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25/11/2015

 

L'arme psycho-historique contre la Russie

 

L’extrait du rapport de l'historien A. Foursov au forum international «La russophobie et la guerre d'information contre la Russie»

 

Une conférence sur la russophobie dans notre situation est en retard au moins d'un quart de siècle. Je dis «notre situation»  me référant à ce qui suit. Les trois ou quatre dernières années ont démontré à tout le monde - à tout ceux qui ne sont pas aveugles, qui voient - que l'Occident restera un ennemi de la Russie indépendamment du régime politique que nous aurons; et voici que les militaires américains parlent déjà que les relations entre les États-Unis et la Russie resteront conflictuelles même après le départ de Poutine. Alors que la ministre de la défense allemande, mère de sept enfants, le 22 Juin de 2015 a déclaré qu'il fallait traiter la Russie d'une position de force. Apparemment, la date de la déclaration n'a pas été choisie par hasard. Mme la ministre a oublié comment la tentative de son compatriote et fondateur de la première Union Européenne de lancer le 22 Juin de 1941 la conversation avec la Russie d'une position de force a fini. Elle pourrait au moins plaindre ses enfants; le sort des enfants de Goebbels et le drapeau rouge sur le Reichstag oubliés? 

 

La conférence est tardive, cependant, mieux vaut tard que jamais, mais la perte de temps ou du rythme, comme les joueurs d'échecs diraient, est évidente. La clarté est toujours nécessaire, en particulier la clarté au regard des adversaires historiques, à parler franchement, les ennemis. L'affaiblissement et la soumission de la Russie, l'effacement de l'identité russe en tant qu’une nation formant l'état, dans le but de la prise de contrôle des ressources et de l'espace russes (l'importance et la valeur du dernier augmente avec la menace de la catastrophe géoclimatique) est un objectif de longue date des groupes dirigeants de l'Occident. Dans la forme systématique cet objectif a été formulé dans le dernier tiers du XVIe siècle dans les versions catholique (les Habsbourg) et protestante (Angleterre, John Dee).

 

Le désir de subjuguer le vaste territoire, détruire l'état le contrôlant, soumettre et briser le peuple constituant l'état était justifié par le caractère  prétendument hostile aux Européens de l'état et du peuple russes, par leur agressivité – imaginaire, bien sûr: «Tu es coupable déjà parce que j'ai faim».  Un accent particulier était mis sur l'altérité religieuse des Russes, leur orthodoxie. Jusqu'aux années 1820-s l'accentuation de l'altérité des Russie par rapport aux Européens de l'Ouest était principalement de nature religieuse, même s'il y avait une composante nationale, ou plus précisément, ethnique. Depuis les 1820-s la situation a changé: à la pointe de la guerre d'information et psychologique (psycho-historique) contre la Russie ont passé les composantes ethno-historique, nationale, culturelle et politique, formant la russophobie dans le sens strict. C'est là où la guerre psycho-historique de l'Occident contre la Russie commence pour tout de bon. C'est un changement qualitatif, mais avant que nous en parlions, il faut déterminer ce que l'on entend par les termes «la guerre psycho-historique»  et «la russophobie» .

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La guerre psycho-historique est un ensemble d'actions systématiques, ciblées et à long terme, ayant pour le but d'établir un contrôle sur la psychosphère de la société, principalement sur la psychosphère de son élite intellectuelle et de pouvoir, en  passant progressivement au-delà des groupes cibles primaires, d'effacer la psychosphère attaquée et en substituer par la sienne.

 

Les domaines principaux, ou «les fronts», pour mener la guerre psycho-historique sont: l'éducation, la science sociale, les médias (qu'on peut appeler les médias de publicité, de propagande et de désinformation), conçus pour les pauvres d'esprit, bavant de plaisir à la vue de crétins de salon qui discutent ce soi-disant «tout le monde parle» et le soir, en plaisantent.

 

Les médias de publicité, de propagande et de désinformation multinationales, associés formellement aux états, cherchent à dépeindre la Russie, son régime de pouvoir et celui qui le personnifie, presque comme un ennemi de l'humanité  numéro 1. «Le régime est criminel», «les Russes ont annexé la Crimée,» «la Russie mène une guerre contre l'Ukraine», «la Russie est à blâmer pour le Boeing  malaisien abattu», «la Russie s'est approprié les ressources de la Sibérie qu'elle n'est pas en mesure de mettre en œuvre», «en Russie on persécute les homosexuels» etc.

 

Il est clair qu’à la fin du XXe siècle le journalisme classique comme celui de TV a dégradé, étant devenu obsolète, se transformant de la profession en une occupation; il est également clair que l'homme de la rue occidental est un philistin indifférent et croit à ses médias de publicité, de propagande et de désinformation; il est clair que la cinquième colonne en Russie interprète son strip-tease principalement auprès des consommateurs étrangers,  travaillant en remboursement des pièces d'argent étrangères, des voyages à l'étranger, des récompenses; il est clair que d'argumenter avec eux est inutile. Et, néanmoins, je voudrais demander: si depuis 1991 à nos jours plus de guerres ont balayés le monde que depuis 1945/50 à 1991, si ces guerres ont été d'une manière ou d'autre attisées par l'Occident, en quoi cela peut-il concerner la Russie? Il n'y a aucune preuve que le Boeing fut abattu par les miliciens, par contre, il y a beaucoup de preuves que cela est fait par les Ukrainiens. En Russie il n'y a pas de loi sur la persécution de l'homo-sexualisme. Ce dernier (dans les yeux de beaucoup) non seulement n'est plus une perversion sexuelle, mais il est devenu quelque chose de beaucoup plus grand, à savoir une passe dans les cercles de l'élite et/ou quasi-élite, un signe d'appartenance: l'empressement de transgresser la nature biologique et les normes sociales traditionnelles est un signe de fidélité aux Maîtres du jeu mondial, un symbole de la volonté de tendre le cul, non seulement au sens figuré, mais littéralement (Où est la différence de l'abaissement dans la prison? le caractère volontaire? Où est la différence de léchage du cul au meneur d'une bande de babouins ? Le fait que ce sont les gens qui font ça? Sont-ils vraiment les gens?)

 

Derrière toutes les fausses accusations du dirigeants occidentaux contre la Russie, si les peler bien, se cache la crainte devant un seul pays non-occidental qui non seulement ne s'est couché pas sous l'Occident capitaliste comme une colonie ou semi-colonie, non seulement lui résistait avec succès, mais pendant quatre siècles lui infligeait les défaites, et à XXe siècle a créé un système mondial alternatif au capitalisme - l’anticapitalisme systémique. La Russie n'est pas l'Occident, mais en même temps, les Européens (les autres Européens) ont créé une culture européenne alternative à la culture occidentale et basée sur des valeurs russes. Quelqu'un a dit à juste titre que si les héros d'écrivains occidentaux de la première rangée (Balzac, Dickens, Zola) sont soucieux de l'argent et de la carrière, les héros des écrivains russes de la première rangée (Tolstoï, Dostoïevski) sont préoccupés du sens de la vie, des questions de morale. Russie - c'est l’Europe chrétienne autre que l'Occident, une autre Europe, qui s'est propagée sur l'ensemble de l'Eurasie du Nord et qui vit dans ses propres règles, et déjà pour cela désagréable et inacceptable pour l'Occident. D'où vient la russophobie agressive comme une arme importante psycho-historique dans la guerre contre la Russie.

 

Les niveaux principaux pour mener la guerre psycho-historique sont ceux d'information, conceptuel, métaphysique (du sens). Au niveau d'information, niveau primaire, s'effectue la  distorsion des faits; le niveau conceptuel est l'interprétation et le paquetage de l'information (des faits qui, dans l'interprétation erronée, se muent en faits faux) d'une certaine façon, en vue d'imposer à un objet cible une vision déterminée; le niveau métaphysique (sémantique) - c'est la haute voltige de la guerre psycho-historique où l'essentiel se passe: la destruction des sens caractéristiques de l'objet cible et leur remplacement par les sens étrangers, pour priver la «cible» de sa métaphysique et de sa volonté de résister.

 

Une des lignes passant par tous les trois niveaux est de créer l'une image négative de la «cible» et au programme maximum, l'introduire dans les groupes dominants de la société cible (l'auto-phobie, la haine du tout ce qui est sien, la haine pour eux-mêmes - et la sympathie à étranger). On essaie leur inspirer l'idée qu'ils soient censés presque siens, presque Européens/Américains aux yeux de l'Occident; ils n'ont que faire un petit effort pour se débarrasser de ce «presque» - sinon prendre la haine, au moins prendre le mépris pour son pays et le rendre à l'Occident, devenant une sorte d'intendants sous le régime d'occupation. Un des exemples de l'auto-phobie est la russophobie. Comme une idée, c'est l'inimitié (jusqu'à la haine) aux Russes en tant que tels, à leur type et expérience historiques, à leur porteurs - leur identité, l'histoire, les valeurs, type psychologique, état d'esprit, genre de vie. La russophobie comme une pratique est un ensemble d'actions (informationnels, économiques, politiques et autres), ayant pour le but la suppression de la nature russe comme un complexe psycho-historique. La russophobie comme une stratégie est un désir d'établir un contrôle sur les Russes en tant qu'une intégrité ethno-historique particulière formant un état, pour ensuite les anéantir, effacer de l'histoire, les dissoudre dans les autres peuples.

 

La mise en œuvre pratique de russophobie n'est pas si rare. Les nazis pendant la Grande guerre patriotique l'ont démontré massivement en forme extrême; de nos jours les autorités des pays Baltes et de l'Ukraine sympathisants des nazis, avec l'assentiment ou l'approbation de l'Union Européenne et des États-Unis, réalisent la russophobie dans la forme de la discrimination des Russes dans ces pays. Au niveau de la propagande la russophobie effrénée caractérise les actions des sphères politique et médiatique de l'Occident au cours des dernières années. Dans son acharnement ça dépasse la propagande antisoviétique et anticommuniste pendant la guerre froide; si on touchait les Russes alors, c'était plus indirectement, plus ou moins à mots couverts - on attaquait le communisme, le système soviétique, l'idéologie communiste.

 

Cependant, les marionnettistes et leurs  agents de service accompagnateurs étaient parfaitement conscients que la lutte est contre la Russie, soit celle soviétique. Zbigniew Brzezinski s'est prononcé à ce sujet ouvertement et clairement dans les années 1990 dans son interview au magazine parisien Le Nouvel Observateur. Interrogé sur la lutte de l'Occident et en particulier des États-Unis contre le communisme, Brzezinski a répondu dans le sens qu'il ne fallait pas faire illusions: l'Occident «ne combat pas le communisme, mais la Russie, peu importe comment elle s'appelle». Il est significatif que Yakovlev, un des «directeurs de la perestroïka», a parfaitement appris cette approche de ses maîtres: dans une interview il a déclaré qu'avec la perestroïka, ses agents abattaient non seulement l'Union Soviétique, mais l'ensemble du modèle millénaire de l'histoire russe. Dans les deux cas (Brzezinski et Yakovlev) nous traitons la russophobie dans sa mise en œuvre.

 

Il est important de noter que soviéto-phobie n'est qu'une forme voilée de la russophobie. Bien que les détracteurs du passé soviétique s'efforcent de justifier leur position par le patriotisme russe, l'orthodoxie, la grandeur de l'Empire de Russie opposée à l'Union Soviétique comme quelque chose de positif (le complexe de la monarchie, la révolution du février de 1917, de la Garde blanche comme la positivité de l'histoire du pays), le rejet du stalinisme et ainsi de suite, en fait leur dénigrement est d'un caractère russophobe. L'Union Soviétique est à bien des égards le pic du développement de la civilisation russe: c'est un véritable moderne russe, le développement réel, une phase mondiale de l'histoire de Russie; enfin, c'est un seul système social dans l'histoire, basé sur la valeur centrale de Russie - la justice sociale.

 

Les ennemis de la Russie, les russophobes à l'étranger et en Russie, le comprennent parfaitement: la campagne de soviéto-phobie, la détraction du passé soviétique, des réalisations soviétiques, des victoires soviétiques, est un coup sur la Russie, sur le «siècle court» russe (1917-1991), qui a prouvé la solidité historique, le triomphe de la nature russe dans sa forme soviétique. Ce n'est pas par hasard que la communauté des experts soviétologues a joué un rôle important dans le développement de la russophobie à l'Occident et en particulier aux États-Unis. Beaucoup de ses représentants ont travaillé à différents moments dans les diverses administrations américaines. Parmi ces gens il y avait assez d'immigrants en provenance d'Europe de l'Est et leurs descendants - les Polonais, les Tchèques, les Juifs, les Ukrainiens, les Roumains, etc. En règle générale, tous, soit Zbigniew Brzezinski, Paula Dobriansky (la fille d'un collaborant de Bandera qui se produisait dans l'administration de Bush junior), Wolfowitz ou  Perle - leur nom est légion - détestaient l'Union Soviétique comme une forme puissante de la Russie historique. L'empreinte de cette haine gisait sur les études soviétologiques - pas sur toutes les études, bien sûr, il y avait quand même beaucoup de travaux sérieux et intéressants, et parmi les immigrants en provenance d'Europe de l'Ouest tous n'étaient pas les ennemis de l'Union Soviétique ou la Russie. Mais... il y avait la tendance.

 

Avec l'effondrement de l'URSS ils semblaient avoir rester sans travail, mais ils se sont rapidement recyclé des «kremlinologues» en spécialistes du Kremlin post-soviétiques. La haine persistait, maintenant sans besoin de se cacher dans les vêtements anticommunistes. Avec chaque nouvelle administration après Bush père ces experts devenaient de plus en plus nombreux, leur activité augmentait et a atteint son apogée au cours de l'hystérie anti-Poutine; de nombreuses «bévues» en haut des États-Unis contre la Russie devraient être attribuées à cette image que créait le segment russophobe de la communauté des experts. Le problème est que ce public russophobe est toujours pris au sérieux, en tant que scientifiques, alors qu'en fait, ce sont des agents ordinaires de la guerre de l'information (indépendamment de la nationalité - soit-ce Fiona Hill ou Lilia Shevtsova) ; les joindre dans des discussions purement scientifiques afin de trouver la vérité serait au moins stupide. Le but de l'ennemi n'est pas la recherche de la vérité, mais porter préjudice à la Russie: dans ce cas-là, dans la guerre psycho-historique d'information. Et si russophobes antérieures se déguisaient dans la toge d'anticommunistes, maintenant ils portent l'affublement des «critiques du régime de Poutine» et des «combattants pour la véritable démocratie en Russie». Quel est ce genre de «démocratie», nous l'avons vu en 1993, 1996 et 1998. La démocratie avec le visage de Eltsine-Gaïdar-Tchoubaïs? Non, merci. La russophobie ne change que sa forme, l'essence reste la même et n'a pas sensiblement changé depuis les années 1820.

 

C'est dans cette décennie que la russophobie comme l'arme de base des sommets occidentaux dans la guerre psycho-historique «contre la Russie, peu importe la façon dont s'appelle», fut lancée. Le temps du lancement n'a pas été choisi par hasard: la Russie alors est devenue un ennemi mortel des trois forces qui avaient organisé la révolution française de 1789-1799 ans (ou avaient activement contribué à son émergence et le développement) et qui ont commencé à construire son nouvel ordre mondial immédiatement après l'achèvement de sa «version d'exportation» - les guerres napoléoniennes.

 

Premièrement, c'est le Royaume-Uni qui disputait avec la France l'hégémonie dans le système capitaliste mondial et a remporté une victoire au premier chef par les forces de la Russie. En raison de la victoire sur Napoléon, l'ayant transformée en une forte puissance continentale, elle est devenue l'ennemi №1 aux yeux des britanniques.

 

Deuxièmement, c'est le capital financier européen relativement nouveau, qui a pris son vol juste au cours de la Révolution française et des guerres napoléoniennes - en raison de ces phénomènes. Nous parlons surtout les Rothschild, qui déjà en 1818 dictaient sa volonté aux grandes puissances d'Europe occidentale (Allemagne, Autriche, Prusse, France) - mais pas à la Russie. Immédiatement après la défaite de Napoléon, les Rothschild (dans les intérêts financiers), aussi bien que les francs-maçons et les Illuminati, ont commencé à parler de quelque chose de semblable à un gouvernement mondial , et le 1818 a clairement démontré leurs revendications. Les Rothschild ont été soutenus par d'autres banquiers - britanniques et suisses. Cependant, la Russie embarrassaient la mise en œuvre de ces plans - d'abord sous Alexandre Ier, puis Nicolas Ier - concernant les plans non seulement politiques, mais aussi économiques: les tsars russes n'autorisaient pas au capital financier occidental se déployer dans toute sa largeur en Russie, le limitant.

 

Dans les années 1820-1840 commence l'opposition des Rothschild - une force de frappe du capital occidental (essentiellement juif) - et des Romanov, c'est-à-dire, de la Russie de ce temps-là, son régime au pouvoir. Fait révélateur, lorsque les émissaires d'Alexandre II et d'Alexandre III ont essayé de traiter la paix avec les Rothschild (voulant que ces derniers cessassent de sponsoriser le mouvement antigouvernemental en Russie en 1870-1890-s), ils ont reçu la réponse que pour les Rothschild, la paix avec les Romanov était impossible. Il va sans dire que les Rothschild sont les alliés (et sponsors) principaux de la Couronne britannique, aussi bien que d'une certaine partie de l'establishment britannique, pas seulement juive. Il va sans dire que dans son hostilité à la Russie, ils ont coïncidé avec le Royaume-Uni comme un état.

 

Troisièmement, la fin du XVIII - première moitié du XIX siècle c'est la période d'activation forte de la maçonnerie européenne, cette forme historiquement première des structures supranationales fermées pour l'harmonisation et la gestion mondiale. «L'ère des révolutions» (E. Hobsbaum) des années 1789-1848 a été largement l'ère des révolutions maçonniques - dans le sens que ces dernières se déroulaient sous les slogans maçonniques «liberté, égalité, fraternité». Les francs-maçons étaient la principale des forces de base qui guidaient et supervisaient les révolutions, qui utilisaient les vraies contradictions structurelles de l'ancien ordre pour les tourner en contradictions systémiques. Les structures maçonniques représentaient une forme déguisée d'organisation politique de la bourgeoisie, en procurant - «par des liens fraternels» - des formes organisationnelles de collusion et compromis avec une partie de l'aristocratie. Enfin, les francs-maçons (ou leurs représentants) se trouvaient souvent à la tête des États post-révolutionnaires - la franc-maçonnerie a adopté une forme étatique comme un ensemble fermé des structures supranationales de coordination et de gestion.

 

C'est pendant cette «ère des révolutions» qu'a fortement augmenté l'expansion pratiquement libre de la franc-maçonnerie en Europe - à nouveau, à l'exception de la Russie. Ici, malgré le nombre croissant de loges maçonniques, ils se sont heurtés à la puissance de l'autocratie russe. Inutile de dire que l'autocratie russe (surtout pendant le règne de Nicolas I) est devenu un ennemi mortel de la franc-maçonnerie, qui s’est ancrée solidement à la tête d'un certain nombre de pays européens. Pratiquement toutes les loges d'Europe continentale ont été contrôlés par les Britanniques - par les loges britanniques insulaires, étroitement liées à l'establishment britannique et la «haute finance». Dans son hostilité à la Russie ils ont coïncidé, créant ainsi une seule alliance anti-russe, une sorte d'une guivre russophobe à trois têtes.

 

Chaque «tête» dans la lutte avec la Russie poursuivait ses objectifs. Le Royaume-Uni cherchait à affaiblir considérablement la Russie pour prévenir l'apparition ou l'existence d'une force  prédominante continentale, de plus, capable en raison de sa position de le contester à l'Est. Les financiers cherchaient à mettre la Russie et ses autorités sous le contrôle financier pour faire leurs mega-bénéfices. Les maçons visaient la destruction de l'autocratie et son remplacement par une  République soumise aux loges européennes «fraternelles», qui serait certainement plus faible que la monarchie autocratique. Et ça n'a pas manqué après le coup de février de 1917, dans laquelle les intérêts de la guivre occidentale coïncidaient avec les intérêts de certains groupes en Russie utilisés discrètement par l'Occident. Toutefois, le février de 1917 fut le résultat d'un long chemin, presque séculaire, sur laquelle les adversaires de la Russie - l'union du Royaume-Uni et des forces économiques et politiques supranationales de l'Occident - s'est engagé dans les années 1820-s. Pour saper la Russie, tous les membres de l'union utilisaient les uns les autres: le Royaume-Uni - les financiers et les francs-maçons, les financiers - les maçons et le Royaume-Uni, les maçons - le Royaume-Uni et le capital financier.

 

En fait, ces participants ne représentaient pas une somme, mais un ensemble, un système politique et économique unique, qui s'est formé en grande partie pour la lutte contre la Russie, au cours de la lutte contre la Russie et pour le partage des fruits de la victoire de cette lutte. La victoire en question exigeait une guerre - une guerre contre le vainqueur de Napoléon. Les préparatifs pour une telle guerre, à son tour, impliquaient le traitement psycho-historique (principalement) d'information des élites intellectuelles et du pouvoir, à la fois en Europe et en Russie elle-même. La russophobie conçue et lancée dans les années 1820 fut un moyen de ce traitement. Pendant les années 1830-1840-s la russophobie a préparée à la guerre, moralement et politiquement, toute une génération d'Européens. Les Européens avec des vues politiques fondamentalement différentes ont commencé à manifester des signes de la russophobie: les quasi-libéraux  (Disraeli), arhi-conservsteurs (archevêque de Paris), les ultra-revolutionnaires (Marx). La leçon des 25 ans qui précédaient la première guerre globalement occidentale contre la Russie - la guerre de Crimée - est simple: la guerre de l'information, toutes choses égales d'ailleurs, prépare toujours pour la guerre conventionnelle (même si celle-ci pour une raison quelconque et n'ait pas eu lieu, c'est une autre question).

 

En 1820-1830-s la russophobie commence à pénétrer en Russie elle-même et se répandre parmi une certaine partie des élites intellectuelles et de pouvoir. La vie de 20-25% de la classe dirigeante de la Russie conformément au niveau occidental exigeait l'exploitation de la population de plus en plus forte. M.O. Menchikov a appelé le XIX siècle «le siècle du déclin d'abord progressif et à la fin rapide et alarmante de la richesse nationale en Russie. Nos gens souffrent de malnutrition chronique et tendent à dégénérer, tout cela dans le but de maintenir l'éclat de l'européisme et permettre une petite couche de capitalistes marcher au pas avec l'Europe».

 

Il est important que l'objet de russophobie était non seulement le peuple russe, la culture russe et ainsi de suite, mais - dans de nombreux cas - et l'État russe, le pouvoir autocratique. Le fait est que le centre autocratique limitait, en partie dans ses propres intérêts, les appétits de l'élite russe pour l'exploitation et devenait donc aussi la cible de la critique russophobe comme «le despotisme asiatique», «le système de la tyrannie», etc. Dans cette approche, une partie de l'élite et du capital russe coïncidait dans sa russophobie avec les adversaires occidentaux de la Russie - tant les états (le Royaume-Uni, la France) que supranationaux (la maçonnerie). Les russophobes sont caractérisées par l'hostilité et la haine envers le peuple russe et le pouvoir russe - et plus ce pouvoir est fort et indépendant par rapport à l'Occident, plus il prend en compte les intérêts du peuple, de l'ensemble social, plus la haine est forte, plus la russophobie est féroce. L'un des principaux motifs de la haine des antisoviétiques envers le pouvoir des Soviets était qu'ils le percevaient comme le pouvoir du peuple, ou au moins comme un pouvoir qui plus ou moins protégeait les intérêts du peuple, ne permettant pas aux prédateurs éventuels de s'en donner. Leur  rictus féroce s'est manifesté dans les années 1990-s et plus tard au cours des dernières années, exprimé en termes de «vatnik» (ouatiné), «chaussettes russes» etc. Ainsi, la russophobie est un phénomène autant et même plus de classe que socio-culturel et de civilisation. C'est-à-dire, le phénomène de civilisation dans la forme, et de classe (et géopolitique) dans le fond. Il faut bien le retenir toujours.

 

Andreï Foursov

 

A. I. Foursov est directeur du Centre d'études russes de l'Université de Moscou pour les sciences humaines, directeur de l'Institut de l'analyse stratégique, académicien de l'Académie internationale des sciences (Innsbruck, Autriche)

 

Source 

Traduit par Olga (TdR)