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19/03/2016

 

«Big Brother» va surveiller le contingent des enfants au Tatarstan

Natalia Vasilyeva

 

Au Tatarstan, on va ouvrir un dossier pour chaque nouveau-né. Toutes les données personnelles seront mises au fichier électronique: le sexe, la citoyenneté, l'information sur les parents, les caractéristiques de la santé, les résultats scolaires... Les informations seront stockées dans le segment régional du système d'information fédéral de l'enregistrement des élèves «Contingent». Il est à être mis en œuvre cette année, pour pouvoir rapidement planifier le nombre nécessaire d'établissements préscolaires, d'écoles et de policliniques. Mais les experts de Kazan-Soir craignent que «Contingent» soit en fait un système de contrôle total sur la personne - de la naissance à la mort.

 

Selon le concept du système informatique  interministériel unifié, qui porte le nom parlant «Contingent», approuvé par le gouvernement russe en octobre 2014, son objectif officiel est d'améliorer l'efficacité des fonctionnaires, de recevoir à temps des informations sur les listes d'attente des jardins d'enfants et des écoles, pour la prévision du nombre d'étudiants, l'analyse de l'influence de l'éducation sur la santé des enfants ... Les responsables du projet sont le ministère des communications et le ministère de l'éducation et de la science de la Fédération de Russie.

 

Le système d'information «Contingent» comprend un segment  fédéral (le stockage  et le traitement centralisés du registre des données personnelles) et les segments régionaux (la collecte et l'intégration interministérielle de données). Le début de la collecte d'informations dans les régions est prévue pour l'année 2016.

 

Au Tatarstan, avancé dans les technologies de l'information, normalement claironnant haut et fort du lancement de tout projet informatique, on parle avec réserve de la création du système «Le contingent des élèves dans la République de Tatarstan» . En particulier, lors du conseil récent du ministère des communications la République de Tatarstan c'était dit en passant que les bureaux d'enregistrement de l'état civil (donc, de toutes les naissances) dussent s'intégrer d'urgence avec «Contingent», pour enregistrer les enfants jusqu'à 3 ans.

 

Comme on a expliqué à Kazan-Soir dans le ministère, Tatarstan n'avait pas un  système unifié d'enregistrement des enfants. Par exemple, on estimait la quantité et la qualité des enfants d'âge préscolaire seulement par la liste d'attente électronique dans les jardins d'enfants, qui, bien sûr, ne comprend pas tous les enfants. Tous les enfants ne vont forcément pas à la maternelle. En conséquence, dans les villes il y a une agitation «inattendue» lors de l'admission des élèves de première année. Un exemple récent est le scandale dans Almetyevsk où l'école №25 a  commencé à recruter secrètement la première classe un mois avant le début officiel, prévu pour le 1 février. Les parents des enfants restés en marge ont fait bruit, le directeur fut mis à l'amende pour le faux départ, le recrutement illégal fut annulé. Mais le problème du manque de places dans les premières classes dans le quartier en croissance est resté.

 

«Contingent» est destiné à prévenir un tel problème, disent les officiels.

 

- Le système intégrera toutes les données sur les enfants de la naissance à l'âge adulte. Dans un endroit seront agrégées des informations à partir du bureau de l'état civil, des municipalités et du système électronique de la république, edu.tatar.ru, qui couvre les écoliers, les élèves des établissements d'enseignement complémentaire et d'enseignement professionnel secondaire, - a expliqué  Yulia Garayeva, porte-parole du ministère des communications de la République de Tatarstan.


Quel sera le contenu du dossier d'un enfant? Nom, sexe, date et lieu de naissance, numéro d'un certificat de naissance, plus tard - la série et le numéro du passeport, l'adresse, numéro d'assurance du compte individuel, des informations sur la maternelle et l'école, l'information sur efficience scolaire, sur les réalisations et les récompenses, sur la formation ultérieure, ainsi que sur les parents ou représentants légaux des étudiants, jusqu'à leurs données de passeport.

 

Les experts de Kazan-Soir traitent de l'entreprise des autorités avec doute. Tout ça a la touche du contrôle total des citoyens de la part de l'état, selon Ludmila Riabitchenko, analyste et journaliste moscovite, président du mouvement social interrégional «Famille, amour, Patrie».

 

- «Big Brother» a inventé comment garder un oeil sur nous. En gros, «Contingent» est un système où, par le fait de la naissance de chaque résident, est immédiatement ouvert un fichier électronique avec un numéro individuel viager, dans lequel confluent absolument toutes les informations à son sujet jusqu'au moment de la mort. D'où vient une telle conclusion? Si vous lisez attentivement l'instruction de 69 pages attachée au projet, vous verrez que tout au long de la vie de l'enfant le dossier sera complété «d'autres informations» des tréfonds du ministère de la santé, du Service fédéral des impôts, du Service fédéral des migrations, de la Caisse de retraite, de ministère du travail, des services socials et d'autres ministères. Par exemple, le ministère de la santé doit apporter des informations sur le groupe de santé, le handicap, les vaccinations et les opérations... Les services d'emploi - sur l'emploi et les changements d'emploi. En d'autres termes, le système comprendra tous les cas de contact de l'homme avec les structures étatiques. Très pratique, et il n'est pas besoin de dépenser l'argent sur la sortie de cartes électroniques individuelles. Mais notre Constitution? Pourquoi le droit de citoyens sur l'inviolabilité de la vie privée, sur le secret personnel et familial, est piétiné?

 

Selon l'expert, le point alarmant du système informatique  «Contingent» est l'absence d'accès à son dossier pour un citoyen - alors il ne sera pas en mesure de contrôler l'exactitude et l'impartialité des informations sur soi-mêmes. Quel que soit le profil dressé par les fonctionnaires, vous avez à traîner avec cela à travers la vie. Par exemple, si le dossier de réalisations d'un enfant ne contient pas de réalisations spéciales et récompenses, il puisse être inscrit dans la catégorie «pas doués», ce qui fait penser à la division en castes.

 

- Le niveau de sécurité du système destiné à stocker les informations personnelles sur les citoyens russes inspire des craintes - dit Riabitchenko. - Pensez au récent scandale avec transmission de la base de données secrète sur les informateurs du service de contrôle des drogues. On vendait les listes électroniques avec les noms, photographies et adresses des informateurs sur internet et aux tunnels à piétons de Moscou. Les gens étaient menacés d'un grave danger... Aujourd'hui, les renseignements personnels représentent une marchandise. À l'Occident est connu «le vol d'identité», lorsque l'attaquant s'arroge toutes les données électroniques d'une autre personne, des comptes bancaires à l'assurance maladie. Et  commet un crime au nom du citoyen ignorant de tout.

 

Vladimir Beliaev, académicien de l'Académie des sciences politiques de Russie, professeur de l'Université nationale de recherche technique de Kazan, est contre le stockage de données personnelles mondial:

 

- Sinon, je le crains, il se trouvera que ce ne sommes pas nous qui regardons la télévision, mais le téléviseur qui nous regarde. Comme c'est le cas dans un certain nombre de pays développés, où on fixe même quels produits l'homme a acheté dans les supermarchés, auxquelles chaînes TV il est souscrit, pour surveiller les préférences alimentaires et culturelles de la population. À mon avis, des outils statistiques déjà disponibles sont suffisants à l'état aux fins de la planification.

 

Ndt -- le système est également mis en œuvre dans d'autres régions russes, comme on peut voir sur internet.

 

Traduit par Olga (TdR)

Article original Kazan-Soir