10/09/2018
Saint Jean de Kronstadt, parole sur l’Orthodoxie
Saint Jean de Kronstadt (1829–1908) officiait à la cathédrale Saint-André à Kronstadt, dénommée en l’honneur de l’apôtre André le Premier Appelé. Kronstadt est une petite ville sur l’île de Kotline proche de Saint-Pétersbourg. À l’époque, on y expulsait de la capitale des gens qui avaient commis des crimes. De plus, il y avait de nombreux ouvriers sans qualification qui travaillaient principalement dans le port. Ils gîtaient dans des misérables taudis et des huttes, mendiaient et buvaient. Les ouailles du père Jean nécessitaient une attention et des soins particuliers.
Le père Jean voyait clairement l’atmosphère des années qui précédaient les bouleversements révolutionnaires. « Les royaumes terrestres s'ébranlent et tombent de l'incrédulité et l'iniquité », telle était l’une de ses paroles. C’était l’armée secrète du satan, comme nous le savons aujourd’hui, qui formait cet état d'esprit. Quelques années après, le gang mondial fonda sa Réserve fédérale, puis, via son réseau judéo-maçonnique, déclencha la première guerre mondiale, ensuite renversa la monarchie en Russie et y produisit la révolution.
Voici ce que Jean de Kronstadt dit au Nouvel An de 1907 : « L'incrédulité est partout, l’injure est partout infligée à l'Être Infini Plein de Grâce ; partout le blasphème contre le Créateur, le doute et l’incroyance insolente, la perte des aspirations à des intérêts spirituels élevés... »
« L’iniquité omniprésente vous saute aux yeux, - disait-il dans sa parole au Nouvel An de 1904, - la contrevérité et l’erreur en foi, l’iniquité dans les états, dans les sociétés, classes, dans des différentes institutions, villes, villages, familles, écoles, et même - dans des saints couvents...
Mais on s’accorde à dire que cette iniquité n'a jamais été aussi effrontée qu’elle l’est à notre époque, où, pour reprendre les termes du saint prophète, « on appelle le mal le bien, et le bien le mal, on considère l'obscurité comme la lumière, et la lumière comme l'obscurité, on considère l'amer comme le doux, et le doux comme l’amer ! » (Is. 5, 20).
N'est-ce pas l'accomplissement de la prédiction du saint apôtre Paul, qu'il relie étroitement avec la venue de la fin des temps : « Pour cela, Dieu leur enverra une action d'égarement, de sorte qu'ils vont croire le mensonge ; que soient damnés tous qui ne croyaient pas la vérité, mais aimaient le mensonge » - 2 Thessal. 2,7 - 12 ? »
Saint Jean de Kronstadt - Parole dans la semaine de l’Orthodoxie le 6 mars 1905
« Accrochez-vous au modèle de la doctrine saine que vous avez entendu de moi avec foi et amour en Jésus-Christ. » (2 Tim. 1.13)
« La base solide de Dieu se tient, ayant ce sceau : le Seigneur reconnut les Siens ; et quiconque qui professe le nom du Seigneur, qu'il s'éloigne de l'injustice. » (2 Tim. 2, 19)
Ce dimanche, le premier du Carême, est appelé le Dimanche de l'Orthodoxie, ainsi que le jour de la restauration solennelle de la vénération de saintes icônes du Seigneur Jésus-Christ, de la Sainte Mère de Dieu et de tous les saints. La persécution brutale des icônes et leurs admirateurs, chrétiens orthodoxes, par les empereurs iconoclastes grecs était en VIIIe et au début du IXe siècle ; la restauration de leur vénération était au dernier concile œcuménique sous la pieuse impératrice Théodora.
Mais notre orthodoxie ne consiste pas seulement à vénérer des icônes sacrées en esprit et en vérité. La vénération des saintes images est l'un de ses dogmes. L’orthodoxie de notre Église orientale consiste principalement à rester dans le droit-fil de l’enseignement chrétien énoncé dans l’Évangile, dans le livre des Actes des Apôtres et dans leurs messages inspirés de Dieu - l'enseignement expliqué et entériné aux conciles œcuméniques et locaux qui avaient lieu jusqu’au IXe siècle inclus.
Au premier concile œcuménique de Nicée en 325 après Jésus-Christ, par la volonté et la puissance de l'Esprit Saint Donateur de vie, les 318 saints pères ont déterminé explicitement et obligatoirement pour tous les chrétiens de tous les siècles, la doctrine exacte de la foi orthodoxe, appelée le Credo (modèle), qui commence par les mots : Je crois en seul Dieu, Père tout-puissant. Il est lu ou chanté à chaque fois lors de la liturgie. Vous êtes tous, frères et sœurs, obligés de le connaître et bien garder en mémoire et dans la compréhension du cœur. Sous forme abrégée, il était composé par les apôtres porteurs d'esprit. L'apôtre Paul écrivit à son disciple Timothée : « Tiens ferme au modèle (le Credo) de la saine doctrine que tu avais entendu de moi, avec foi et amour en Jésus-Christ ». Pourquoi l'apôtre a-t-il ajouté les mots : avec foi et amour ? Pour montrer que seule une saine doctrine ne suffit pas s'il n'y a pas de foi sincère et d'amour pour Dieu et pour le prochain dans le cœur. On peut avoir un modèle de la saine doctrine de la foi dans l'esprit et dans la mémoire, mais s'il n'y a pas de foi ferme et d'amour sincère pour Dieu et pour le prochain dans le cœur, alors vaine est cette froide connaissance : car les démons eux aussi savent bien notre foi.
La doctrine du concile de Nicée fut complétée au 2e concile de Constantinople et au 3e concile d’Éphèse. Le 2e concile énonça, de manière claire et précise, l'enseignement juste sur le Saint-Esprit, la troisième personne de la Sainte Trinité : Je crois au Saint-Esprit, Seigneur, qui donne la vie, qui procède du Père (et non pas « et du Fils »). 1
Ainsi, pour le salut de nos âmes, il ne suffit pas de professer la foi juste, vénérer les saintes icônes, participer à l’office divin, etc., mais il doit y avoir avec elle la bonne, juste vie chrétienne : la simplicité et la pureté du cœur, la justesse de l'esprit ; rénove le juste esprit à mon sein (psaume 50, 12), sans permettre aucune ruse ni mensonge par rapport à Dieu et au prochain ; la pénitence sincère, la douceur, l'humilité, comme dit le Seigneur : apprenez de moi, car Je suis doux et humble de cœur (Mt. 11, 29), l'amour sincère à tous, même aux ennemis, la miséricorde, l'obéissance, la patience et l'abnégation : acquérez vos âmes dans votre patience (Lc. 21, 19). Qui veut marcher après Moi, qu'il renonce à soi, prenne sa croix et me suive (Mt. 18. 24; Mc. 8,34; Lc. 9, 23).
Ce sont les alliances et les commandements du Seigneur et des apôtres ; quand nous les accomplissons selon nos forces, nous serons véritablement orthodoxes et pourrons parvenir aux biens éternels du royaume de Dieu, promis aux chrétiens.
Est-ce vraiment ainsi que nous croyons ? Est-ce que nous vivons ainsi, dans la simplicité du cœur, dans la bienveillance mutuelle, obéissance, abstinence, pureté et chasteté, avec la crainte de Dieu, dans la prière continuelle et la préparation à la vie future et au jugement dernier de Dieu où nous devons rendre compte de notre vie entière ?
Seule la foi juste est la base de la vie chrétienne appropriée. Sans la foi, il est impossible de plaire à Dieu (Hébr. 11: 6), dit la parole de Dieu ; mais seule la juste foi, sans les œuvres, est morte (Jacq. 2:20). Un désir de sainteté et de perfection est requis de tous. Soyez saints, car Je suis saint, le Seigneur votre Dieu (Lév. 19,2). Soyez parfaits, comme votre Père céleste est parfait (Mt. 5:48).
L'orthodoxie de notre foi comprend aussi l’enseignement selon lequel tous les chrétiens orthodoxes sont le corps du Christ, et les membres séparément ; que la Tête unique de l'Église orthodoxe est Jésus-Christ, et comme tous les chrétiens orthodoxes sont membres du corps du Christ, dont la Tête est Dieu Lui-même, cela exige de nous, à nous tous en tant que membres d'un seul corps, l’unité de pensée, l'amour mutuel, l'assistance mutuelle.
L'apôtre Paul dit : comme dans un corps, nous avons beaucoup de membres, mais tous les membres n’ont pas la même fonction ; en multitude, nous constituons un seul corps en Christ, et séparément sommes des membres les uns pour les autres (Rm. 12, 4 et 5). Si bien que, si un membre souffre, tous les membres en souffrent ; si un membre est glorieux, tous les membres se réjouissent avec lui (1 Cor. 12, 26). Par conséquent, nous devons assumer les chagrins les uns des autres, pour accomplir la loi du Christ (Gal. 6, 2).
Et la Russie, en tant qu'État orthodoxe, est un corps civil dont la tête unique est notre Empereur souverain ; en tant que membres d'un organisme vivant de l'état, nous devons partager ses peines et ses joies, sa gloire et son déshonneur, sa puissance et son affaiblissement, comme actuellement sous le poids de la guerre sans succès en cours [avec le Japon] - et nous devons non seulement compatir, mais aussi aider par tous les moyens, et surtout par la prière fervente et la bienveillance cordiale à notre mère Russie qui verse le sang de ses fils. Celui qui est un véritable fils de l'Église est un fils fidèle et bienveillant de la patrie ; celui qui ne reconnaît pas l'Église pour Mère, ne peut pas être un fils fidèle de la patrie, et - il ne reverra jamais sa patrie céleste, à laquelle l'Église nous prépare, comme les pèlerins et les étrangers terrestres.2
Pourquoi maintenant beaucoup de l'intelligentsia russe détestent la Russie et lui souhaitent du mal et se réjouissent de ses échecs ? C’est qu'ils ont rejeté l'enseignement de leur Mère Église, qui leur donna naissance par le baptême et les éleva avec son enseignement, son ministère et ses sacrements, qu'ils ont abandonnés. Ces piteux gens médiocres se sont éloignées de Dieu et de l'Église et ont adhéré à l’impiété et tous les vices qui corrompent l'homme jusqu'aux os et cerveau.
Je conclus mon discours avec les paroles de l'Apôtre : je vous supplie d’agir avec dignité de la vocation du chrétien, à laquelle vous êtes appelés, en toute humilité et douceur, avec longanimité, en compatissant les uns aux autres par l'amour, en essayant de préserver l'unité de l'esprit dans l’union de la paix. Un seul corps et un seul esprit, comme vous êtes appelés à une seule espérance de votre dignité ; un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de tous. Qui est par-dessus tous, via tous et en nous tous.
Il désigna les uns comme apôtres, d’autres comme prophètes, d’autres encore évangélistes, pasteurs et docteurs, pour élever les saints pour l'œuvre du ministère, pour l'édification du corps du Christ, tant que nous ne serons arrivés tous à l'unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à l'homme parfait, dans la mesure de l'âge complet du Christ ; que nous ne soyons plus des bébés qui chancellent et sont emportés par tous les vents de doctrine, par la ruse des hommes, par l'art malin de la séduction ; mais par le vrai amour rendions tout à Celui Qui est la Tête, le Christ, de Qui le corps entier composé et assemblé au moyen de tous les liens mutuellement solidarisant, en agissant sur chaque membre dans sa mesure, reçoit un accroissement pour l’édification de lui-même dans l'amour.
Par conséquent, je conjure au nom du Seigneur, d’abandonner le mode de vie d'autrefois de l’ancien homme qui se putréfie dans les convoitises séduisantes, mais de se renouveler dans l'esprit de votre intelligence et se revêtir du nouvel homme, créé selon Dieu dans la justesse et sainteté de la vérité. Par conséquent, écartant le mensonge, dites chacun la vérité à votre prochain ; car nous sommes membres les uns aux autres.
Ne laissez pas un mot pourri sortir de votre bouche, mais seulement ce qui est bon pour l'édification dans la foi, pour que cela puisse apporter de la grâce à ceux qui entendent. Et n'offensez pas le Saint-Esprit de Dieu ; que toute irritation, fureur, colère, méchanceté et clameur soient enlevés de vous ; mais soyez bons les uns aux autres, soyez compatissants, pardonnez les uns les autres, comme Dieu vous a pardonné en Christ (Éphésiens, chapitre 4). Amen.
Archiprêtre Jean Serguiev.
Texte original « Addition au bulletin de l’Église », 1905, № 12 (19 mars), p. 501-503.
Traduit par Olga (TdR)
1 Exposé de la foi orthodoxe en français avec le Credo, que j’ai trouvé sur le site de l’Église orthodoxe d’Estonie
2 Jean de Kronstadt parle du tsar et cela ne pouvait pas être autrement à l’époque. De nos jours, il y a assez de spéculations comme « il faut un tsar » ou au contraire, « il faut le socialisme ». Mais on a eu des tsars, ils étaient souvent tués, et le dernier abdiqua la couronne, et puis toute la famille fut livrée au meurtre rituel. Quant au socialisme, il a « soudainement » disparu. Tant que l’on reste dans la boîte judéo-maçonnique du satan, tout est faux.