancien Testament ; le Sauveur, argumente saint Irénée, n'a pas annulé ce côté, mais l'a seulement « complété et développé ». Le principal commandement moral de la loi mosaïque était l'amour de Dieu et de son prochain ; le Sauveur n'annule pas ce commandement, mais au contraire, l'affirme et le clarifie comme étant le commandement principal de la loi du Nouveau Testament. La doctrine morale de l'Évangile et du Nouveau Testament dans l’ensemble est plus haute et plus parfaite que la doctrine morale de l'Ancien Testament, mais le principe des deux est le même ; par conséquent, les deux enseignements moraux ont le même Auteur.
Ainsi, selon l'argument de saint Irénée, il n'y a pas le moindre contradiction entre l'Ancien et le Nouveau Testaments, et les deux sont les créations du même vrai et Très Haut Dieu, Qui a disposé le travail du salut des gens dans un ordre graduel et séquentiel strict, selon un sage plan tracé avant les siècles ; ainsi se comprend de soi que les écrits de l'Ancien Testament qui expriment la volonté et le dessein de Dieu pour le salut des gens, sont inspirés de Dieu et salvateurs tout comme les écrits du Nouveau Testament, qui décrivent l'accomplissement même et l'assimilation du salut. « Un seul et même Esprit de Dieu, Qui proclama par les prophètes quelle serait la venue du Seigneur, Qui interpréta bien par les anciens (les Septante) ce que dirent les prophètes – prêchait également par les apôtres la complétude des temps d’adoption et l’approche du Royaume des cieux », dit Saint Irénée.
« Dieu est le Seigneur de tout dans le sens le plus large du mot ; Lui seul est le Souverain et le Seigneur de tout, il n'y en a pas d’autre et ne peut pas être, car, dit saint Irénée, celui qui a quelqu'un égal ou plus élevé que lui-même, ne peut plus être appelé ni Dieu ni le grand Roi ». Dieu seul, comme le Seigneur de toutes choses, règne sans partage et a le pouvoir sur toutes choses ; tout le reste qui existe, est créé par lui et contenu par son autorité. »
Dénonçant les hérétiques, saint Irénée a aussi parlé des sources de la sainte foi chrétienne. En quelques mots, son raisonnement était le suivant.
Les Saintes Écritures de l'Ancien et du Nouveau Testament ont sans aucun doute une origine Divine, car elles sont écrites par l'éclair spirituel particulier de l'Esprit de Dieu des écrivaints des livres sacrés. Cet Esprit Saint agissait par les prophètes comme par les apôtres. Les Écritures sont la première et la plus importante source de foi et de connaissances religieuses, vraie et infaillible et obligatoire pour tous. Une compréhension correcte et sans équivoque des Écritures n'est possible que sous la direction de la sainte Église universelle et on peut touver la vérité en elle seule.
La Tradition sainte a la même origine Divine que les Écritures et constitue donc une autre source de foi et de savoir religieux, tout aussi vrai, infaillible et obligatoire pour tous, que les Écritures Saintes, et l’Église, représentée par ses primats, est le seul dépositaire de la Tradition véritablement apostolique. – « Quiconque veut connaître la vérité, – dit Saint Irénée, – devrait s'adresser à l'Église, les Apôtres ont communiqué la vérité divine seulement à elle et comme un riche dans le trésor, y mirent le dépôt de la vérité. Seule l'Église est la porte de la vie ». Et en particulier, selon l'enseignement de saint Irénée, seuls les pasteurs de l'Église, légitimement ordonnés, sont de véritables enseignants et gardiens de la vérité incarnée dans l'Église.3
Cette signification de l'Église, en tant que seul dépositaire infaillible et porteuse d'une tradition véritablement apostolique, est basée sur la présence constante de l’Esprit Saint en elle et sur l'action constante des dons et des pouvoirs divins en elle. Selon l’enseignement de saint Irénée, l’Esprit de Dieu existe dans l’Église depuis sa fondation même. Il est comme la vie et l'âme de l'Église ; Il l'anime et la contrôle de la même manière que l’âme anime et contrôle les membres de notre corps. Dans l'Église, Dieu instaura tous les services nécessaires pour notre salut : apostolat, prophétie et instruction. En raison de la présence constante et directe dans l'Église de l'Esprit de Dieu, l'Église ne peut jamais pécher ou se tromper. Par conséquent, la vérité divine, renfermée en elle par les apôtres, oralement ou par écrit, dit saint Irénée, restera toujours la même, pure et divine vérité comme sous les apôtres – parce que le même Esprit Saint opérait dans les apôtres et opère maintenant dans l'Église, en la personne de leurs successeurs. La succession de la dignité apostolique, raisonne saint Irénée, est préservée dans toute l'Église, partout et sans interruption, et avec elle, la tradition apostolique est préservée dans sa forme pure et intacte. « En général, dit saint Irénée, l'Église, même si elle est dispersée dans le monde entier, mais, en raison de la présence du même Esprit de Dieu en elle, du fait de la continuité du même titre apostolique, elle conserve partout la même chose doctrine. Elle croit également que, ayant pour ainsi dire une seule âme et un seul cœur, elle aussi prêche, enseigne et transmet de la même manière, ayant pour ainsi dire une seule bouche. On croie également et on a la même tradition de l'église en Allemagne, en Espagne et en Gaule, et à l'est, en Égypte et en Libye. Comme le soleil est seul dans le monde entier, la prédication de la vérité brille et éclaire tout le monde dans toute. » 4
Ainsi, en enseignant et en instruisant tout le monde, saint Irénée a sauvé beaucoup de l'idolâtrie païenne et de l'égarement hérétique ; il a dirigé de nombreux chrétiens vers le salut et a renforcé les autres pour le martyre. Enfin, il a lui-même souffert pour le nom de Christ pendant le règne de l'empereur Sévère. Pour la confession de l'Évangile, saint Irénée fut décapité et prit ainsi la couronne glorieuse du martyre dans le royaume de notre Seigneur Jésus-Christ.
2 λόγος – mot grec signifiant à la fois parole et raison. Et aussi discrétion, prévision...
Si on voit en Logos la Raison Divine, cela élucide les paroles de l’Évangile.
3 Ces paragraphes donnent l’impression ambiguë vu les abus de nos jours. Car les « primats légitimement ordonnés » modernes sont aujourd'hui sous-juifs, les loups déguisés en mouton. Dans le livre III, chapitre III (ou le même en russe), selon le lien indiqué dans ce paragraphe, on ne trouve que les paroles très pures de saint Irénée sur l’Église primitive.
4 À l'époque moderne, le titre apostolique est volé par les brigands. Dans le livre I, chapitre X (ou en russe) indiqué comme le deuxième lien, saint Irénée dit : « De même que le soleil, œuvre de Dieu, verse sans cesse sur le monde une lumière toujours la même, ainsi les enseignements de la vérité illuminent des mêmes rayons tous les hommes qui veulent la connaître. Ne croyez pas que le fidèle moins instruit ait une autre doctrine que le pontife éloquent ; tous sont subordonnés au même maître, et l’homme qui sait le moins bien parler en sait toujours assez pour transmettre la tradition sans l’altérer ; la foi étant, comme nous l’avons dit, une et invariable, celui qui peut longuement s’étendre à son sujet n’y ajoute point ; celui qui ne sait pas la développer ne l’amoindrit point. »
Traduit par Olga (TdR)
Article original La vie de saint Irénée, hiéromartyr de Lyon
Partie II. La destination de l’homme. Extrait de l’ouvrage de saint Irénée de Lyon (en français)